if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy
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B. Charlie Gallagher
administratrice ⌂ j'me détraque à coups d'insomnies
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Sujet: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Jeu 21 Fév - 19:24
“TOO MUCH TIME SPENT ON NOTHING”
Il y a certains jours comme ça, où il ne fait vraiment pas bon s’appeler Charlie Gallagher. Il y a aussi des jours où l’on peut s’en satisfaire, peu cependant où l'on en jouit pleinement. Aujourd’hui est un jour sans, et peu importe qu’il s’appelle lundi, samedi ou ce n’est pas demain la veille que t’auras ta paie, Charlie aurait préféré qu’il fasse partie des jours avec. Alors ce n’est pas plus mal, finalement, qu’il soit déjà vingt-heures trente et qu’elle n’ait rien fait de la journée - rien fait d’intéressant. Au moins le soleil a eu le temps de se coucher et elle va bientôt pouvoir se glisser dans son lit, ce bunker matelassé, pour se lever d’un meilleur pied le lendemain matin, si tant qu’elle ait le choix entre un nombre conséquent d’arpions à ce moment-là. C’est en appelant l’ascenseur d’un geste las, lent et désabusé – à quoi bon s’appliquer à appuyer sur un bouton dégueulasse, ultime nid à microbes – qu’elle remarque la teinte écarlate qu’ont pris le contour de ses ongles. Telle une reine de promo mariée à sa manucure de quinze heures quinze, elle se retourne pour faire face à l’applique qui lui a servi de soleil la journée entière et tend sa main devant son nez, les sourcils froncés. Elle cherche instinctivement des yeux quelqu’un dans la pièce vide, quelqu’un à qui raconter qu’il lui reste du sang humain sur les cuticules, du sang qui ne lui appartient pas.
Elle le trouve glauque, le MI6 nocturne. Non pas qu’il soit vide, non pas qu’il soit abandonné. Non pas qu’il soit sombre, non pas qu’il fasse froid. Mais ce sont les âmes enchainées qui travaillent encore et travailleront toute la nuit qui l’effraient. Ces bourreaux de boulot, littéralement, qui ne savent faire de leur vie rien d’autre que ce qu’on leur impose. Et c’est avec un cynisme délicat que la vie lui rappelle que si elle-même ne fait pas tout à fait ce qu’on lui demande ici, c’est pour courber l’échine sous le fouet de quelqu’un d’autre, juste un peu plus loin. On semble s’amuser de la voir patauger dans sa propre galère, incapable de trouver le bateau de sauvetage. On parait se plaire à l’imaginer tiraillée entre deux mondes, entre le noir et le blanc, le bien et le mal, le bonheur et l’argent. On s’amuse de ses élucubrations philosophiques tardives, devant la porte de l’ascenseur qui monte, qui monte, ayant pour unique but de s’arrêter là où on lui demande. Tout comme les agents du MI6 reculent devant les barrières qu’on leur a instaurées.
La nuit la prend alors dans ses bras et elle sait qu’elle est seule dans le couloir, seule avec elle-même, seule avec ses doigts sales de sang sec. Elle sait aussi que le propriétaire de ces globules rouges assassinés n’est pas loin, derrière cette porte, où celle qui suit. Il se planque derrière un numéro de chambre, comme on l’a caché derrière son matricule. Il leur arrive parfois de recevoir des inconnus d’urgence ici. Masqués par leur hémoglobine qui semble dégouliner sans fin, il leur est interdit de divulguer quoi que ce soit de leur véritable identité. On en apprend un peu plus à chaque prise de sang néanmoins, leur groupe sanguin, leur résultat au test ELISA, leur taux de cholestérol et le nombre de follicules ovariens qu’on a eu la bonté de distribuer en nombre limité. Alors finalement, on les connait un peu, ces types surprotégés. Pas autant que les double zéros contrariés qui arrivent en claquant des dents pour leur rappel tétanique. Mais un peu quand même. Des sutures ont sauté aujourd’hui. Des estomacs se sont vidés, des gamins ont hurlé. Elle s’est pris tout ça en pleine figure Charlie, le sang, les tripes et les cris. Il lui en reste même sur les doigts, et ça lui donne envie de pleurer, parce qu’on s’acharne fortement à lui rappeler qu’elle a passé une journée médiocre. Et le mot est faible.
Mais alors qu’elle s’apprête à se moucher dans ses mains tachés, faisant un doigt d’honneur à la classe dont elle fait habituellement preuve, les portes métalliques s’ouvrent et elle se retrouve toute bête devant eux. L’ascenseur et l’inconnu. Parce qu’on ne fait probablement pas attention à Perceval Rockwood, parce qu’elle sait qu’au contraire il la regardera, parce qu’elle est fatiguée et que quand l’ascenseur atteindra le rez-de-chaussée, elle aura oublié qu’elle l’a croisé. Pas par choix, pas part méchanceté. Peut-être par égoïsme, par frustration, mais pas par intention. Par principe, somme toute, elle lui adresse un « Bonsoir. » nébuleux, le regardant à peine et s’avance dans la cabine. Elle va pour appuyer sur le bouton zéro mais elle se rend compte qu’il est déjà illuminé, cercle bleu piquant les yeux, et laisse retomber son bras à son flanc. Les portes se referment, le mécanisme se met en branle. Ça y est Charlie, plus que trois étages, un métro et quarante marches d’escalier. Ça y est Charlie, tu rentres chez toi.
C’est sans compter la vie. C’est sans compter l’absurdité de l’existence. Dans un dernier râle, dans un dernier rire du destin, l’ascenseur s’immobilise. Les lumières oscillent un instant puis se stabilisent, les portes restent closes, le cercle bleu autour du zéro est toujours allumé.
« Non. Non. Non, sérieusement ? SÉRIEUSEMENT ? » Elle en oublie presque Perceval, Charlie, et manque de lui casser le nez en se jetant sur le bouton d’appel d’urgence. Elle s’arrête, le doigt collé contre le petit téléphone rouge, les yeux fixés sur le visage, en face d’elle. Comme si elle le voyait pour la première fois. « Oh je… Désolée. » Elle reprend sa place à sa gauche, abandonnant le bouton supposé les délivrer, qui n’a d’ailleurs pas l’air de vouloir transmettre quelque information que ce soit. Confuse, irritée au plus au point par les caprices des engrenages, sciée en deux par ses deux grands yeux gris innocents qu’elle ne s’autorise plus à croiser, elle tente en vain de se fondre dans le mur. Pour ne pas qu’il s’imagine que c’est de sa faute. Surtout, qu’il ne pense pas que c’est de sa faute.
Perceval A. Rockwood
« votre nouveau téléphone. parler ici, écouter là »
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Ven 22 Fév - 22:20
i'm up and coming like i'm fucking in an elevator
Pour ce brave Perceval aussi c'était un jour sans. Un terrible, affreux et indigeste jour sans. L'inspiration avait complètement déserté son esprit – pourtant fertile et ô combien ingénieux d'habitude. Peut-être était-ce l'usure ? La crise de cinquantaine des vingt-cinq ans ? Il regarde d'un air vide son bureau, son écran d'ordinateur, ses plans qui s'épanchent un peu partout sur son plan de travail, au milieu des feutres, des post-it, des différents papiers, des stylos hors de prix, des prototypes, des photos de modèles, de tout. Son air est morne, perdu et maussade ; il semble ailleurs et pourtant, bien dans son espace, il ne bouge pas d'un seul poil. Il l'attend. Il attend l'éclair de génie qui va le faire tressaillir, le remettre sur la voie de la création, de la réussite, il attend tout ça. Mais rien n'arrive. C'est le vide, le vide monumental. Et tel un auteur à succès devant sa page blanche, il panique, il tressaille mais cette fois, de nervosité. Son poil s'hérisse et il bondit sur ses pieds. Son sac est ouvert, il glisse toutes ses affaires dedans, lui qui aime pourtant tant bien les ranger, soigner leur disposition, s'assurer qu'elles ne se froissent pas dans son sac. Mais cette fois, cette soirée, il a l'impression que tout va mal, que tout part de travers. En fait il a cette impression depuis que le café lui a brûlé la langue lors de sa pause. Vous savez, la petite brûlure de rien du tout, on a l'impression que ça part vite mais non, ça vous colle, ça vous suit partout pendant toute une journée, vous laisse l'odeur âcre et amère au fond de la gorge et mon dieu que ça fait mal. Percy n'arrêtait pas d'y penser. A cette brûlure, à sa page blanche, à son esprit vide. Généralement premier arrivé et dernier parti, c'est ces collègues d'étage qui le regardent d'un air étrange, le voyant se diriger de sa démarche maladroite et consciente d'être observée par la porte. Certains glissent même un regard ostensible vers leurs montres, devant lui, pour bien lui montrer qu'il quitte le travail tôt mais Perceval sait mieux tous que, pour une fois, il a bien le droit de partir à vingt heures. Avec toutes les heures sup' qu'il a fait, sans compter les longues nuit d'insomnies passées chez lui à travailler... définitivement, une journée au moins, il peut partir rapidement. Juste une fois. Il se fait la promesse de venir encore plus tôt le lendemain car, forcément, il va culpabiliser. Il est un peu trop perfectionniste et studieux, ce Perceval, persuadé que tout le monde va le montrer du doigt sous prétexte qu'il part plus tôt que d'habitude aujourd'hui. Il entre dans l’ascenseur après avoir mis son sac en bandoulière, regardant le sol d'un air honteux, appuyant sur le bouton zéro avant de pousser un long soupir sur les portes qui se referment comme un mur entre lui et les regards accusateurs du reste des techniciens.
Soulagement.
