« Mademoiselle… ? » « Raquel » L’homme hocha la tête, nota et reprit :
« Mademoiselle Raquel » Elle l’interrompit :
« Non, juste Raquel » Elle sourit et l’homme céda.
« Bien, je vous rappelle, Raquel, que vous êtes ici pour me raconter votre histoire dans le cadre de l’affaire concernant la communauté de Panama dans laquelle vous êtes née et avez grandi » La jeune femme se tortilla sur sa chaise et hocha la tête avant de regarder ailleurs. Ses yeux noirs errèrent sur ce bureau, beaucoup plus fourni, beaucoup plus extravagant que celui où Elijah travaillait. Même Simeon n’en n’avait pas un comme ça, c’était plus simple à Panama, même le chef ne faisait pas dans l’exhibition. Elle ne se sentait pas à sa place, pas correctement vêtue par rapport à tous ces hommes et ces femmes qu’elle avait croisée avant d’arriver chez Maitre McKensie.
« Comme vous le savez » reprit l’homme au visage un peu distant.
« Cette entrevue me permettra de monter un dossier contre cette communauté et bien évidemment, tous ce que vous ne voulez pas voir apparaitre dans le dossier n’y apparaitra pas, néanmoins sachez que plus vous m’en dites, plus nous aurons de chances de faire en sorte que ces histoires cessent. » Il appuya ses propos d’un regard entendu et gênée, elle hocha la tête encore une fois. Elle s’était préparée à cette conversation, elle allait tout dire et ne pas s’occuper de la culpabilité, de ce sentiment de trahison qu’elle avait à l’égard de ceux qui avaient été autrefois sa famille.
« Bien, parlez-moi de votre enfance » Elle se redressa et inspira profondément.
« Je suis née dans la communauté et mon enfance fut heureuse. J’avais une mère, un père et nombre de frères et sœurs. Il y avait d’autres mamans bien sûr, mais la règle est que chacune s’occupe de leurs enfants et laissent les autres mères faire l’éducation des leurs. Le père est toujours unique dans une famille et il arrive parfois que la famille compte quatre épouses. Les enfants sont scolarisés, éduquer selon les règles ordonnées par la communauté. » Hésitation.
« Il arrivait parfois que des enfants de l’extérieur arrivaient chez nous. On nous disait qu’ils avaient été trouvés, abandonnés dans la forêt. » L’avocat la regarda, pensif. Il remplit son calepin et l’invita à poursuivre
« Vous avez précédemment mentionné un rite de passage pour les jeunes femmes » La jeune femme hocha la tête et répondit, tout naturellement
« Oui, c’est cela. A quinze ans, nous allions chez Simeon notre chef, c’est lui qui nous fait passer le rite. Nous n’étions femme que quand nous étions passée par lui » Il fronça les sourcils devant l’assurance de la jeune femme devant lui.
« Et cela consistait à quoi, ce rite ? » Elle eut un sourire timide mais continua, sans gêne dans la voix.
« Eh bien nous passions la nuit dans sa chambre et nous faisait l’amour pour nous préparer au devoir conjugal, il nous disait que c’était nécessaire d’être ainsi purifiée avant d’être donnée à notre futur époux. » L’homme resta de marbre, ne voulant pas paniquer la jeune femme avec plus de questions, il nota et enchaina.
« Vous vous êtes donc mariée, c’est cela ? » Nouveau hochement de tête.
« Oui, je me suis mariée à dix-sept ans, avec Elijah. » A l’évocation de son prénom, ses yeux se voilèrent un instant. L’avocat attendit, se demandant s’il devait lui demander si tout allait bien.
« Des enfants ? » Signe de négation, elle s’était déjà reprise et lui offrait un regard triste mais pas malheureux, elle avait accepté depuis longtemps.
« Non, je suis stérile. Ce qui valut mon statut de femme libre, en quelque sorte. Ne pouvant avoir d’enfant, je pouvais satisfaire d’autres hommes sans risquer de leur donner une descendance. Il était interdit de faire des enfants avec la femme d’un autre homme. » Un peu surpris, il ne put s’empêcher de lui demander :
« Vous aviez donc des amants ? » Petit sourire contrit.
« J’allais là où mon mari me demandait et m’autorisait à aller. » Un peu amère, elle n’avoua pas qu’elle avait cherché à rendre jaloux son mari en sollicitant de coucher dans le lit d’autres hommes. Mentant parfois pour se retrouver dans le lit d’hommes qu’Elijah n’aimait pas. Mais Elijah avait déjà pris une deuxième femme, qui lui donnait des enfants, elle. Ses tentatives restèrent vaines et elle se contenta d’apprendre son métier avec acharnement.
« Un métier ? » Le plus beau du monde.
« A dix-neuf ans, je devins la sage-femme de la communauté, j’étais très douée, je le suis toujours d’ailleurs… Je me demande qui me remplace aujourd’hui… » Elle devint songeuse, distraite de la conversation qu’elle avait avec l’avocat. Elle n’avait formé personne avant son départ, enfin, ce n’est pas comme si elle l’avait prémédité de longue date.
