« Tu viens ce soir Perceval ? » Celui-ci sursauta en retirant ses lunettes, levant les yeux vers la personne venant de parler – un de ses collègues. Il bredouilla quelque chose – sous le regard devenant vite agacé de son vis-à-vis – avant de s'éclaircir la gorge en rougissant.
« Je suis désolé mais... mais faut que je... que je travaille sur... » « Ok. Une autre fois alors. » « Oui. Une autre fois... » Evidemment, cette autre fois n'arrivera jamais. Personne ne viendra le revoir. C'était toujours comme ça. Percy finit par se rasseoir à son bureau, après avoir regardé s'éloigner les autres qui déposèrent les clefs à l'entrée, en lui disant de bien fermer derrière lui. Il soupira lentement, faisant tourner entre ses doigts la petite merveille qu'il était en train de concevoir. Cela faisait bientôt... bientôt neuf ans qu'il était au Mi6 et, pourtant, il avait toujours l'impression que quelque chose clochait. Peut-être était-ce parce qu'il ne s'était pas fait d'amis ? Qu'il n'avait pas fait de rencontres extraordinaires comme il s'y attendait ? Il n'en savait trop rien. En tout cas il aimait être là. Depuis la mort de sa mère, quand il avait sept ans, il avait toujours eu l'impression d'être à cheval entre deux courants contraires. Complètement contraires, parfois. Mais maintenant... il était là où il devait être, et c'était suffisant. Oh, évidemment, il y avait les joies, les malheurs et les tristesses du Mi6 - mais il préférait cela mille fois à l'ennui continuel qu'il avait ressenti durant les dix-huit premières années de sa vie, l'ennui continuel d'avoir l'impression de ne pas être compris, d'être complètement à côté de la plaque, à côté des autres sans pouvoir les effleurer. Il avait toujours été différent, sa mère avait même été la première à le dire. Une grosse tête bien faite, qu'elle disait. C'était le cas. Il était un génie, certes, un génie malade, bon, d'accord. Et il avait la tête bien faite. Les têtes bien faites, ça réussit pas dans les quartiers craignos de Dublin ou les banlieues pauvres de Londres, ça, Perceval l'avait appris à ses dépens - et puis rien que son blase lui donnait un aller simple dans le cercle des
rejetés des autres gosses, Perceval Augustus Rockwood quoi, ça craint un max comme nom. Sa mère avait tout fait pour le convaincre qu'il n'était pas un monstre mais qu'il était
brillant. Pas différent dans le mauvais sens, au contraire. Juste... différent. Et la différence, c'est pas bien quand on vit là où les gens comme Perceval ont vécu, il aurait été le premier à le confier. Si l'héritage de docteur de sa mère aurait été suffisant pour habiter à Londres même, il avait refusé, comme elle l'aurait voulu, privilégiant ses futures (et prodigieuses) études. La mort de sa mère n'avait fait que tout empirer. Sa tante et son oncle était des gens plutôt gentils mais le fait que Percy ait refusé de leur laisser son argent les avait mis en rogne ; plus, aucune personne un peu simplette comme l'étaient la soeur et le beau-frère de sa feu mère n'aimait les petits génies je-sais-tout comme Perceval. A la moindre faute de syntaxe il était là, à la moindre erreur il vous reprenait. A croire qu'il traquait l'erreur avec une telle ferveur que, venant de quelqu'un d'autre que lui, elle lui était insupportable. C'était une autre des horribles raisons pour lesquelles Perceval Rockwood n'avait pas beaucoup d'amis. Mais il s'en fichait. Il avait ses carnets pour écrire, sa tête pour réfléchir, son regard pour découvrir. Et tout cela lui suffisait. Et c'était encore une autre des horribles raisons pour lesquelles Percy n'avait pas beaucoup d'amis. Il frissonna et la merveille de technologie qu'il avait entre les doigts tomba sur la table. Il jura sur sa maladresse avant de soupirer en se redressant, se passant une main dans les cheveux et quittant rapidement le bureau après avoir éteint les lumières, fermé les fenêtres et rangé ses affaires. Dans le métro, il se surprit à détailler les gens, leurs traits, leurs regards surtout. Il effleurait tant de vies. Parfois, sans vraiment le vouloir, il influait dessus. Mais jamais il ne rentrait complètement dedans. Il déposa par mécanisme quelques pennies dans le gobelet d'un sans-abri et rentra chez lui. Il déposa son sac dans l'entrée, essuya les verres de ses lunettes en regardant autour de lui. Appartemment purement impersonnel, tout semblait centré sur son boulot avec des écrans partout, quelques plans, des post-its dans tous les sens, de toutes les couleurs, un gros niveau de saleté et de bazar. Il s'assit à son plan de travail, juste à côté de la fenêtre par laquelle il pouvait voir la City qui s'élevait, immense et magnifique. Alors il se remit à travailler. Et il était toujours seul.