Il se laisse transporter par la cage de métal, fermant les yeux et se laissant tranquillement bercer par le ronronnement de la machine. Lui qui, d'habitude, n'aurait pas été le premier à s'engouffrer dans telle cage de la mort, pourtant, il est plutôt détendu. Il n'aime pas dépendre des gens, surtout du savoir des gens. Mais les ascenseurs du Mi6 sont ultra-sophistiqués, sécurisés au possible, doués d'une caméra thermique derrière le miroir et une ribambelle d'autres gadgets un peu partout pour assurer à ses usagers un confort et une sécurité optimale. Alors Perceval se laisse aller, un peu, enfin, l'esprit encore et toujours vide. Il sursaute quand l’ascenseur s'arrête, se redresse et remonte ses lunettes sur son nez, s'apprêtant à sortir. Il s'arrête pile au moment où son regard tombe dans celui indéfinissable d'une jolie blonde, qui rentre à son tour dans l’ascenseur en soufflant un « Bonsoir. » distrait. Il rosit presque instantanément, comme toujours. Il lui faut une petite seconde pour reconnaître l'infirmière, celle qui fait les check-in tous les ans, Charlie qu'elle a dit qu'elle s’appelait – il est incapable de s'en souvenir de son nom de famille, ça veut sûrement dire qu'elle ne le lui a jamais confié. Il pense à tout cela en même temps, ramassant son sac contre lui, remontant en une énième fois ses lunettes sur son nez d'un geste nerveux en marmonnant à son tour un « bonsoir » tremblotant, fait de timidité et d'empressement. Elle ne lui adresse plus un regard. Cette fois, il garde les yeux grands ouverts, se demande si les gens se posent des questions sur leurs vies respectives quand ils se croisent dans des ascenseurs (heureusement pour lui, il repousse bien vite cette idée) (de toutes manières, la seule chose qui a jamais intéressé la jeune femme chez Percy, c'est son Rhésus) avant que le leur s'arrête, bam, d'un coup. Les lumières clignotent, restent constantes. Semblant se réveiller d'un rêve, Percy regarde autour de lui sans comprendre avant de faire un brusque mouvement de recul en voyant s'approcher à vitesse grand v le coude de la blonde. « Non. Non. Non, sérieusement ? SÉRIEUSEMENT ? » Elle appuie sur le bouton pour contacter l'agence de l’ascenseur ou, ici, la sécurité du bureau. Mais rien, que dalle, nada. Elle semble enfin se rappeler qu'il est là, à la regarder curieusement, un peu apeuré par son soudain cri et un peu étourdi par l’ascenseur qui vient de s'arrêter. Ils sont maintenant suspendus au-dessus du vide dans une cage de métal, seulement retenus d'une chute certaine par un vulgaire fil de fer. Le visage de Percy perd quelques couleurs, le bilan de situation n'est guère brillant à ses yeux. « Oh je… Désolée. » Il hausse les épaules, balbutie : « c'est--c'est pas de votre faute, vous savez. » avant de lui adresser un sourire qui se veut sympathique mais qui n'est qu'affreusement nerveux.
Il pose machinalement son sac parterre pour avoir les mains libres, fait aussitôt le tour de la cage comme un félin enfermé, regardant les murs, les indices lumineux qui piquent les yeux, chaque élément de l'ascenseur. Il songe que si elle est claustrophobe, ils vont passer un mauvais moment. Si elle commence à avoir peur de manquer d'air, ils vont passer un mauvais moment. En fait, il n'y a strictement aucun moyen pour qu'ils passent un bon moment. Plutôt que d'écrire sur comment faire des régimes, les auteurs à succès devraient s'intéresser à des sujets plus importants comme comment se faire des amis ou comment passer un bon moment coincé dans un ascenseur avec une inconnue (ou presque). Ca ferait un succès bœuf. « Je pense que ça marche sur le système indépendant relatif aux ascenseurs sensé prévenir les situations comme ça. » Il tapote machinalement ce qui peut ressembler à un tableau de bord, avec sa bardée de boutons d'étages et autre. Il sort son téléphone subitement, brusquement... et non, pas de réseau. « Depuis que la ville a changé ses câbles, il y a beaucoup de problèmes comme cela. Ca devrait bientôt se rétablir, vous en faites pas. » Puis, comme en écho à ce qu'il vint de dire, les lumières s'éteignirent. Fantastique.
Spoiler:
je suis d'avance désolée pour les fautes et la merditude mais fuck, on va quand même envoyer du lourd.
B. Charlie Gallagher
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Lun 25 Fév - 15:04
“KEEP THE STREETS EMPTY FOR ME”
« C'est--c'est pas de votre faute, vous savez. » La première syllabe restée accrochée à sa langue fait tiquer Charlie, et enfin elle se souvient. Deux synapses se connectent, traduisant un flot d’informations et de souvenirs destinés à sa propre compréhension. Elle est certes incapable de remettre un nom que ce soit sur cette tête, ce nez saillant, ces cheveux hérissés ou ces yeux cendrés, mais elle se rappelle l’avoir vu en consultation. Plusieurs fois, même. Elles ne sont pas nombreuses au MI6, les infirmières, et c’est sans hésiter qu’elle peut affirmer avoir vu une bonne moitié du personnel en sous-vêtements. Elle n’est pas censée regarder ni s’y intéresser, mais la diversité des choix de caleçons et de strings dans le bâtiment l’a toujours impressionnée. Il y a ceux qui se souviennent du jour de la visite médicale et qui assortissent l’invisible avec le costume. La chemise rayée avec le boxer marin. Le trench rouge avec la culotte écarlate. Les chaussettes avec le soutien-gorge. Il y a aussi ceux qui s’en souviennent et qui en profitent. Elle a classé le type du 5ème avec son slip kangourou vert fluo dans cette catégorie. Finalement, on rencontre aussi des têtes de linotte intraitables qui arrivent avec des socquettes dépareillées et une culotte petit bateau trop petite, laissant élégamment le gras s’en échapper sur les côtés.
Délaissant la cellulite et les fantasmes colorés de ses collègues, elle jette un regard en coin à son voisin d’ascenseur. Elle ne peut définitivement pas lui remettre ses sous-vêtements. Elle a seulement retenu son bégaiement singulier et ses rougissements à répétition. Elle se rappelle l’avoir trouvé mignon et c’est un peu mal à l’aise qu’elle se retourne vers lui. Honteuse de ne pas lui avoir accordé l’attention qu’il mérite surement, comme tout être vivant normalement constitué. Mais il est déjà parti main dans la main avec son cerveau, sautillant dans la cabine, les yeux bondissant de boutons en boutons. Elle a presque l’impression qu’il est à deux doigts de sortir un tournevis sonique et de lui déposer sur le front un baiser agrémenté d’un « Fais-moi confiance, je suis le Docteur. » Néanmoins, puisque l’immeuble est rempli de geeks, de fétichistes de pomme à la Newton, d’enfants précoces et de Mac Gyvers contemporains, elle préfère se taire. « Je pense que ça marche sur le système indépendant relatif aux ascenseurs censé prévenir les situations comme ça. » Alors elle hausse un sourcil, tourne sept fois sa langue dans sa bouche et hoche la tête frénétiquement, parce qu’il aurait beau être diablement efficace, elle n’en aurait pas idée. Elle se dit que peut-être, elle pourrait s’amuser à lui réciter le nom des vingt-quatre vertèbres pré-sacrales et que ça lui en boucherait un coin, mais elle ne veut pas se mettre à dos son mini Bill Gates d’ascenseur. Une fois de plus, elle se tait. Elle le laisse traficoter les boutons d’étage et se perd à nouveau dans la contemplation de ses doigts dégueulasses, qu’elle a pourtant lavés au savon noir quinze minutes plus tôt. La pensée de sa pizza et de son film la berçant dans son lit s’évapore lentement, l’abandonnant, toute bête, toute molle, à la cabine désuète.
Et puis il sort son téléphone de sa poche, ramenant sa voisine à la réalité. Qu’elle est stupide, qu’elle est lente. On se sert toujours de son smartphone quand on a le moins besoin, pour jouer au Tetris en pleine réunion par exemple. Mais coincée dans un ascenseur, elle ne pense même pas à le serrer dans sa main. C’est à croire qu’elle aurait pu l’oublier dans son casier et que le monde s’en serait mieux porté. Se mettant en quête de son bijou de technologie, payé trois francs six sous grâce à la super promo (surement une arnaque) de son opérateur, elle l’entend marmonner quelque chose à propos de câbles et de problèmes. Elle relève la tête, le Blackberry en main, lorsqu’il achève sa tirade par un « Ça devrait bientôt se rétablir, vous en faites pas. » qu’elle se voit prête à vendre à la BBC. A peine s’est-elle donnée un coup de pied aux fesses pour soutenir son regard – sa mitraillette à photons – que la cabine s’étouffe dans un noir quasi complet. Il reste le petit néon bleu de secours qui fait le tour de la boîte dans laquelle ils sont coincés, au plafond. Elle est certaine qu’elle n’aura pas de réseau, parce qu’une journée pareille n’est pas faite pour se finir en explosion de paillettes, mais elle s’autorise quand même un regard à son écran d’accueil. Pas de barre, pas même de petit « SOS » rouge. C’est encore plus drôle parce qu’elle n’a presque plus de batterie. Esquissant un sourire, elle lâche négligemment son téléphone dans son sac à main. Il existe pas mal d’expressions auxquelles on peut associer un sens seulement lorsqu’on a le déclic. Charlie vient de débloquer il vaut mieux en rire qu’en pleurer dans son cerveau. Alors puisqu’elle est coincée dans cet ascenseur minable, avec les mains ensanglantés, un voisin bégayant dont elle ne se souvient pas du nom ni même du caleçon et un portable oiseux, elle se met à glousser, expirant de l’air de façon saccadée par les narines. « Vous savez, c’est ma première fois. Dans un ascenseur. …Enfin, la première fois que je suis coincée dans un ascenseur. » Elle plisse les lèvres, consciente que de toute façon, il ne la voit qu’à peine, fait un pas silencieux vers lui. Sans avouer une achluophobie, elle n’aime pas rester collée contre le mur du fond (si on peut considérer qu’il existe un fond dans un ascenseur de trois mètres carrés). « Alors que certaines personnes en font tout un job. Surtout dans les films américains. » Ça lui fait penser à tous ces couples magnifiques, maquillés à la perfection, échangeant leur salive contre les portes métalliques, devant une caméra. Ryan Golsin et Carey Mulligan viennent se poser sur ses épaules mais un coup d’œil furtif à l'ombre de son voisin suffit à les faire disparaitre.
Elle sait que ses affabulations n’ont pas plus de sens que les siennes, mais laisser tomber le silence, maintenant, retourne du suicide moral. Il ne faut pas s’en faire, après tout, ça va se remettre en route, écoute le cerveau sur pattes, Charlie, écoute les yeux gris qui brillent de l’autre côté de la cabine.
