26 ANS / LONDRES 16.09 / UK - ITALIE
MI6 - AGENT SECRET 017 / THE BERETTAS / IAN SOMERHALDER

J'ai le cerveau en mode pilote automatique, je reproduit simplement des gestes que j'ai fait milles fois sans hate, depuis que le vol de New-York s'est posé à Londres, par habitude. Je suis descendu de l'avion et je me suis rendu directement à l'agence de location de voiture, sans récupérer de baggages car je n'en ai pas. J'ai ramené aucun souvenir, je me bat pour oublier les traces dans ma mémoire, le volume de mon lecteur mp3 au maximum pour m'empêcher de penser. J'ai réglé la location avec une carte de crédit "corporate", j'ai pris les clés et j'ai à peine remercié l'employée charmante au comptoir, du bout des lèvres. Je suis épuisé, au bout du bord. En arrivant chez moi, même procédé. La clé qui tourne dans la porte de l'appartement, le paquet de courier d'un ans récupéré chez le concièrge lâché sur une table basse, direction la douche pour me laver la conscience. Je suis parti d'ici il y a un ans, 12 longs mois pendant lesquels j'ai espéré chaque jour qu'arriverais enfin le moment de revenir ici, et maintenant que j'y suis, l'atmosphère est morose. Je crois que je suis obnubilé par la question de savoir combien de temps il me reste avant qu'ils viennent me briser les noix. Une semaine, deux, un mois ? "Reporting for duty" c'est comme ça qu'ils appellent ça, nouveau dossier, nouvelle mission. Je travaille pour le MI6, je suis agent secret, je porte le chiffre 017. Et ça m'a pris des semaines, et des semaines...pour me rendre à l'évidence: je suis pas un hero, juste un employé qui fait son taf. Y'a des types qui se lèvent le matin, leur job c'est de s'installer à leur bureau d'une tour du quartier financier. Le miens, c'est de buter des mecs avec la permission de le faire dans l'idéal. Chose que je n'avais pas à la base.

J'ai jamais vraiment su pourquoi on m'envoyait en mission aux USA, je savait juste que le dossier, nom de code Juventas avait été ouvert des années, peut être 5 voir même 7, avant qu'il échoue entre mes mains et ma responsabilité. C'était un dossier chaud, très chaud, et pas le genre d'opération qu'on est heureux de récupérer non, parce-qu'on sait quand on part mais on ne sait pas quand on vas revenir, si on reviens. Mes supérieurs en avait conscience, mes collègues en avait conscience, et moi aussi.

C'est pas facile de concilier vie professionnelle et vie personnelle, sentimentale qui plus est, quand on travaille au MI6. A vrai dire, c'est impossible. J'irais même jusqu'à dire interdit. Juventas à été le point de rupture entre Summer et moi-même. Nous étions arrivés à un stade de notre relation ou il était évident que l'un de nous devait faire le premier pas vers l'autre. Dans un monde peuplé uniquement de licornes avec des arcs en ciel en décors, j'aurais du lui annoncer la nature de mes sentiments pour elle. Dans le monde réel je lui ai annoncé que je partais sans qu'elle sache pourquoi ni sans savoir quand je reviendrais puisque je ne le savais pas moi-même. J'ai été incapable de lui dire que je pouvait très bien ne pas revenir mais j'ai tenu à la protéger de cette réalité en repoussant le premier pas qu'elle à fait vers moi.

Mes premiers mois aux USA se sont résumés à une successions d'entrainement et de missions en collaboration avec la CIA, plus les semaines passaient plus on se rapprochait d'un but que j'ignorais encore jusqu'au jour ou on est venu me chercher pour un briefing. Je suis monté dans un SUV aux vitres teintés et le voyage à duré plusieurs heures sans arrêt. En descendant ce qui m'a d'abord frappé c'est la chaleur du désert sur des kilomètres à la ronde, ensuite j'ai découvert la destination: une base militaire américaine. On m'a enfermé dans une pièce dans laquelle personne ne pouvait entrer, et de laquelle personne ne pouvait sortir. Il y avait juste le petit groupe de personnes sélectionnées et les mecs les plus hauts gradés de l'US NAVY. J'ai compris qu'on y était. J'étais aux USA depuis près d'un an le jour ou on m'a emmené la bas. Je suis le genre de mec à faire des blagues partout, tout le temps, en toutes circonstances même les plus graves, mais j'ai senti sur le moment que je devais me la fermer, on était sur quelque chose de très grave et d'absolument sérieux, programmé pour le lendemain. Abattre le nouveau chef d'une faction terroriste-internationale-aux motivations religieuses-extrèment puissante. Dis comme ça, ça ressemble à la routine pour n'importe quel agent secret, cependant, connaissant le pourcentage du facteur décès en cours de mission, et ce que j'allais apprendre plus tard, autant dire tout sauf une partie de plaisir.