« … et donc suite à cette rencontre, vous avez commencé à douter des vérités que vous donnaient votre chef, n’est-ce pas ? » Elle cligna des yeux.
« Pardon ? » « L’arrivée du groupe de randonneurs, ce sont ces gens qui ont remis en doute vos vérités absolues, c’est cela ? » Elle rougit un peu à ce souvenir. Elle se souvenait comment ces gens l’avaient impressionnés par leur culture et leurs gadgets. Leurs portables étaient à plat, ils avaient besoin d’un endroit pour passer la nuit en attendant qu’une voiture vienne les chercher. Elle n’avait aucune idée à l’époque de ce qu’était une voiture, encore moins d’un téléphone portable.
« Oui, leur arrivée à bouleversé notre… ma vision du monde. C’est à partir de ce jour-là que j’ai eu envie de partir. » Il hocha la tête, toujours à griffonner sur son carnet.
« Mais quand j’ai demandé à partir avec eux, notre chef a refusé immédiatement et a demandé à mon mari de me garder à la maison le temps que ces mauvaises pensées me quittent. » Mais jamais elles ne quittèrent ses pensées. Elle prit juste sur elle, pendant deux ans, pour que les choses se tassent avant qu’elle n’ose fuir, réellement.
« Cela m’a pris deux ans avant de réussir à m’en aller » Il hocha la tête l’invitant à expliquer pourquoi.
« Dans la communauté, s’en aller était inenvisageable, j’ai mis beaucoup de temps à regagner leur confiance pour qu’ils acceptent de me laisser m’éloigner seule du village. Quand j’ai enfin pu obtenir cette autorisation, je suis partie, sans rien emmener. J’avais juste un numéro, l’un des randonneurs me l’avait glissé avant de partir. Et donc, je suis partie à pieds et j’ai téléphoné dès que j’ai pu. Il m’a mise à l’abri, le temps que le gouvernement vienne me chercher et m’envoie ici, à Londres. » L’homme posa son calepin et la regarda.
« Vous mettant ainsi à l’abri des représailles de votre communauté en échange de votre témoignage. » Elle hocha la tête, avec toujours cette impression au creux de son être, cette désagréable impression de trahir les siens, ceux qui l’avaient élevé, éduquer, aimé en quelque sorte. Mais elle ne devait pas oublier aussi qu’ils lui avaient menti et que si elle était ici, c’était pour aider les personnes qu’elle avait laissé là-bas, qu’elle aimait toujours, à ouvrir les yeux et à s’ouvrir au monde.
L’avocat lui posa d’autres questions, entrant plus en détail dans sa vie, notant toutes les choses qui pourraient « renforcer le dossier » mettant à nu sa vie, cherchant les détails les plus sordides de son existence. Et la jeune femme répondit à chacune des questions sans aucune gêne, alors que son interlocuteur semblait de plus en plus choqué par les mœurs de la communauté. Elle ne comprenait pas sa gêne, tout cela était normal pour elle. La séance se clôtura après deux heures d’interrogatoire qui la laissèrent fatiguée. Juste avant de la laisser, l’avocat lui remit un dossier, il contenait papiers, permis et toute la documentation nécessaire pour légaliser son existence sur le territoire anglais.
« A présent, Raquel, vous ne devez plus jamais parler de votre passé, vous ne devez plus l’évoquer et ne jamais dire d’où vous venez. Il en va de votre sécurité. Dès à présent, vous vous appelez Shade Rehani Araye, vos parents étaient des immigrés indiens, ils sont morts depuis quelques années et vous n’avez plus de famille. Vous êtes une citoyenne londonienne, sage-femme à l’hôpital de la ville. Le gouvernement va s’occuper de vous, nous allons vous protéger à présent, comptez sur nous… » +
FONDAMENTALEMENT, TU ES PLUTÔT GENTIL OU MÉCHANT ? Fondamentalement « gentil ». Très « gentil ». Agneau même. L’appât parfait. Naïve, crédule, innocente encore.
Une diversion de choix. +
ES-TU HEUREUX DANS TON MÉTIER ? Quoi de plus beau au monde que de mettre un enfant au monde, même si ce n’est pas le sien. Voir le sourire des parents après l’accouchement, leur bonheur et se dire que l’on a contribué à donner la vie, cette vie.
C’est bénéfique et bon pour l’âme.+
POURQUOI ES-TU UNE PERSONNE AGRÉABLE ? Une tendance excessive à l’écoute, à la bienveillance, à l’amour. Tout le monde a droit à sa seconde chance, peu importe le passé, le présent. Dans le fond, les gens ne sont pas tous si mauvais, n’est-ce pas ? Une tendance à la naïveté, à une innocence non feinte qui surprend. Dotée d’une grande honnêteté et d’un sourire à toute épreuve, elle encourage et soutient plutôt que de juger. Douée pour la parole, médiatrice, elle a facile à faire parler les gens. Une femme étonnamment simple et surprenante.