HRP - I'm a Time Lord, and it's still the week end for me (a)
Perceval A. Rockwood
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Jeu 28 Fév - 19:15
i'm up and coming like i'm fucking in an elevator
Il détestait cordialement cette situation si bien que, même si il était un grand pacifique, si cette situation avait été une personne, il lui aurait donné un coup de poing, voilà, c'était dit, Perceval lui aurait donné un coup de poing. D'une manière générale, il détestait tout ce qui ressemblait, de près ou de loin, à un bug informatique. Combien de fois s'était-il arraché les cheveux devant son ordinateur incapable de se connecter ? devant une machine refusant de marcher ? devant un gadget pas foutu de... de gadgeter ? Enfin, tout ça, c'était encore pire. Car c'était de son fait. Dès que Percy faisait quelque chose, c'était sensé marcher, point barre. Il avait pas ce putain de cerveau pour rien, non plus. Il avait pas bouffé tous ces bouquins pour rien. C'était sensé marcher et quand ça ne le faisait pas, autant dire que c'était l'apocalypse dans les méandres de l'esprit du jeune homme, un véritable Armageddon. Faire un peu de sport l'aurait aidé, d'ailleurs, frapper dans un sac de sable ou même un mur de béton, oui, ça lui aurait fait ravaler ce trop plein d'énergie pourtant pas du tout commun à tous ces nerdy geeks. Mais comme la différence du génie apportait aussi le mépris, elle entraînait aussi dans son sillage une certaine arrogance, une prétention faisant dire aux gens comme Percy que le sport, c'était pour ceux qui n'avaient rien dans le crâne mais tout dans les muscles. Mais diantre, ça lui aurait fait plus que du bien d'aller se délier les bras de temps en temps et d'esquiver les maux de tête, souvent inévitables,que entraînaient ces formidables crises psychiques.
En gros, il était très, très mais alors très carrément agacé par la situation. Tant et si bien qu'il était à deux doigts de sauter sur lui-même, contre les pans de l’ascenseur et même jusqu'au plafond s'il le fallait juste pour qu'il redémarre, ce con. Par bien des égards, songea-t-il, la technologie était un truc génial. Par bien d'autres égards, non. Il se mordille anxieusement la lèvre, en faisant son tour d'inspection de la cage métallique, déjà survolté par la situation. Non pas qu'il ait une quelconque intimité avec les endroits confinés ; mais il faut dire que ce n'est pas non plus agréable. Au terme de sa phrase, destinée à rassurer la jolie blonde, phrase qu'il lui a adressé sans la regarder, les yeux rivés vers son téléphone et l'air morose, l'obscurité engloutit la cabine. La goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ses doigts autour de son mobile se serrent soudainement, tandis qu'un long frisson lui torpille l'échine, ses lèvres s'invitant d'elles-même sur sa lèvre, qu'il mord nerveusement et sans retenue, si bien qu'une vive douleur lui arrache un autre frisson. Il regarde, ahuri et encore plus furax, son téléphone qui refuse de se connecter au réseau mobile et internet, il pense à toutes ces petits données en binaire qui volètent, cherchent mais ne trouvent rien, il pense à la jungle de câbles qui retient cette boîte en suspension en l'air, à quelques mètres (ou kilomètres, c'est impossible à déterminer) du sol, il songe aussi au fait que y'a une totale inconnue de l'autre côté de la cage, qu'il entend des bruits sans pouvoir les identifier, que tout ne se passe vraiment pas comme prévu et ce, depuis le matin-même. Enfin, il réfléchit et se dit que c'est une hyper grande phrase et que, tel un robot, il est en train de péter un sévère câble.
Ses doigts pincent l'arête de son nez, il se force à ferme les yeux, s'oblige au calme. Soupir.
Il entend un gloussement léger, incompréhensible. Il fronce les sourcils sans comprendre, recherche autour de lui d'où il provient – et, comme par magie, semble se souvenir de la jolie blonde enfermée dans l’ascenseur avec lui. Elle... rit de la situation. Il est bien incapable de se dire que c'est nerveux, il ne comprend pas. « Vous savez, c’est ma première fois. Dans un ascenseur. …Enfin, la première fois que je suis coincée dans un ascenseur. » Il la cherche du regard ou, du moins, tente de la percevoir à l'aide de ses autres sens. Impossible. Le noir étouffe tout pour Perceval, l'étouffe même lui – il sent ses poumons peiner à se soulever, une transpiration pas très séductrice venir perler sur son front. Il n'a pas particulièrement peur du noir mais... bon, un peu quand même. Enfin pas particulièrement du noir en lui-même, il s'en fout du noir, il a rien contre le noir. Juste que ignorer, pour un gars comme Percy, c'est dur. Or, dans le noir, on ignore tout, on ne voit plus rien. Ses yeux roulent dans leurs orbites, jusqu'à arriver à ce simili de plafond, très légèrement éclairé, pas assez pour que Charlie et lui puissent distinguer leurs visages respectifs. Il ne lui répond pas, se questionne quant à la possibilité de repousser ce plafond. Et pour faire quoi ensuite ? Remonter le long de ces câbles mystérieux ? Il en était bien incapable, il était qu'un pauvre technicien, pas un de leurs précieux et fantastiques agents... « Alors que certaines personnes en font tout un job. Surtout dans les films américains. » Il fronce les sourcils en dardant à nouveau son regard vers l'endroit où, supposément, se trouve Charlie. Est-ce que l'oxygène manque déjà et qu'elle perd les pédales ? Il pense à son ricanement nerveux. Ca l'afflige un peu plus. Le silence, dans le noir, c'est encore pire songe-t-il. Alors il dit, lentement, pesant ses mots : « l-la vie n'est pas une film américain. » Ouah, merci Percy, on aurait presque pu confondre. L'hésitation au début de la phrase est plus légère, plus subtile, mais toujours présente. Il se dit que, dans les situations comme ça, les gens discutent ou se sautent dessus. Il n'a l'intention de faire aucun des deux alors il revient à tâtons vers son sac et en sort quelques outils, qu'il prévoyait de ramener paisiblement chez lui (mais ce putain d’ascenseur s'est arrêté à mi-course) (la morsure de la faiblesse, de l'agacement à nouveau, bam, en plein dans son esprit compliqué).
Il farfouille un moment puis ses mains tombent dessus. Il appuie sur le bouton, la petite lampe de poche s'allume dans un chuintement. A l'effigie du tournevis sonique si célèbre, une légère lumière verdâtre s'en dégageait Pour l'instant, l'instrument ne faisait pas encore le bruit si spécial de l'engin mais Percy y travaillait. Les yeux écarquillés, il finit par trouver Charlie à l'aide du faisceau lumineux et lui offre un pâle sourire timide, se doutant qu'elle n'avait pas cette référence de petit nerd fan de science-fiction qu'il était. « Je... pense qu'il y a assez de piles pour durer une demi-heure ou deux... le temps que des gens arrivent. » murmura-t-il. Abandonnant l'idée de réparer l’ascenseur de l'intérieur, il s'appuya contre le mur derrière lui, faisant tourner le tournevis sonique-lampe torche entre ses doigts, finissant par glisser sur son arrière-train pour s'asseoir. « C'est étrange, normalement ça n'arrive jamais les trucs comme ça. En réfléchissant, il se grattait le menton avec son engin. Je pensais qu'on avait notre électricité autonome. Un jour on m'a dit que les pannes d'électricité, c'était à cause des vietnamiens qui arrêtaient de pédaler. Je n'ai jamais compris. » (il n'était pas très fort en humour, surtout un si mauvais goût comme cela) Le noir qui l'oppressait comme un citron, l'obligeait à parler. Et la lumière qui, il en avait l'impression, allait s'éteindre d'une seconde à l'autre. Il finit par poser la lampe entre eux, ramenant ses jambes contre lui, pas rassuré le moins du monde, regardant d'un air morne le bout de ses chaussures, évitant nerveusement le regard de sa vis-à-vis.
B. Charlie Gallagher
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Sam 2 Mar - 10:20
“OH, THIS COULD BE MORE SONIC!”
Le silence lui monte rapidement à la tête, et elle qui supporte pourtant si bien les blancs dans une conversation, fervente défenseuse de « l’héroïsme, c’est de ne rien avoir à dire et de ne rien dire du tout », s’apprête à rajouter quelque chose. Une affabulation de plus. Une bêtise pour combler le vide. Cette impression que l’obscurité lui écrase les poumons pour en extraire tout un flot de paroles semble être partagée des deux côtés de l’ascenseur, puisque, alors qu’elle ouvre la bouche, elle entend la voix de son voisin trébucher dans le noir. « L-la vie n’est pas un film américain. » Autant dire que ça ne les avance pas à grand-chose. Pourtant, c’est comme si l’obscurité, en écho à ses paroles, avait reculé. Charlie sait que c’est seulement une illusion d’optique, un jeu puéril de ses paupières qui s’amusent à lui faire croire qu’elle voit de mieux en mieux. Mais, parallèlement au fait que ses yeux s’habituent au manque de lumière, il est vrai qu’elle distingue maintenant avec plus de netteté le mur en face. Le mur en face. C’est étrange qu’elle n’y voie pas la silhouette de son voisin. Faisant preuve d’un peu de présence d’esprit, elle baisse les yeux, plissant les paupières, et l’aperçoit, fouinant dans son sac dont elle est sûre qu’il est, d’après le bruit que fait son contenu lorsqu’il y farfouille, plus large à l’intérieur. Comme pour appuyer l’allégorie qui fait de lui son Docteur d’ascenseur, le petit geek aux yeux gris extirpe fièrement quelque chose de son sac, quelque chose de lumineux, quelque chose qui ressemble à un tournevis sonique, les ondes en moins. « Je… pense qu’il y a assez de piles pour durer une demi-heure ou deux… le temps que des gens arrivent. » Il lui flanque sa lumière verdâtre en plein sur le front et ça la met assez mal à l’aise, Charlie, parce que si lui peut la voir, toute blanche, toute ébahie, au-dessus de lui, elle ne le distingue plus du tout, dans le fond de la cabine.
