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Sujet: down the drain ▬ wade Lun 18 Fév - 10:27
ஃ WE'RE GOING DOWN THE DRAIN
C’est avec une sorte de provocation indécente qu’elle a laissé les rideaux ouverts, déposant Hyde Park à ses pieds. Réciproquement, la ville encore illuminée lui a rappelé cyniquement que si elle se donne à son salon, elle en prend aussi possession, livrant ainsi à la rue entière une tranche de vie à travers les baies vitrées de Charlie Gallagher. Celle-ci s’est à peine interrogée sur la probable existence d’un théorème physique permettant d’expliquer qu’on n’aperçoive l’intérieur de l’appartement que si la lumière extérieure est minoritaire. Un peu trop occupée à déboutonner le pantalon de son amant – où est-ce sa chemise qu’elle enlève ? – elle est passée à côté de la fenêtre, à côté de Londres nocturne, à côté du monde, et s’est abandonnée au canapé en cuir. Ainsi donc, la capitale peut observer à son aise les ébats de Charlie Gallagher et de Wade Hawkins dans le grand salon du deuxième étage. Mais comme protégés par le dossier du sofa qui les prend dans ses bras, ils sont délaissés par ce sentiment d’exhibitionnisme qui un temps leur planait au-dessus du nez. Alors ils se jettent naïvement l’un à l’autre, l’un dans l’autre en fait, mélangeant leurs cheveux dorés et leurs corps fatigués. Personne ne s’est amusé à compter les jours depuis que Wade Hawkins a réussi à s’approprier une partie de la journée de sa collègue en blouse blanche. Ca fait peut être trois semaines, deux mois, un semestre. Charlie met un point d’honneur à ne pas s’attacher à de telles futilités : compter les nuits passées ensemble n’apporte que des saloperies, pour l’avoir vécu à maintes reprises. Et Wade… Inutile de se le figurer en train de remplir un carnet secret plein de mots doux pour sa bien-aimée. C’est déjà surprenant qu’il s’attarde chez elle pour discuter après l’amour, ou qu’il accepte de temps en temps d’aller boire un verre avec elle sans contrepartie. Il n’est pas très chaleureux, Wade, pas très boute-en-train. Mais Charlie n’a pas besoin d’un louangeur pétant des paillettes pour attirer son attention. Il y a déjà ceux du MI6, et puis les londoniens en manque dans les rues de la capitale. Ceux-là, elle les connait, elle sait ce qu’ils veulent, elle connait leurs attentes. Ils sont là pour profiter de la vie et des soutiens-gorge qu’ils croisent sur leur passage. Triste siècle que le 21ème.
Nue comme un ver sur le grand canapé brun, elle passe une main dans ses boucles à lui, plus par automatisme que par envie. Elle ne dormira pas, elle ne dort jamais lorsqu’elle n’est pas seule. Alors elle s’occupe et finalement le contact de ses cheveux brillants entre ses doigts ne lui est pas désagréable. Comme soudainement possédée par l’esprit d’un dieu jovial à gros bidon, elle se surprend à penser à la blondeur capillaire pharamineuse de leurs marmots potentiels et son regard se perd dans la pièce tandis que, prise d’une angoisse momentanée, elle essaie de se rappeler si elle a pris sa pilule à dix-huit heures la veille. Tomber enceinte maintenant n’est vraiment pas dans ses plans. Tomber enceinte tout court ne l’est pas en réalité. Gamine elle s’est plu à s’imaginer deux poussettes entre les bras, un bambin sous chaque aisselle, une voiture, un paquet de clope, un mari et quelques labradors. Penser à un fœtus grandissant sous son nombril lui donne aujourd’hui la nausée et il n’est pas rare de la croiser à la pharmacie, des tests de grossesse s’additionnant à la Paroxetine dans son sac plastique, au cas où.