J'ai plutôt bien dormi cette nuit là. Ce n'est que le lendemain, alors que je faisait les cents pas sur la base en attendant de monter dans l'avion qui devait nous conduire sur place que j'ai commencé à me poser les vrais questions existentielles. Alors j'ai pris mon téléphone portable et j'ai passé 1 appels sur 2. Le premier était pour le répondeur de M à qui j'ai laissé un message pour leur dire qu'ils étaient tous "complètements malades" sur un ton qui laissait entendre que je le pensais à 101% mais que j'allais le faire quand même. Le deuxième appel, celui que je n'ai pas passé, était destiné à Summer. Il y a des choses qui ne se comprennent pas. Dans ma main il y avait l'enveloppe de papier craft qu'on m'avait remis une minute plus tôt. Un agent de la CIA est venu me reprendre mon téléphone portable comme le voulait la procédure, alors je lui ai donné puis j'ai ouvert l'enveloppe qui comportait le portrait de "l'homme" à abattre. Le nouveau chef religieux était un gamin à qui j'ai donné 14 ans, maximum.

En rentrant de mission, après avoir fait mon taf proprement, on m'a laissé tranquille. Bien trop tranquille. On m'a à peine félicité, on l'a fait bien sur, mais je n'ai pas reçu de traitement de faveur à l'issue favorable de Juventas. Au contraire, puisque j'ai tué sans permis. Pendant quelques temps je suis resté sur place à travailler avec les forces spéciales américaines en guise de punition qui se ferait d'elle même. Je n'arrivais pas à me sortir de la tête que j'avais descendu un gosse qu'une bande d'allumés fanatiques propriétaires d'armes de destruction massive appelaient un prophète. Tout me paraissait démesuré, j'ai pris conscience du poids des mots que j'avais adressé à M avant de partir en mission: tous des malades. Eux, les ricains, moi. Rien que le fait de me retrouver armé jusqu'au dent et de tirer à balles réelles sur mes collègues à l'entrainement me semblait juste dingue et je commençait à le devenir aussi. Et puis la nouvelle est tombée: j'avais assez moisi aux USA, visiblement, et j'étais rapatrié à Londres proche du quartier général du MI6. Ca voulait dire pleins de choses. Que je pouvais enfin rentrer chez moi, que le MI6 aurait sans doute à nouveau besoin de moi dans un futur proche après m'avoir passé le savon de ma vie, et que mes chances de croiser Summer passaient de 0 à 100 en trois secondes. Les chances, ou les risques. Dans ce métier on compte très peu sur les premières, et on à un conscience exacerbé des deuxièmes. Les risques qu'en un an, je soit devenu un homme différent, pas celui que j'aurais voulu être mais celui qu'il ont fait de moi.

Il est à peu près 23h quand je sors de chez moi sous la brume de Londres les cheveux encore trempés, et je ne fait que traversé la rue pour me rendre dans une de ces vielles cabine téléphoniques à pieces. Je met celle que j'ai trouvé dans une vide poche de mon appartement et je compose un numéro que je connais par coeur pour peu qu'elle n'ai pas changé d'opérateur depuis tout ce temps. On décroche au bout du fil. "Allo ?". Je reste silencieux quelques secondes, et je décide de raccrocher. Annoncer mon retour si c'est pour repartir dans quelques semaines, est-ce bien utile ? Je préfère me rendre à l'épicerie du coin de la rue toujours tenue par un pakistanais qui me déboule une multitude de questions à propos de mon absence, alors que je lui achète une bouteille de bourbon qui servira à effacer mes souvenirs des USA, et le manque, au moins pour cette nuit.



+ POURQUOI AS-TU VOULU DEVENIR UN ESPION POUR LE Mi6 ?