Comme son petit jeu de fanboy ne semble pas lui paraitre démesurément extravagant, Charlie hésite à faire quelque commentaire que ce soit. Elle n’a pourtant pas l’impression que ce soit un épisode récurrent au MI6. Elle voit tout un tas de choses tous les jours, mais ne se trouve en général pas coincée dans un ascenseur-TARDIS avec un Docteur bégayant. Si elle sort de là, elle aura au moins une histoire à se raconter à elle et à sa pizza, devant son film. Si elle sort de là.
Il s’est assis par terre, la libérant de l’emprise olive de la lumière, et elle s’autorise à faire de même sur le mur adjacent, bien contente d’être en pantalon et non en mini-jupe. Ce qui, en soit, ne serait pas très embarrassant, au vu du niveau d’éclairage. Il agite cependant son gadget en tous sens, éclairant tout et n’importe quoi, de la poussière sur le sol, à ses cheveux dorés en passant par la pointe de ses Converses. « C’est étrange, normalement ça n’arrive jamais les trucs comme ça. Je pensais qu’on avait notre électricité autonome. » Alors elle prend conscience de la chose en entier. Elle, Charlie Gallagher, est coincée dans un ascenseur, ascenseur qui n’est pas supposé s’arrêter. Ils sont censés avoir une électricité autonome d’après lui, et si le machin en question n’est pas fonctionnel, c’est probablement parce que quelqu’un l’a arrêté. Le but de la manœuvre étant, plutôt que de les enfermer tous les deux et de les pendre dans le vide, de déjouer les systèmes de sécurité. D’hypothèses en hypothèses, elle monte sa petite théorie dans sa tête, repoussant pourtant loin l’idée que si des intrus sont présents, c’est à cause des informations qu’elle a transmises. Elle s’apprête à lui communiquer ses doutes sur la normalité de la panne lorsqu’il se remet à parler, sifflant quelque fantaisie à propos de vietnamiens et de pédales. « Un jour on m’a dit que les pannes d’électricité, c’était à cause des vietnamiens qui arrêtaient de pédaler. Je n’ai jamais compris. » Elle hausse un sourcil dans le noir, elle a déjà entendu cette phrase, mais jamais de cette façon, jamais prononcée avec si peu de conviction, si peu de croyance. Il n’a réellement jamais compris.
S’abandonnant un peu plus au mur derrière elle, s’écrasant si peu dignement sur le sol, elle prend enfin la parole. Les mots sont plus tremblants qu’avant, plus vrais peut-être, mais l’ensemble donne la morne impression qu’elle a peur. « J’imagine qu’il vaut mieux croire qu’on n’a pas de… Enfin, d’autonomie électrique ou je-ne-sais-quoi. » Elle veut juste rentrer chez elle. Juste sortir de cette épouvantable cabine qui semble vouloir les écraser tous les deux. C’est marrant comme en quelques minutes, sa vision des choses a pu changer du tout au tout. Toute guillerette à l’idée de connaitre les joies d’un trajet en ascenseur inerte, le doute la ronge maintenant, en commençant par le bout des orteils. Sa gorge se resserre doucement lorsqu’elle déglutit, lui laissant une impression bizarre dans la poitrine. Et si les gens ne viennent pas ? Et si quelqu’un veut faire sauter le bâtiment entier ? Et s’ils allaient simplement ouvrir des vannes cachées et les arroser d’acide ?
Consciente d’avoir maintenant des yeux aussi écarquillés qu’un poisson japonais, elle secoue la tête et passe une main dans ses cheveux pour les remettre sur le haut de son crâne. Le stress et les montagnes de théories absurdes font partie du processus. Il faut juste qu’elle se calme. Juste qu’elle pense à autre chose. Et c’est parfait puisqu’en face d’elle se trouve le pseudo Docteur, son tournevis aux pieds. Elle tend ses doigts vers le gadget, allant pour l’attraper – attendant son consentement, néanmoins, avant de lui arracher son précieux du champ de vision. « Je peux ? …Comment vous l’avez eu ? Ça coûte la peau des choses ce genre de trucs. » Elle se rappelle avoir été chargée d’acheter la baguette d’Harry Potter à un de ses cousins, parce que « A Londres tu as Harrods, ce serait bien que tu fasses un effort pour nous ramener des choses qu’on n’a pas en France. » et que ça lui avait coûté assez cher. Elle avait payé la marque, les acteurs, Warner Bros, mais surement pas un bout de résine dans une boite. Maintenant elle rapporte des bus rouges en plastique, pour Noël.
Perceval A. Rockwood
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Dim 3 Mar - 16:43
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Il n'avait rien contre les vietnamiens qui pédalaient, soyez-en certains. Ou contre les vietnamiens en général. Ou les pédales en général. Voire même les pédales vietnamiennes. Et il n'avait strictement pas l'esprit assez ouvert pour comprendre le trait d'esprit idiot de la boutade. Vietnam, ok, Hanoï, Indépendance, liberté, bonheur, ramène à la guerre 1959-1975, vietnamiens, vietnamiennes, ok, il avait tout ça dans son gros cerveau sur ce pays. Mais ça s'arrêtait là. A moins qu'ils ne soient le premier producteur mondial de tapis de course ? Très possible, alors il se promit de vérifier plus tard. La scène commence à avoir des allures des films américains qui semblent chers à la jeune femme ; mais cette fois, bien loin de massacre au marteau et de bels hommes sans nom à la moue maussade, c'est une comédie affreusement nulle, de série Z, réunissant deux britanniques d'habitat dans un ascenseur en panne. Génial. Ca ferait peut-être un carton chez les ménagères de cinquante ans, ce genre de film (même si le film risquait de finir sous la couette... ou plutôt sous la lumière glauque dudit ascenseur) (Percy frissonna à cette idée, c'était horrible).
« J’imagine qu’il vaut mieux croire qu’on n’a pas de… Enfin, d’autonomie électrique ou je-ne-sais-quoi. » Même si elle ne devait certainement pas le voir, il haussa la tête. Et si, par hasard, c'était bel et bien une histoire de vietnamien ayant arrêté de courir ou de pédaler, eh bien qu'il se dépêche de se remettre à la tâche. Si ça se trouve, songea Perceval, il n'avait pas de mutuelle pour le dentiste. Le noir le faisait devenir fou, il avait l'impression qu'on lui arrachait chaque nerf composant son gros cerveau un à un, se délectant de le savoir fébrile et, autant l'avouer, un peu apeuré par la situation. Il s'imaginait, non, plutôt fantasmait sur l'image de lui, rentrant enfin chez lui, une bonne infusion à la main et les yeux rivés vers sa série favorite, avec un peu de porridge du matin même. Le tableau était parfait. Et plutôt que son infusion, son Docteur et ses compagnons et son porridge, il se retrouvait coincé dans un ascenseur avec une infirmière (ce qui aurait été, pour certains, une bien meilleure fin de soirée) (mais pour Perceval, ça voulait juste dire qu'il était coincé) (et qu'il avait les crocs pour une fois).
« Si ça se trouve, c'est encore quelqu'un qui s'amuse avec la sécurité. Ou un hackeur. Ou même que le système est réinitialisé aujourd'hui. Ou alors, c'est une attaque terroriste. » il pense à haute voix, se grattant toujours le menton, avec sa main cette fois. Si c'était une attaque terroriste, étaient-ils excellemment bien placés et à l'abri ou, au contraire, complètement exposés ? Il leva le regard vers la blonde, pour chercher un assentiment ou même une réplique dans ses yeux, sur sa bouche ; mais elle voit qu'elle est plus pâle que quelques secondes avant (même si il se doute que cette légère couleur verte vient aussi de sa lampe torche). Elle doit pas apprécier l'idée alors il se tait ; mais dedans, ça continue de cogiter. Est-ce que les terroristes seraient du genre à arrêter les ascenseurs en pleine course pour prendre le contrôle du Mi6 ? Réponse dans cinq minutes après délibérations dans le crâne de Perceval, revenez après la pub.
Machinalement, il s'humidifie le pouce et retire une éraflure sale sur sa semelle, pensif. Cas de mort imminente ? Autant avoir les pompes propres quoi. Il s'attend à passer le reste du temps coincé en silence (il a un peu peur de relancer un sujet, là, tout de suite) mais il sent du mouvement de son côté et son regard grisâtre se lève, surpris. Elle tend la main vers le tournevis-torche, il arque un sourcil. « Je peux ? » Il hausse les épaules, lui fait signe de le prendre. De toutes manières, il risque d'être un peu difficile à casser... et ce n'est qu'un gadget. Et puis elle a bien le droit d'avoir le pouvoir de vie et de mort sur leur seule lumière, non ? Et puis, dans un vocabulaire qui n'aurait habituellement pas sa place dans la bouche de l'ingénieur, il s'en foutait. Elle allait lui demander ce que c'était, il allait lui répondre, elle allait lui lancer un regard judging you so hard it hurts et il allait se taire jusqu'à la fin de ses jours et se laisser mourir de dépit. Autant pour le fanboy percé en plein cœur.
« Comment vous l’avez eu ? Ça coûte la peau des choses ce genre de trucs. » Une étincelle d'intérêt s'allume dans le regard de Percy. Il a un très léger sourire sur les lèvres en répondant : « un peu. Mais celui-ci est une réplique. Je trouvais qu'il n'y avait pas assez de lumière et puis... je n'avais pas d'autre lampe torche. » On eut dit qu'il se justifiait, qu'il inventait des raisons pour avoir construit cet objet. C'est un peu le cas, en fait. La série a accompagné Percy dans son adolescence – sa mère était fan, était devenue la Docteur de son fils, la prunelle fois mille de ses yeux – et il avait toujours voulu un tournevis sonique à lui. Sauf que, en achetant le jouet, il s'est vite rendu compte que c'était vraiment de la merde, ce genre de trucs. Donc il l'avait refait, à sa manière. Plus de luminosité, de vrais matériaux pas vraiment extra-terrestres et pas besoin d'appuyer avec ses mains pour le rétracter, un petit bouton s'en chargeait (oui, il en était très fier de tout ça, il aurait pu parler pendant des heures de son tournevis sonique).
