t'es au bord du gouffre, constamment. toujours sur le fil, toujours à mi-chemin entre la folie douce et le fond du puit. pas de demi-mesure avec toi. c'est soit tout blanc, soit tout noir, jamais gris. tu passes par des phases d'apathie qui durent des heures, des jours entiers, durant lesquels tu restes prostrée. puis soudain, tu ne tiens plus en place et tu refais la décoration de l'appartement, déplaçant le salon dans ta chambre et inversement. bipolaire non diagnostiquée, tu erres dans les dispensaire au rythme fluctuant de tes hallucinations et de tes crises de dépression, où les médecins t'ignorent ou te renvoient chez toi avec une ordonnance d'aspirine + depuis ton enfance à belfast, dans les quartiers catholiques, au milieu des troubles entre les républicains et les unionistes, depuis que tes grands frères te l'ont appris, tu sais manier une arme, et pas des moindres. une arme à feu, légère, utile tant en corps à corps qu'en combat éloigné. l'arme idéale, en somme. seulement, tu n'aurais jamais cru que ce que t'apprenais tes frères pour te défendre contre les unionistes te servirait un jour à tuer des gens, toujours sous les ordres de l'ira. décidément, elle ne te lâche pas, la salope + au fil du temps, tu as fini par te rendre compte que l'aspirine n'était pas vraiment efficace pour ton cas, tu as donc décidé de prendre les choses en main, et de te procurer un autre genre de médicaments, sans ordonnance du médecin. bien sûr, ils ne sont pas remboursés et coûte un peu plus cher que le tube d'aspirine que tu achètes à la petite pharmacie du coin. de fait, tu prends divers drogues, de la simple beuh jusqu'à l'héroïne, bien que cette dernière soit plus rare -mais non moins présente-.