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POURQUOI AS-TU VOULU TRAVAILLER POUR LE Mi6 ? parce qu'il ne se voyait nulle part ailleurs. Parce que les gamins de quinze ans ressortissant de Cambridge, du King's College même, avec d'excellentes recommandations en double cursus Physique-Technologies ça ne coure pas les rues. Enfin, les gamins de dix-sept ans qui déposent déjà des brevets pour des gadgets ultra-performants d'espionnage industriel, eh bien, on les laisse pas filer comme ça. Pour toutes ces raisons. Et l'envie de servir l'Angleterre, sa Majesté, de faire quelque chose de
signifiant dans la vie... que demander de mieux ?
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QUELLES SONT TES RESPONSABILITÉS AU SEIN DU Mi6 ? percy travaille à la section Q du Mi6. Il peut aider dans la fillière informatique à cracker, hacker et programmer des logiciels même si, généralement, il reste en labo pour s'occuper des gadgets, sa passion. Il s'occupe tout autant des plans de réalisations et des concepts que de la construction et des tests (il est ravi d'être cobayes, les trois quarts du temps). Il se charge aussi de faire des sélections de gadgets suivant les ordres de mission des agents, pour les équiper au mieux.
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QU'APPORTES-TU AU Mi6 ? percy apporte au Mi6, tout simplement, son cerveau et son dévouement. Il ferait presque ce métier gratuitement, pour peu qu'on le laisse avec tant de moyens, tant d'objectifs et tant de choses à entreprendre. De plus, il adore Sa Majesté la Reine et, surtout, son pays d'adoption. On trouve rarement plus loyal et déterminé technicien avec tel salaire, croyez moi.
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ET QUELS SONT TES POINTS FAIBLES ? dans la théorie, Percy a vu tous les films de Bruce Willis, Bruce Lee, Rocky et navets du genre. Mais dans la pratique, il craint énormément aux arts du combat, autant à distance que rapprochés. De plus, il est très très crédule, ce qui peut s'avérer être un terrible défaut ; et il a tendance à voir que le bon côté chez les gens donc pour les agents doubles... ça devient compliqué pour lui.
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PLUTÔT INFORMATICIEN OU COMMERCIAL ? informaticien, évidemment. C'est un gros bouffeur de code, en plus. Sauf si il faut parler une autre langue : dans ce cas, Percy est votre homme.
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TON OBJET FÉTICHE ? l'objet fétiche de Percy est un dé faussé qui tombe toujours sur la face quatre. Il en joue nerveusement aux réunions ou en état d'intense réflexion.
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PARLE MOI DE TES PENCHANTS AMOUREUX ET DE TA SITUATION ACTUELLE ? euh... sérieux ? Cette question à Perceval ? Il est célibataire (oh, surprise !) et son orientation sexuelle... eh bien il n'en a aucune idée, ne s'est jamais posé la question et est bien trop timide et pudique pour y penser sérieusement.
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ET TON PLUS GRAND RÊVE ? faire ce métier tout sa vie, tout simplement. Avoir la possibilité d'inventer, créer, tester et réfléchir avec ces grands esprits du monde criminel jusqu'à la fin des temps. Ou sinon, trouver un némésis, un Moriarty à son Sherlock, un Joker à son Batman, quelqu'un avec qui il pourrait jouer à des échecs géants, qui le pousserait dans ses retranchements (ce qui, pour être honnête, n'est jamais arrivé jusque là).
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QUE DIRE DE TON ENVIE DE GRAVIR LES ÉCHELONS ? il n'en a strictement aucune. Tout ce qu'il veut, c'est continuer à faire ce qu'il fait.
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QUELLE A ÉTÉ TON OBJECTIF AU Mi6 LE PLUS RÉUSSI ? y entrer, déjà. Surtout, s'y faire accepter malgré son jeune âge - il a débarqué à seulement dix-huit ans, il était entouré de... vieux. C'était une réussite sociale et professionnelle, tout ce dont il avait besoin. Oh, évidemment, pour autant, il n'est pas copain comme cochon avec tous ses collègues - mais au moins, ceux-ci ne le méprisent pas comme il le redoutait.
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ET TON PLUS MAUVAIS SOUVENIR EN TANT QUE PERSONNEL DU Mi6 ? la fois où son gadget a explosé à la figure d'un agent et a failli le faire tuer. C'était une bonne idée en plus. Un appareil photo qui, en prenant une photo, propulsait un dard anesthésiant endormant la victime en deux minutes trente, bref, la totale. Problème, le système intérieur a bugué, ça a explosé au visage de l'agent, il s'est fait repérer et sa seule chance a été de se retrouver au milieu de la Tour de Londres, entouré de touristes, où il était mort. Percy ayant conçu et fabriqué l'objet, il a été très déçu et, surtout, choqué d'avoir failli à ce point et s'est promis de ne jamais recommencer.
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TA PIRE ADDICTION ? son boulot, peut-être ? Ou peut-être les chewing-gums à la menthe qu'il a toujours au fond de sa poche. Rien de bien particulier en tout cas et, certainement pas, la cigarette. Oui parce que monsieur fait de l'asthme. Genre l'asthme qui vous plie en deux au bout de cent mètres de sprint. Voilà voilà.