« And yes, I know. This could be a little more sonic. » Son sourire s'élargit dans la pénombre, prend une teinte naïve et attachante, attendrissante. La réplique, culte, modèle à elle-seule dans sa bouche une adoration, un amusement sans fond ni comble. Si ça se trouve, elle connait pas et elle va le prendre pour un fou. De toutes manières, il devient fou, avec les secondes qui s'égrènent si doucement et l'atmosphère qui se fait de plus en plus pesante... donc il n'en a plus rien à faire. « Alors euh... vous connaissez ? » fait-il timidement, enfouissant son nez contre ses genoux, qu'il a ramené contre lui. « J'aurais pas pensé ça de-de vous. »
Spoiler:
j'ai installé un thème doctor who sur le dock de mon ordi et j'ai besoin de le partager avec quelqu'un donc : J'AI INSTALLÉ UN THÈME DOCTOR WHO SUR LE DOCK DE MON ORDI.
B. Charlie Gallagher
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Lun 4 Mar - 16:05
“JUST THIS ONCE, EVERYBODY LIVES”
Faisant écho à son silence, et néanmoins rassurée d’un mouvement du fond de la cabine ressemblant vaguement à un haussement d’épaules approbateur, elle se saisit tendrement de la lampe-tournevis, un sourire radieux aux lèvres. Bien sûr, ça ne lui donne pas de fourmis dans les doigts, elle n’a pas tout d’un coup la connaissance absolue, ne ressent pas la danse organisée des atomes de Perceval, n’actionne même pas de petit bruit sonique. Mais il est dans sa main. Et c’est quand même prodigieux, cette impression qu’il lui offre : comme si elle était invulnérable. Tout en le faisant rouler entre ses doigts fins, elle se dit qu’il lui en faudrait absolument un identique. Pour la force. Pour l’idée. Pour la fois où elle se retrouverait à nouveau coincée dans un ascenseur sans lumière. « Un peu. Mais celui-ci est une réplique. Je trouvais qu’il n’y avait pas assez de lumière et puis… je n’avais pas d’autre lampe torche. » Charlie détache ses yeux du gadget, levant un regard étonné sur le visage flou de son voisin. Elle en a presque oublié qu’elle lui a posé une question. Ainsi donc il l’a construit lui-même. Ça parait naturel, finalement, il est à l’étage des fanboys scientifiques créateurs – aussi connu sous le nom de quartier Q – il doit avoir les compétences nécessaires pour faire ce genre de trucs. Charlie sait changer une ampoule et trouve ça déjà chouette, la petite lampe torche faite main entre ses doigts lui semble alors être divine. « And yes, I know, this could be a little more sonic. »
Charlie lui adresse un sourire éclatant, sponsorisé Freedent White, comme réponse à son illustre réplique, se rappelant un peu tard qu’il serait incapable de le voir, la lumière étant dirigée vers les portes de l’ascenseur. Elle hésite à s’illuminer elle-même la face et à faire une série de grimaces affreuses mais se retient, se rappelant combien il a semblé détesté son pic d’humour sur les séries américaines. Il préfère la télévision britannique, soit. L’imitation est d’ailleurs parfaite, l’accent correspond, les pauses entre les mots sont au bon endroit. Il a dû voir l’épisode une bonne dizaine de fois et Charlie trouve ça mignon. « Alors euh… Vous connaissez ? » Elle l’entend bouger de l’autre côté et l’éclaire un instant avec la lampe verte. Il cache un sourire timide entre ses genoux et elle l’imagine particulièrement bien, roulé en boule sur le canapé, une tasse de thé bleue TARDIS entre les mains, les yeux collés à David Tennant sur le grand écran.
Charlie n’est pas à proprement parler une Whovian. Ou du moins, elle ne se l’avouera jamais. Parce qu’elle a vu tous les épisodes de la deuxième ère, qu’elle connait les noms des principaux aliens et les signes caractéristiques des trois derniers docteurs, on la considère souvent comme telle. Mais elle ne s’est jamais intéressée aux premières saisons, rebutées par le noir et blanc et les effets spéciaux obsolètes. Elle n’a jamais construit de TARDIS en papier mâché ou rêvé de Rose et de John Smith dans un monde parallèle. Elle ne cille pas lorsqu’on parle d’extermination et on ne la voit pas fuir lorsque quelqu’un commence à compter en faisant des groupes de cinq bâtons. Elle est anglaise, somme toute, et c’est suffisant pour la laisser regarder la BBC le samedi soir et lui autoriser d’avoir vu quatre-vingt-treize épisodes sur huit ans de vie londonienne. Cela dit, il est inutile de penser qu’elle n’apprécie pas, ou qu’elle n’a pas pleuré en même temps que tout le monde. C’est donc tout naturellement qu’elle ouvre la bouche pour lui déclamer son amour pour le Doctor. Mais une fois de plus, il la devance, et elle en profite pour poser le précieux tournevis sur le sol, à sa place initiale.
« J’aurais pas pensé ça de-de vous. » Ah. Les fameux préjugés. La fameuse image. Les fameux escarpins, le brushing impeccable, les ongles manucurés – certes, pas aujourd’hui – et le sac à main rempli. Parfois elle se dit qu’en laissant couler derrière elle cette peinture de femme normale et actuelle, elle ne mérite qu’un homme tout à fait conforme et ennuyant. Que peut-être, en se laissant aller à manger des fraises au bureau et à mettre des chaussettes vertes en dehors de son appartement, elle rencontrerait des gens plus intéressants. Mais se fondre dans la masse est réellement plus facile et elle laisse une de fois de plus fuir l’idée comme elle est venue. « Vous pensiez que j’étais du genre à regarder American Idol à trois heures du matin pour être à l’heure américaine ? » Dans son ton provocateur, on ressent le mépris qu’elle a pour ces filles typiques, plantées devant des Ian Somerhalds clonés et des émissions de télé réalité abrutissantes. Elle se moque d’elle, aussi, puisque finalement, elle semble être comme elles, et qu’elle ne devrait. On perçoit aussi un brin de dégoût pour cette génération qu’elle abhorre, ces enfants-ordinateurs et ces poupées de cinq ans. « Je connais, oui. Je sais même que ça recommence fin mars, et je n’achète pas le programme télé. » Elle est décidée à lui citer toutes les séries qu’elle regarde sur la BBC, mais se dit successivement qu’elle risque de passer pour une larve audiovisuelle, qu’elle pourrait l’ennuyer, et que lui en envoyer trop d’un coup semblait lui correspondre que moyennement. Elle perçoit de plus en plus cette peur de l’inconnu chez lui, ce besoin d’être rassuré par des bornes usuelles, ses genoux par exemple, ou son tournevis. Qu’est-ce qu’il t’es arrivé Perceval ? Pourquoi tu as tant peur du noir ?
Perceval A. Rockwood
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Lun 4 Mar - 23:05
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Elle l'éclaire, il plisse légèrement des yeux, agressé. Il y a toujours ce petit sourire timide mais joyeux qui flotte sur ses lèvres, ses yeux qui pétillent comme un cachet d'aspirine jeté dans l'eau, ses genoux qu'il serre fermement contre lui, comme s'il avait peur que ses jambes s'envolent. Il a peur qu'elle lui réponde tout simplement un non sec, bref et méchant, comme on le lui en sert parfois, alors il reprend aussitôt. Ah, s'il avait su... ! Percy faisait rarement part de ses propres goûts aux gens autour de lui, il avait toujours peur de se recevoir un vent méchant comme il craignait d'en vivre un là. Les gens aux Mi6 étaient pourtant du genre tolérants, gentils et, dans la section Q, tous un peu geeks sur les bords. Mais quand même. De nature discrète, méfiante et secrète, non, il partageait rarement ses purs moments d'extase devant Rose Tyler ou ses frissons de peurs devant des Anges Pleureurs (qui, d'ailleurs, lui avaient refilé une frousse bleue des cimetières et des statues en général).
Il ne savait pas trop ce qu'il lui avait pris, de lui demander si elle connaissait. Elle n'était pas du tout, mais alors pas du tout, la fan type de Doctor Who – en même temps, à quoi sont-ils reconnaissables ? il se promènent parfois avec des tournevis soniques ou des nœuds papillons et ça s'arrête là. Elle était toujours très propre sur elle-même, soignée, très belle et distinguée... Percy l'imaginait même mal passer une seconde devant une télévision. Plus du genre à... à cultiver des tomates cerises sur son balcon et à appeler ses copines tous les soirs pour faire x chose féminine qui échappait complètement au jeune homme. « Vous pensiez que j’étais du genre à regarder American Idol à trois heures du matin pour être à l’heure américaine ? » lui répond-t-elle, finalement, et il se sent rougir des doigts de pied jusqu'à la racine des cheveux. Il y a quelque chose dans son ton que même un gars obtus comme Percy peut entendre : un pur et simple mépris, un dédain incommensurable, un certain cynisme aussi. Il baisse les yeux, pâlissant, toute trace de sourire disparue – il se sent affreusement désolé, a envie de lui dire mais les mots restent coincés dans sa gorge, par une boule de nervosité et de mal-être (oui, il se sent mal pour quelque chose d'aussi futile). Il est en train de réunir son courage à deux mains, pour ouvrir la bouche, parler et s'excuser mais elle le devance. « Je connais, oui. Je sais même que ça recommence fin mars, et je n’achète pas le programme télé. » Il la regarde d'en bas, tête baissée, yeux levés, tout le visage enfouit contre ses genoux, comme s'il voulait se soustraire à sa vue.
Au final (et choix ô combien surprenant, comme quoi le noir et le stress le menaient dans des extrêmes encore inexplorés, des états de conscience et d'esprit à la fois rares, surprenants et un peu apeurants, du point de vue de Percy), il choisit de répondre avec un petit humour, un peu pince-sans-rire, certes, mais un petit humour quand même. « J'imaginais plus Desesperates Housewives un mois après le final, pour vous faire un marathon avec les précédentes saisons durant tout un week-end. » Bon, d'accord, D'ACCORD, ce n'est pas de l'humour. Mais plutôt qu'une séance de bafouillages/marmonnements incompréhensibles en ordre, il a réussi à dire quelque chose a) sans bégayer b) qui, même si ça n'a pas d'intérêt, contribue à la discussion et sa remarque précédente. Cora Vasilis serait fière de lui, pense-t-il, même si c'est certainement le pire endroit sur Terre pour penser à cette tortionnaire qui ne songe qu'à le décoincer et le dérider.