Quand j'étais petit je voulais être un Jedi. On deviens pas espion parce-qu'on le veux. Quel est le pourcentage des gosses qui répondent qu'ils veulent devenir espion ou astronautes quand ils seront plus grand qui réalisent leur rêve ? 0,01%. Parce-qu'espion c'est pas un rêve. On grandit, on se rend compte que nous seulement les chances d'y arriver sont égales à peu de chose mais que la réalité du métier est pas spécialement épique, finalement. Je suis devenu espion parce-que j'avais des prédispositions physiques et mentales et que le recrutement du MI6 m'a collé au train pendant des années avant de me proposer un job. J'ai accepté parce-que même s'il règne une règle du no attachement sévère, plus qu'un boulot c'est une raison d'être que le MI6 te proposes quand il viens te chercher. Chose que je n'avait pas forcément avant, ils savent choisir vous inquiétez pas.

+ QUE T'INSPIRE LE FAIT DE TUER ?

Question de merde. Rien, ça m'inspire rien et c'est sans doute pour ça qu'on me propose de passer ma license (et aussi pour que la prochaine fois, ca se fasse dans les règles). C'est pas fait pour être inspirant. Pas de remords encore moins du plaisir. On se pose des questions, bien sur, et je peux vous dire que la cellule psychologique veille de près à ce qu'on ne se pose pas trop souvent de questions existentielles. C'est un taf et je part du principe qu'on se bat pour les bonnes raisons contre les mauvaises personnes. Interpréter ça comme bon vous semble.

+ QU'APPORTES-TU AU Mi6 ?

Ca c'est une question qui a déjà plus de sens et que je me suis posé plus d'une fois sans jamais vraiment y apporter de réponses. Maintenant que j'ai été entrainé et que je suis allé sur le terrain j'ai envie de dire qu'on peux difficilement se passer d'un gars qui à été formé. Le temps c'est de l'argent et on investi pas dans un agent du MI6 en se disant qu'on à peut être fait une erreur de casting. Maintenant tout ça c'est pas des choses avec lesquelles je suis né, d'entrée de jeu j'avais pas grand chose à mettre sur la table à part mon physique impeccable et mon humour ravageur. Je crois pas que ce soit pour ça qu'ils m'aient recrutés, vous demanderez à M pourquoi, parmi une centaine de débiles potentiellement employables ils sont venus me chercher moi avec le genre d'ennuis futiles mais agacants que je peux leur créer. Elle vous répondra que c'est parce-que j'ai la foi, c'est ce qu'elle m'a répondu quand je lui ai posé la question à 1 million. Pourquoi moi. Parce-que j'ai la foi, j'espère que ça te vas comme réponse parce-que j'ai rien de plus épique.

+ ET QUELS SONT TES POINTS FAIBLES ?

Je suis dispersé, je pense à trop de choses en même temps et ça me demande beaucoup d'efforts pour me concentrer sur une seule chose à la fois, hors mission ou quand on est dans le bain on a pas d'autres choix que de nager, vraiment. Je suis émotionelement stable, ça a été validé par le service psychiatrique, en même temps je ressent pas grand chose, globalement. Mais j'ai une tendance au changement. Une minute je suis près à sabrer le champagne, l'autre on dirait que je me rend à un enterrement. Vous savez quand on dit que ça dépend de l'humeur du jour ? Moi ça dépend de l'humeur de la minute du coup on me taxe d'indomptable c'est pas forcément un atout dans mon dossier vu que le stade du dessus, c'est impulsif, et la c'est pas bon.

+ PLUTÔT SPORTIF OU RUSÉ ?

Sans hésiter, sportif. Les plans, la tactique, je laisse ça a qui de droit. Moi j'attend qu'on me donne le point A le point B et je m'arrange pour traverser en moins de temps possible avec une petite tendance à pas trop me soucier des obstacles. Ils sont un peu là pour les autres en fait. On m'a même menacé de me forcer à prendre des vacances si je continuait de me foutre de la loi de la gravité. Y'a des gars c'est des snipers tu leur donne une arme ils sont infaibles. D'autres au combat j'essaye même pas d'esquiver une baffe parce-que si je me rate je sais que je vais mettre 2 semaines à me relever du lit d'hopital. Moi, c'est pas mon domaine, mon domaine c'est le terrain. Dans le jargon on appelle ça le Parkour. Si tu veux jouer a qui traverse la ville à pied le plus rapidement possible...bah t'as zero chances. Aucunes.