Un adorable petit bout de femme, charmante, charmeuse, cachant parfaitement aux autres ses petits malheurs, non pas par méfiance, mais pour les préserver, eux, les autres. +
ET QUELS SONT TES POINTS FAIBLES ? L’innocence a un prix. La naïveté n’est pas seulement un trait de caractère touchant. Influençable et crédule, elle est une proie facile pour ceux qui souhaiteraient se servir d’elle. Ne la pensez pas si bête pour autant, elle sait se défendre… mais uniquement quand on s’en prend aux autres, et le pire est quand on s’en prend à elle, sa vie et son passé. Secrète, elle se braque immédiatement quand on lui pose trop de question. Hargneuse, elle peut s’emporter très vite. Solitaire, elle tente de ne pas faire rentrer trop de gens dans sa vie, elle ne veut pas qu’ils sachent d’où elle vient vraiment. Bien piètre menteuse, elle dut apprendre l’art des demi-vérités. Ses points faibles : sa naïveté, son ignorance et son passé.
Mais méfiez-vous de l’eau qui dort, il est facile de l’utiliser mais les faux pas existent et elle le remarquera très vite.+
PLUTÔT OPTIMISTE OU PESSIMISTE ? Définitivement optimiste. Le soleil brillera sans doute demain, son histoire sera bientôt classée, l’homme hors d’état de nuire et elle pourra alors découvrir le monde autrement qu’enfermé dans cette ville un peu trop peuplée.
Et puis tout le monde a droit à sa seconde chance…+
TON OBJET FÉTICHE ? Ce collier vaudou dont elle ne se sépare jamais, censé la protéger des mauvais esprits et des mauvaises rencontres.
Avoir la foi.+
PARLE MOI DE TES PENCHANTS AMOUREUX ET DE TA SITUATION ACTUELLE ? Un amour pour le corps de l’homme, mais aussi pour les formes de la femme. Un apprentissage qu’elle finit par aimer réellement. Bien qu’elle se sent plus attirée par une stature puissante et sécurisante plutôt que par la menue silhouette qu’elle se sentirait plus de protéger, elle. Son statut matrimonial est officiellement célibataire, mais son mariage dans la communauté semble compter quelque part, bien qu’ici, à Londres, elle ne se sent pas relier à l’homme qu’elle épousa autrefois.
Nous nous sommes dit oui, mais que cela vaut-il aujourd’hui dans ce monde ?+
ET TON PLUS GRAND RÊVE ? Elle rêve du monde et de ses limites, elle souhaite l’approcher tout entier, le découvrir et le comprendre. Trente ans d’isolement, trente années de perdues, elle a bien l’intention de pallier à ce manque et de connaitre le monde… Du moins, quand sa situation le lui permettra.
Il n’est pas bon encore de sortir de chez soi. +
ES-TU UN BON CITOYEN DE LONDRES ? Si vous tenez les comptes, allez voir ceux qui assurent sa protection, eux peuvent attester du comportement irréprochable de leur cliente.
»Nous sommes là pour assurer votre protection, disent-ils. »+
QUEL A ÉTÉ TON CHOIX DE VIE LE PLUS RÉUSSI ? La meilleure décision qu’elle prit fut celle qu’elle prit quand elle quitta la communauté. Elle était persuadée que l’extérieur était dangereux, pour découvrir que toutes ces histoires n’étaient que des mensonges, que le monde était immense et qu’il y avait tellement de choses à découvrir et que son peuple lui refusait l’accès.
On lui refusa le monde et elle décida de le prendre quand même.+
ET TA PLUS GROSSE DÉFAITE ? L’adaptation. Elle pensait s’accommoder plus vite que ça de cette ville surpeuplée, elle se trompait. Quelques mois qu’elle est ici et elle est toujours complètement perdue. Incapable de s’orienter, d’évoluer comme tout le monde, de se fondre dans la masse, … la claque fut douloureuse. Elle perd parfois patience, perd un peu la foi, puis se relève.
Car à ce stade, c’est s’adapter ou mourir.+
TA PIRE ADDICTION ? « Desperate Housewife » et « Grey’s Anatomy ». Elle ne connaissait pas la télévision, depuis, elle s’est prise de passion pour les histoires tortueuses de ces gens-là.
Ne pas la déranger pendant un épisode. 
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Bon courage pour la suite de ta fiche, et si t'as besoin de quoi que ce soit, j'suis là. 
bienvenue sur RFD sexy you, bon courage pour ta fiche 
!
mais comme t'écris trop parfaitement bien. comme ton personnage est génial. comme c'est original. comme j'adore. comme c'est fluide. comme c'est trop bien. comme il nous faut un lien. comme j'espère que je te recroiserais en rp. egoiergjio 