Il soupire longuement, le nez toujours contre ses genoux, prend un air de véritable martyr. Le fanboy dans toute sa quintessence, à qui on vient de rappeler combien fin mars, c'est dans loin. Si il ne se sent ni d'humeur joyeuse, ni bavarde, il sait que le silence, plus que tout, le rendra fou. Et il ne peut décemment pas lui demander de faire la conversation toute seule (non?) donc il se force à être sociable, pour une fois. Et si ils restent coincés un petit bout de temps dans cet ascenseur, autant qu'ils ne se détestent pas tout de suite. Ou, au contraire, il pourrait tout simplement la forcer à le haïr ? Ca faciliterait bien les choses, quand ils seront réduits à s'entretuer pour l'oxygène. « Oui, fin mars... Cro-croyez-moi ou non, je compte les jours d'ici là. » Il lui offre un petit sourire pataud, la lumière verte terriblement pas avantageuse lui donne une allure de film d'horreur ou bien un air de constipé. Il penche la tête sur le côté, comme tout d'un coup plongé dans un questionnement existentiel, avant de délier lentement une jambe. La pointe de sa chaussure, une Converse bleue électrique aux lacets défaits qui jure avec sa chemise à carreaux, arrive au bout du tournevis sonique-torche et, d'une petite poussée, il l'envoie valser vers Charlie. Rebondit contre le mur de l'ascenseur, puis sur le pied de la jeune femme, dans un tourbillon confus de lumière verte. « Vous... vous pouvez le garder si vous voulez. » Il rougit, ramène son genou contre son torse, le serre à nouveau, d'angoisse cette fois : comme si se faire du mal, blanchir ses phalanges et laisser des marques rougeâtres sur la peau de ses jambes, allait faire partir la gêne. « Il faudrait peut-être qu'ils se dépêchent de nous tirer d'ici... à ce rythme, vous... vous allez louper votre American Idol, si c'est ça vo-votre péché mignon. » Il était à peine vingt heures trente... mais quand même. Ils allaient pas les laisser indéfiniment ici, hein ?
Dernière édition par Perceval A. Rockwood le Sam 9 Mar - 16:10, édité 1 fois
B. Charlie Gallagher
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Sam 9 Mar - 15:45
★
Elle commence à trouver le temps long, Charlie, et c’est avec un soupir fataliste qu’elle se souvient de son thermos de café vide dans son sac. Elle déglutit lentement, comme pour prouver au monde qu’elle a vraiment soif, que sa gorge est réellement sèche. Elle sait qu’on peut survivre trois jours sans boire. Elle connait même les symptômes d’une déshydratation, dans l’ordre chronologique, de la première minute à la dernière seconde. Bien sûr, le manque de salive en fait partie, mais ça fait à peine un quart d’heure qu’ils sont coincés dans l’ascenseur et elle se reprend. L’angoisse, toujours, est capable de s’infiltrer en vous, parasite de l’encéphale, et de vous faire croire que vous vous tenez sur le rebord du monde, à deux doigts de la chute. Ils ne sont définitivement pas en train de mourir, même si l’absurdité de la situation porte à croire qu’ils sont dans une autre dimension.
Elle en est là de ses réflexions bilieuses et sa voix s’élevant sans interruption de l’ombre en face la surprend. « J'imaginais plus Desesperates Housewives un mois après le final, pour vous faire un marathon avec les précédentes saisons durant tout un week-end. » Elle remarque à peine qu’il n’a pas bégayé, trop inspirée par ce qu’il vient de lui dire, tout fier, tout moqueur. C’est marrant comme ils peuvent se sentir plus à l’aise l’un par rapport à l’autre dans cette cabine que s’ils s’étaient croisés à l’infirmerie, en pleine lumière. Le temps qu’ils viennent de passer ensemble est insignifiant, mais ils en sont à échanger leurs avis sur le programme télé, assis par terre, à travers l'obscurité palpable. C’est un peu comme si, dans le noir, ils avaient le droit d’être naturels. Comme si, sans voir leurs joues rosirent et leurs mains trembler, ils étaient libres de parler sans risque. Elle oublie donc qu’un instant plus tôt, il était bègue et sourit lorsqu’il renchérit sur la médiocrité de certaines émissions américaines. Même si c’est de l’humour, même si c’est un poil parodique, elle sait qu’il a parfaitement raison et que dans ce bas monde existent des potiches du genre. Honteusement, elle se rappelle qu’elle en connait, qu’elle a pris des verres avec ces filles, qu’elle les a invité à s’assoir sur son canapé. Un petit rire approbateur sort de sa gorge alors qu’elle secoue la tête, niant toute implication dans de telles activités illicites et crétinisantes.
« Oui, fin mars... Cro-croyez-moi ou non, je compte les jours d'ici là. » Remettre la conversation dans l’ordre lui prend quelques secondes, et elle se souvient enfin de quoi il parle. La saison inédite de Doctor Who. Il semble d’ailleurs l’attendre avec impatience, elle peut le lire dans son regard qui constitue la seule image nette qu’elle a de lui. Il a l’air tout pitoyable, roulé en boule dans son coin, verdi par son propre tournevis, agacé par l’attente, à la fois de la BBC et du service d’ascenseurs. Leurs deux esprits diffèrent à cet endroit-là, et elle préfère ne pas pousser la conversation dans son sens. Elle ne veut pas le décevoir en lui expliquant qu’elle regardera la suite quand l’image s’affichera à l’écran, et qu’elle n’ira pas rechercher des sneak peeks sur internet avant le jour fatidique. Que finalement, même si elle connait, même si elle a eu le tournevis dans la main, elle n’est pas comme lui. Qu’une fois de plus, ils sont tous les deux seuls dans l’ascenseur. Chacun de leur côté.
Peut-être qu’il a ressenti la même chose, peut-être qu’il a eu peur de laisser le silence s’installer. Peut-être qu’il a peur d’être seul, de rompre le semblant de lien qu’il ont construit aussi solidement qu’un château en Kaplas ou qu’une bibliothèque Ikéa. Toujours est-il qu’il tend la jambe vers elle, et un moment, elle se redresse, imaginant avec difficulté qu’il soit parti pour lui faire du pied. Mais il se contente de shooter dans son tournevis, son bijou qu’elle pensait si fragile, pour lui envoyer aussi maladroitement que possible. L’objet arrête sa course sur le bout de l’escarpin noir de l’infirmière, et elle s’en saisit à nouveau, glissant deux doigts délicats sur l’arrête du gadget à la recherche d’une éventuelle blessure mécanique post traumatique. « Vous… vous pouvez le garder si vous voulez. » Elle lâche la lampe improvisée des yeux pour plonger ses yeux dans les siens. Il la regarde comme s’il méritait que le monde entier lui en veuille. Parce qu’il a osé taper dans son tournevis et faire un peu de bruit, à priori. C’est ridicule, tellement ridicule, pourquoi est-ce qu’il s’inflige ça à lui-même ? Elle balade son regard sur son visage et sur le tournevis, cherchant un lien entre les deux. Elle hésite à refuser, c’est ce que font les gens, baisser la tête et tendre la main en repoussant un présent à coups de « il ne fallait pas. ». Mais deux minutes plus tôt, elle en avait envie, vraiment envie. Partant du principe que ça pourrait lui faire un souvenir une fois rentrée chez elle, une preuve, même, que ça s’était réellement passé, elle le serre dans sa main, éclairant le coin de mur qui les sépare, tentant de donner une luminosité équivalente à leurs deux visages. « Merci... »
Il dit quelque chose à propos d’American Idol mais elle ne l’entend qu’à moitié, à nouveau absorbée par ses yeux à qui le tournevis donne des reflets verdâtres. Elle ne veut pas retourner au fond de l’ascenseur. Elle ne veut pas repenser à la sécheresse buccale, au manque d’oxygène et aux pluies d’acides. Elle veut conserver ce lien qu’il a réinstauré en tendant le pied, si insignifiant ait été le geste. Mais c’est à elle de gravir la deuxième marche, parce qu’on ne doit pas souvent demander la lune à Perceval Rockwood, ou littéralement seulement. Elle se demande si c’est plus poli de se présenter avant de demander le nom de son vis-à-vis ou si la coutume veut qu’on fasse l’inverse. Elle est facilement tentée de faire les deux en même temps et se glisse imperceptiblement vers lui. « Merci. Hm… ? » Elle répète donc, rajoutant en plissant les lèvres cette syllabe si particulière à qui elle donne un goût de « Je crois que je ne connais pas votre nom ». Elle tend ensuite sa main droite, ayant fait glisser le tournevis dans la gauche, et lui offre un sourire absolument vert. « Moi c’est Charlie. »
Perceval A. Rockwood
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Mar 12 Mar - 9:08
i'm up and coming like i'm fucking in an elevator
« Merci... » Tout comme certains refusent tel cadeau, les autres se permettent de dire que ce n'est pas grand chose. C'est tout à fait dans le style de Percy de dire cela, d'ailleurs. Toujours tout donner et prétendre que ce n'est rien, la politesse d'après lui, la preuve suprême de respect et d'attachement. Mais pas dans le cas du tournevis sonique-torche. C'est grand chose. Mais il sait qu'il peut s'en refaire un, qu'il a le bleu à la maison, les jouets aussi. Et puis son ton ne laisse pas entendre qu'elle trouve ce présent ridicule – elle l'aurait refusé, sinon – même si il l'est un peu. Offrir un tournevis sonique-torche dérivé d'une série télévisée à une inconnue, dans le noir, coincés dans un ascenseur... où allait le monde ? C'était le genre de situation absurde qu'on ne voyait que dans les films américains. Vraiment. Il pria tous les dieux qu'elle ne parvienne pas à la même conclusion et se penche, style Gosling et Mulligan, pour l'embrasser – il n'y survivrait certainement pas. Le silence tombe comme une feuille au début de l'hiver, lentement, tourbillonnant puis, définitivement. Il s'installe, Percy n'ose reprendre la parole, de peur de paraître maladroit, intéressé et idiot, toujours. Lui qui se prétend au-dessus de tout ça, le voilà bien embêté. Il a les oreilles trouées par le manque de son, juste son cœur qui bat dans sa poitrine, d'abord lentement puis à un rythme de plus en plus soutenu. La sensation d'étouffement, à nouveau. Ils pouvaient pas brancher leurs ascenseurs sur un bon secteur, nom de dieu ? Ca allait gueuler (façon de parler) le lendemain, lorsqu'il irait voir les responsables de la sécurité.