+ TON OBJET FÉTICHE ?

Un chapelet. Pas pour faire croire, à personne d'ailleurs, que je suis un fervent catholique. Parce-que le jour ou je vais me faire descendre et que je vais devoir répondre de ce que j'ai foutu sur terre pendant le laps de temps qui m'a été imparti je vais passer le quart d'heure le plus sale de mon existence contrairement à toi. Il est là pour me le rappeler.

+ PARLE MOI DE TES PENCHANTS AMOUREUX ET DE TA SITUATION ACTUELLE ?

Mes penchants amoureux. C'est un mot qui fâche ça. Mes penchants c'est pas très compliqués je flirte avec tout ce qui est féminin. De la a tomber amoureux y'a peu de risques. Comme je leur dit souvent quand elles me posent la question oui, il y a quelqu'un dans ma vie. C'est ni ma femme, ni ma petite amie, on est même pas amants, mais j'ai quelqu'un. Que je protège en restant éloigné le plus possible. C'est vieux comme le monde cette excuse mais dans l'immédiat c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour lui éviter de se faire massacrer et m'éviter à moi de me faire virer du MI6.

+ ET TON PLUS GRAND RÊVE ?

J'en ai pas. Avoir un rêve c'est être motivé par des intérêts personnels vous pensez vraiment que les mecs ils recrutent des gens qui s'attardent sur le sens de leur vie et ce qu'ils veulent en faire ? Vous vous fourrez le doigt dans l'oeil. Bonjour M je démissionne il est temps pour moi de reprendre l'élevage familial de mouton dans les midlands. C'est ça oui.

+ QUE DIRE DE TON SENS DE LA PATRIE ?

La patrie c'est pratique. C'est la bonne réponse à tout. Pourquoi je suis agent secret, qu'elles sont mes motivations, comment je me justifie de tuer des gens. C'est pour la patrie. Les citoyens lambdas et innocents. Eteindre un mec qui menace d'en tuer des millions d'autres. Sauver le drapeau au cas ou le pays soit menacé d'extinction par une organisation quelconque. Je pense que vous voulez mon véritable avis à la question, je vous citerais l'hymne de notre patrie justement. God save the Queen. On parlais de foi tout à l'heure, voila.

+ QUELLE A ÉTÉ TA MISSION LA PLUS RÉUSSIE ?

La Juventas. Alors "réussi" ça dépend un peu de quel point de vue on se place, personnel ou professionnel ? Assassiner un gosse...professionnellement c'était propre hein y'a pas de soucis, maintenant psychologiquement on vas dire que j'essaye de passer à autre chose. On vas pas débattre tu de met deux secondes à ma place y'a quand même plus drôle comme mission. Voilà. Par exemple une fois je me suis retrouvé au coeur d'une guerre des gangs dans le getho, je suis tombé sur une culture de chiens de combats qu'on a eu la gracieuse idée de me lâcher dessus. Bon. J'ai jamais courut aussi vite de ma vie mais comme je suis pas mort on peux considéré que ça c'est une belle réussite. Aller pour la fin je vais te dire un secret, je suis futile pour éviter qu'on creuse. J'aime pas ça.

+ ET TON PLUS MAUVAIS SOUVENIR EN TANT QU'ESPION ? En fait ce questionnaire tourne autour du fait que j'ai buté un gosse n'est-ce pas ? Vous voulez être sur que je vais pas finir dépressif à me balancer sur un banc, au fond d'une court d'un hopital psychiatrique ? Je vous rassure, même si c'est mon plus mauvais souvenir ça reste mon travail. J'ai pas tué un enfant, j'ai buté l'icône d'un mouvement terroriste sectaire dangereux. C'était pas la fête foraine en même temps est-ce qu'on est là pour s'amuser ?

+ TA PIRE ADDICTION ? L'alcool. Pas au stade de l'addiction pure et dure mais je bois beaucoup régulièrement. J'y noie mes souvenirs comme ceux abordés juste avant, ou ma solitude quand après une mission j'échoue dans une chambre d'hotel et que j'ai même pas eu la force d'accepter les avances de je ne sait quelle employée que j'aurais pas compté revoir. Jamais.