Il voit qu'elle observe le cadeau avec attention, ses yeux louchant un peu sur la lumière verdâtre, comme si elle y cherchait la réponse à toute question. Il décide de ne pas se formaliser, après tout il doit être d'un ennui à mourir avec ses discussions stériles et ses bégaiements à répétition. Il s'est résolu à observer toutes les phalanges de ses doigts, se jetant corps et âme dans l'inspection de ses mains, pour oublier trente secondes l'espace confiné qui voit se réunir deux personnes diamétralement opposées. Voilà, les mots sont jetés. Diamétralement opposés. Ils n'ont strictement rien en commun – à part cette connaissance de la susnommée série télévisée culte et, peut-être, la malchance constante de se retrouver dans des situations du genre – et leur conversation, ponctuée de silences lourds, n'est pas forcément la plus détendue et à l'aise qu'il soit. Un monde les sépare. La faute à l'infirmière qui creuse des fossés autour d'elle ou à Percy qui se cloître dans son propre univers ? En tout cas, maintenant, ils sont forcés de respirer le même air plus qu'une fraction de seconde et obligés de se parler s'ils ne veulent pas finir complètement tarés du ciboulot. Personne n'aime la contrainte.
La feuille est écrasée, Percy sent même le désintéressement monter en Charlie, comme un ascenseur high-tech qui, lui, ne s'arrête pas en pleine course. Il se sent un peu ennuyé, rapprochant sa main de son visage pour essayer d'y discerner ses empreintes digitales, en vain. Du mouvement, il relève aussitôt la tête, sur le qui-vive. Des secours ? Son compagnon d'infortune qui fait un infarctus ? Ou tente sournoisement de l'assassiner dans le noir ? Non, elle se rapproche juste. Un peu. Bruissement de tissu, chaleur qui se rapproche, l'obscurité angoissante qui étouffe le reste. « Merci. Hm… ? » Ses yeux, vert mordoré ou marron clair, impossible à deviner, sont percevables à l'éclairement de la lampe. Ca lui donne un regard de psychopathe, Percy sent même une sueur froide lui dévaler le dos. Hm. Elle semble chercher sa prochaine phrase puis, le sens de cette hésitation prend tout son sens dans l'esprit de Percy, qui éclate en mille morceaux. « Perceval. » dit-il, s'appliquant sur le prénom – sa mère a toujours insisté pour qu'il insiste là-dessus « c'est Perceval, pas Percival » comme si prendre le nom d'un chevalier à la française allait mieux le préparer à la vie que la version anglo-saxonne. Il aurait pu aussi lui dire de l'appeler Percy mais c'est faux, elle peut pas, il ne la connait même pas. Enfin. Charlie, infirmière, coincée dans une boîte en métal avec lui... pas suffisant.
Elle tend la main vers lui en souriant, elle a l'air crispée, la lumière donne des reflets étranges à son visage. Pourtant, un petit sourire s'invite aussi sur les lèvres du chercheur, sourire qui danse légèrement, hésitant et sur le point de s'éteindre. « Moi c’est Charlie. » Il aurait pu tout aussi bien lui dire « je sais » mais après, elle va croire qu'il est obsédé par elle. Ca lui est déjà arrivé, des choses du genre. Se souvenir de tout, comme quoi, peut avoir autant d'avantages que d'inconvénients. Il tend la main à son tour, serre légèrement celle de Charlie. « J'aimerais bien vous dire que je suis ravi de vous rencontrer... mai-mais... » il regarde autour d'eux avec un air évident, sourire maladroit, haussement d'épaules qui résume la situation. Plus nul, songe-t-il, tu meurs. Il lâcha sa main, au final. Si ce genre de remarque peut vexer certaines personnes, le chevalier Perceval de Rockwood ne s'en rend pas compte, replonge dans la découverte de ses phalanges un bref instant avant de planter à nouveau ses yeux dans ceux de Charlie. Ils sont vert mordoré.
« Vous-- » il commence, parce qu'elle s'est rapprochée et a demandé son nez, peut-être qu'elle veut une petite discussion aussi. Mais il est interrompu par l’ascenseur. Non pas que la machine ait soudain l'envie singulière de se mêler à la conversation, mais la personne qui la coordonne, si. Un chuintement, suivi d'un grésillement et d'une voix informatisée, dépersonnalisée par le bruit qui couvre le message. « Allô ? Allô les gars, y'a quelqu'un ? » Silence. Percy, qui a levé les yeux vers le téléphone rouge qui, enfin, semble vouloir luire légèrement, plonge un regard ahuri dans celui de Charlie. « Nan Jeff y'a personne. » comprend, à grand mal, Perceval. Ces cinq petits mots distillent une adrénaline et une nervosité sans fond ni comble dans les veines du chercheur. Ils allaient pas les laisser moisir là pour l'éternité, hein ? Il saute sur ses pieds, se rapproche d'un bond vers le panel de boutons et d'inscriptions en braille pour les malvoyants. « Si ! Si y'a quelqu'un ! » crie-t-il, pour que Jeff et son camarade entende. Enfantinement, il a une main avec les doigts croisés derrière son dos ; l'autre appuie à plusieurs reprises sur le bouton rouge. « S'il vous plaît, on est deux, s'il vous plaît ! » implore-t-il presque, on dirait qu'il veut arracher des larmes à la machine. Silence. Juste le grésillement La communication n'est pas encore coupée. Il se souvient qu'il signé une clause du contrat lui rappelant de pas devenir un agent double et de rester dans les cadres, genre ne divulguer aucune information relative au boulot autour de vous. Que ces gens existent au sein du bureau. Et que, peut-être, les coordinateurs de l’ascenseur numéro trois en sont et qu'ils veuillent s'assurer que personne ne se trouve dans les ascenseurs avant d'enclencher la phase deux de l'attaque terroriste.
Percy s'apprête à demander s'ils sont toujours là quand la voix retentit à nouveau, brise le silence. « Désolé les gars mais on doit tout couper pour redémarrer le système. On vient bientôt vous chercher. » « Mais vous ne comprenez pas on-- » trop tard, c'est fini, la lumière s'éteint. Perceval regarde le bouton comme s'il venait de l’agresser personnellement. Il appuie une fois, deux fois. Il se sent l'envie de donner un coup de pied sur les parois de métal jusqu'à ce qu'elles se remettent en branle mais il sait que cela ne servira à rien. Il se relaisse tomber à sa position initiale, hébété. « Au moins ils savent qu'on est là » dit-il simplement, quoiqu'un peu amer.
B. Charlie Gallagher
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Mar 19 Mar - 0:05
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Il dit s’appeler Perceval, Perceval avec un e, Perceval comme en français. Perceval comme un chevalier, comme un cavalier audacieux, comme le brave mercenaire qu’il ne deviendra probablement jamais. Comme Perceval ou le conte du Graal, aussi, qu’on a fait lire à Charlie en cinquième, dans son petit collège parisien. Elle se souvient même du portrait dessiné sur la couverture, ici, maintenant, dans un ascenseur pendu par un fil au milieu d’une Londres nocturne. D’un air absent, elle laisse ses yeux s’évader sur le visage de son vis-à-vis, imaginant une épée à son flanc et une barbe claire grignotant son menton. Pâle copie du légendaire chevalier de la Table Ronde, Perceval Rockwood reprend possession de son corps, astreignant Charlie à se contenter de ses joues imberbes, vertes et tressaillantes. Elle se présente, néanmoins, tendant sa main libre telle un drapeau blanc entre deux tranchées. C’est Joyeux Noël, c’est l’armistice, c’est la bouée de sauvetage du Titanic lorsque leurs deux mains rentrent en contact et qu’ils amarrent leur navire l’un à l’autre. « J’aimerais bien vous dire que je suis ravi de vous rencontrer… mais-mais… » Il lui rend sa main, l’ayant à peine pressée et rompt tout contact visuel pour aller planter ses yeux brillants au plafond, sur les murs, jusqu’au bout de ses chaussures ; sur tous les points de fuite qui ne sont pas anatomiquement possédés par Charlie Gallagher, semble-t’il. Elle croit l’avoir perdu à nouveau lorsque ce haussement d’épaules, profond, lent, un poil désolé, souffle comme un vent opposé à ses voiles. Elle s’accroche à lui, lui lance des perches démesurées, l’attaque de ses pupilles aux tons mélangés, voudrait presque lui planter un éclair de tournevis sonique dans le nez (et quel nez). Il s'autorise enfin à relever la tête, et c’est une sorte de jeu de bagages à l’aéroport, en fait, parce qu’ils ne se regardent l’un l’autre en même temps que rarement. « Vous… »
Un sourcil trouve utile de se dresser sur son front alors qu’elle tend le cou vers lui, attendant la suite, pardonnant silencieusement sa lenteur d’élocution. Parce que ses tympans mal entrainés n’ont pas saisi le grésillement du boitier de l’ascenseur. Parce qu’elle est habituée à écouter ses patients grincer et que Perceval écoute ses circuits imprimer siffler. Parce qu’ils sont faits différemment et que ce soir, c’est son domaine à lui, il est le plus réactif quand la voix – une vraie, une humaine, une d’homme – s’extirpe avec difficulté d’un haut-parleur invisible. « Allô ? Allô les gars, y a quelqu’un ? » Charlie se contente d’ouvrir la bouche bêtement, certaine que son chevalier d’ascenseur a un plan. Mais il ne réagit pas, et seules leurs respirations combinées font écho à la voix crépitante. Elle se retourne vers lui. Il se retourne vers elle. Perceval et Charlie, à cet instant, ce sont deux poissons japonais à yeux globuleux lorsqu’on verse des copeaux colorés à la surface de leur aquarium. Ce sont deux imbéciles qui se sont rapprochés l’un de l’autre sans vraiment faire attention, une converse sous les doigts, un tournevis dans la main. Ce sont deux gamins paumés au supermarché qui ont trouvé une maman qui n’est pas la leur sous le même manteau de fourrure. C’est finalement un « Mais… » rauque de Charlie et un bondissement de Perceval : une réaction trop lente, trop tardive. Trop tard. « Nan Jeff, y a personne. »
Le cerveau de Charlie sort du coma. Elle se lève à la suite de Percy, beaucoup trop rapidement, et perd l’équilibre une fois sur ses pieds. Le sang bat dans ses tempes mais elle se précipite sur le boitier de l’ascenseur, sur Perceval le Chevalier, sur la voix qui s’est évanouie. D’une même clameur, ils hurlent, lui, tapotant frénétiquement sur le fameux bouton rouge, elle, piétinant dans son dos, de l’eau dans les yeux. « Si ! Si, y a quelqu’un ! » « On est là ! Venez nous chercher ! » « S’il vous plait, on est deux, s’il vous plait ! »
C’est très fréquent, chez Charlie, les larmes. Ça fait partie de la famille, c’est un événement normal, elle ne réfléchit même plus avant de jeter un paquet de mouchoirs dans son sac le matin. Elle pleure pour tout, mais surtout pour n’importe quoi. Qu’il faille être triste, joyeux, amoureux ou effrayé, ses yeux ont une capacité exceptionnelle à se remplir d’eau salée en un temps record, sans prévenir. Alors bien sûr, il y a les formules magiques, les gestes qui sauvent, le chatouillement du palais avec la langue, qui préviennent une catastrophe (un compliment de trop pendant une réunion importante, une réduction sur Oxford Street, un métro raté). Ce soir, l’adrénaline a grimpé comme une flèche de ses orteils à ses yeux, s’échappant à toute allure en donnant un coup de coude aux glandes lacrymales de l’infirmière, ne lui laissant le temps de ne rien faire. Elle essuie mécaniquement ses paupières inférieures, faisant attention – dans l’ordre – à son mascara, son eye-liner et son fond de teint. Elle sait pertinemment qu’elle n’a plus grand-chose à cacher à Perceval, qu’ils sont tous les deux verts, cousins d’un cadavre repêché dans la Tamise après trois semaines de dérive. Elle recule, réalisant à peine qu’elle est bien trop proche de lui, de cet être chétif et trouillard, rejoignant le mur de derrière. Elle s’y appuie, fixant bêtement les boutons colorés du boitier silencieux. Elle referme enfin sa bouche sur son index, grignotant nerveusement une peau amère, salée, ferrugineuse. Bonne pioche, il y a du sang sur celle-ci.
La voix qui reprend est lointaine et Charlie ne croit plus vraiment à son existence. « Désolé les gars mais on doit tout couper pour redémarrer le système. On vient bientôt vous chercher. » Elle accepte, Perceval proteste. Elle glisse sur le mur, il griffe presque le boitier. Elle se mord la lèvre, il réplique vivement, sans hésiter, sans trébucher. « Mais vous ne comprenez pas on… » Elle l’entend finalement retomber sur le sol, le bruit sourd joue le rôle de générique de fin. L’épisode vous êtes sauvés est terminé, nous vous proposons maintenant une demi-heure d’entracte sans lumière ni nourriture. « Au moins ils savent qu’on est là. » Il grogne à nouveau, et le fait qu’il soit devenu si bavard attire l’attention de Charlie, la sort de son état d’ahurissement passager. Ses yeux quittent le point imaginaire auxquels ils s’étaient accrochés et viennent se poser sur la tête de Perceval, plus bas. Elle le couve du regard, silencieuse, l’enveloppant de ses bras gigantesques imaginaires. Elle a envie de le rassurer pour se rassurer, d’aspirer sa colère pour se calmer. S’appuyant sur un pied, elle enlève un escarpin. Elle fait un pas en avant sur ses orteils nus et, soudainement unijambiste, se déchausse du côté gauche. Les chaussures sont abandonnées de l’autre côté de la cabine et leur propriétaire s’avance vers Perceval, ramassant au passage le tournevis luisant perdu sur le sol dans le feu de l’action.
Elle s’assoit à côté de lui, finalement, pas juste à côté de lui, parce qu’elle imagine mal gérer Le Cri de Munch dans un ascenseur maintenant, mais pas trop loin de ses jambes pliées. C’est aussi sans trop réfléchir qu’elle se pose par terre, adoptant la même position que lui, genoux sous le menton, lui jetant un regard en coin curieux, histoire de savoir si la distance entre leurs os illiaques lui est suffisante. « Dis-moi, Perceval, tu viens de France ? » Elle s’avance dans le silence qui les enveloppe parce que c’est vrai, réfléchir tout seul dans le noir, en présence d’un tiers, ça devient rapidement malsain. Il faut parler, il faut se battre contre cette saloperie de mutisme, ce manque de bruit flagrant. Aussi, comme si l’ascenseur n’avait jamais haussé la voix, elle se relance dans l’étude détaillée de son prénom, cherchant en vain à désosser ses précédents monologues pour y déceler un quelconque accent révélateur.
La fin de la question est en français. Elle l'a fait exprès mais sans s'interroger, elle veut savoir s'il comprend, savoir qui il est. Et le tournevis qu’elle fait tourner, tourner, tourner entre ses doigts, agitant la boite métallique de reflets glauques et étourdissants...
Perceval A. Rockwood
« votre nouveau téléphone. parler ici, écouter là »
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy Dim 7 Avr - 18:18
i'm up and coming like i'm fucking in an elevator
L'espoir avait explosé dans son cœur comme une petite bombe. Pendant un bref instant, il s'était même apprêté à retrouver un Superman avec un bright smile et des gros biscotos, en train d'ouvrir les portes de l'ascenseur de force... mais non, rien, nada, que dalle, niet. Ils pouvaient tout aussi bien crever. Juste après que le grésillement se soit interrompu, il avait eu l'impression que l'entier cosmos était contre lui. On a l'impression qu'on lui a coupé les jambes au niveau des genoux, tant il se laisse tomber sur le sol métallisé de la cabine avec lourdeur et maladresse. Son crâne vient s'échouer contre la paroi derrière lui dans un clong ! sonore alors qu'il laisse échapper son grognement de petit bavard, de nouveau bavard angoissé et nerveux. Silence has fallen pense-t-il amèrement en posant avec brusquerie ses doigts sur ses paupières pour les masser douloureusement, dans le vain espoir de se réveiller d'un mauvais rêve. Il ne doute pas un seul instant que sa semaine va se finir dans des cauchemars de noir, de silence et d'étroitesse. D'étouffement aussi. Sérieusement. C'est pas le bruit de l'oxygène qui s'échappe, ça ? Non, juste sa compagne de mauvaise aventure qui se... se déchaussait, d'après ce que pouvait voir Percy. Il mit aussitôt la fonction résister-à-un-viol en branle (ça lui arrivait plus souvent que quiconque aurait pu l'imaginer, la mise en branle de cette fonction) et ses muscles se tendirent – elle se contenta de s'asseoir à côté de lui.
Il retient sa respiration mais tout va bien. Il a son espace vital, c'est bon, il peut respirer, tout est ok. Enfin, tout serait ok si ils n'étaient pas coincés dans une cage d’ascenseur en suspension dans le vide, éclairés seulement d'un tournevis sonique verdâtre et avec leurs psychologies radicalement... opposées. Il a entouré ses genoux de ses bras, enfouit son nez dans son coude, attend patiemment que le petit grésillement reprenne, que la voix résonne, que l'appareil se remette à bouger. Mais rien n'arrive. Il tente d'ignorer la flagrance sucrée de la blonde qui lui agace les narines et sa présence et son souffle si proche et ses jambes à... à environ quinze centimètres des siennes. Plutôt treize, en fait. « Dis-moi, Perceval, tu viens de France ? » Il aligne une paire d'yeux ronds en osant glisser un regard vers elle ; il a les joues un peu rouge en se rendant compte que c'est un peu moins de treize centimètres de distance. Il a un petit bug. Anglais, français, anglais, français, franglais, ançais ? Il s'humidifie les lèvres, hésitant, avant de dire lentement : « pas le moins du monde » finit-il par dire dans la langue de Molière. Il a ce petit accent attachant, cette marque indélébile britannique qui s'accroche jalousement à sa langue. Pourtant, si il a hésité avant, sa phrase est assurée, presque naturelle. Le français n'a pas de secret pour lui, défile dans son cerveau toutes les conjugaisons, toute la grammaire, tout ce petit vocabulaire. Les langues sont simples, pour Percy. Il lui suffit de lire trois manuels différents et, théoriquement, il peut parler la langue. C'est plutôt génial, pour un avide de savoir comme le jeune homme.
« Et vous ? » reprend-t-il dans le même langage. C'en serait presque idiot de demander. Mais Charlie ça prête à confusion. Charlotte peut-être ? Charline ? Infirmière au Mi6, aucun accent francophone, une touche londonienne dans la gorge. Mais pourtant, la question a été posée avec désinvolture, naturel. Il placerait environ soixante-dix pourcent de chance sur sa nationalité française ou, a moins, la double. Il pince des lèvres, s'apprête à lui expliquer la différence entre Percival et Perceval mais non, c'est idiot et inutile. Elle s'en fiche, en plus. « Je viens de Dublin » précise-t-il alors simplement, même si ça aussi elle s'en fiche. Il se rappelle un peu trop de Dublin. Comment il entraînait constamment sa mère sur la Liffey pour faire mine d'avoir son propre bateau sur la péniche touristique, tournevis sonique bleu brandi devant lui. Comment il était content, bien loin de ces tracas d'enfant sans mère et sans amis, de prime. Comment il était ce petit Perceval avec un e ravi de la vie. Là, on pouvait juste dire qu'on l'avait ravi à sa vie sociale. « La France est sûrement un beau pays, j'aimerais bien y aller. » marmonne-t-il pensivement à lui-même, les yeux perdus dans le vide. Sa mère lui parlait sans arrêt de la France. Sa mère, sa mère, encore sa mère, sa mère. C'était à partir de quel moment qu'il passait au-delà de tout ça et arrêtait de penser constamment à elle ? Il aurait vendu son âme pour oublier. Tout oublier. C'était ça, sa malédiction. En plus d'être coincé avec une fille odieusement jolie et tout aussi odieusement proche. A croire qu'on faisait exprès de l'accabler de plus en plus, à mesure que le temps passait.
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Sujet: Re: if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy
if you die in an elevator, be sure to push the up button ▬ percy