Sa main s’immobilise sur le cuir chevelu de Wade Hawkins. Son corps entier dégage une impression de sommeil complet, comme si en se soulevant régulièrement, son torse pondait des Zzz caractéristiques, offrant à Morphée l’occasion de faire un clin d’œil à la femme sur laquelle il repose. Charlie n’est cependant pas persuadée qu’il dorme réellement. La position dans laquelle leurs folies nocturnes les ont laissés est assez inconfortable voire particulièrement incommodante. C’est un grand canapé, c’est vrai, mais ils sont deux emmêlés l’un sur l’autre et s’aventurer trop près du bord est suicidaire. Elle espère donc qu’il est éveillé et lucide, et qu’il va lui proposer en grognant de rejoindre le grand lit de la pièce voisine. La vision de son Blackberry sur la table basse, perdu au milieu d’une forêt de tasses de thé vides, de magasines encore sous plastique et de télécommandes sans pile, la rappelle brusquement à la réalité, comme si on lui avait fait une intraveineuse de problèmes. Sa tête s’incline alors vers la fenêtre et même si elle ne voit rien, elle sait qu’ils sont dehors. Ils doivent la surveiller depuis un moment maintenant, puisqu’ils ont vu Wade passer la porte d’entrée à ses côtés, une semaine plus tôt. Leur requête - récupère tout ce que tu peux sur lui, payement en conséquence – est aussi simple à comprendre que difficile à mettre en œuvre. Faire parler Wade a été une chose, le faire parler sur le MI6, volontairement, sous contrôle, en est une autre. La culpabilité la prend à la gorge alors qu’elle reporte son regard sur le crâne de l’agent 002, puant l’inoffensivité dans cette posture. Il est petit comme ça, il est fragile, on dirait presque un lardon pendu au sein de sa mère. Faux semblants. Il la zigouillera probablement sur place, son flingue comme seul vêtement, s’il apprend à quoi elle est mêlée.
N’ayant aucune envie de se vider de son sang sur le canapé qui lui avait d'ailleurs couté une petite fortune – deuxième remontée amère dans sa gorge en se remémorant d’où vient la monnaie – Charlie préfère se taire pour l’heure. Elle attrape la main de son amant dans un souffle de mal être, et la serre dans la sienne, semblant de baume réparateur pour son esprit à l’envers. Réveille-toi, Wade. Va-t’en, file, disparais avant que je ne fasse du mal, à toi et aux tiens.
HRP – Faire avancer la choucroute ? Moi ? Who do you think i am?
Dernière édition par B. Charlie Gallagher le Jeu 28 Mar - 0:16, édité 7 fois
Wade Hawkins
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Sujet: Re: down the drain ▬ wade Lun 18 Fév - 19:54
Charlie + Wade
Les yeux clos, le visage serein, le torse de Wade se soulevait à mesure que ses respirations se faisaient de plus en plus profondes. Bien loin de s'endormir, il se contentait de réfléchir et de penser au fondement même de son existence. C'était à croire que le sexe apportait en lui un regain d'espoir autrefois perdu. Un brun déprimé, voire dépressif, Wade préférait ne pas songer au sens même de sa vie. Certes, il aurait du s'estimer satisfait, au vue de son métier à haut risque, de ne pas avoir à craindre de laisser une quelconque famille ou amoureuse derrière lui, au cas où quelque chose tournerait mal. A chaque mission, il risquait sa vie, il encourrait mille périls, il pouvait s'arrêter de respirer d'un instant à l'autre. Mais plus le temps passait, plus il voyait son visage se rider et ses épaules s'affaisser, plus la vérité le frappait de plein fouet et l'assommait au sol avec plus de force qu'une batte de baseball. Bientôt, il serait viré au bas du Mi6 comme un illustre inconnu, trop vieux pour continuer à être jeté sur le terrain comme une bête inoffensive en pâture aux lions, mais encore trop jeune pour oser demander réparation. Il connaissait, désormais, ses pantins d'aristocrate du bureau dans lequel il travaillait, et il préférait ne même pas songer à leur costard/cravate fouineurs grappillant dans les moindres dossiers pour y trouver une quelconque incohérence, et laisser un ex agent obéissant et servile à la rue, sans objectif et sans le sou. Wade ne craignait pas spécifiquement pour son avenir, il savait qu'il saurait toujours se débrouiller d'une manière ou d'une autre. Il avait entièrement confiance en ses qualités intellectuelles. En revanche, il commençait, en prenant âge, maturité et sagesse, à regretter de n'avoir su faire quelque chose de sa vie. Où en était-il aujourd'hui ? Toujours au même point qu'il y a dix ans, le matricule 00 en plus.
Sans y prêter vraiment attention, il lâcha un soupir presque résigné. Wade se trouvait dans un habitacle qu'il avait, depuis peu, l'habitude de fréquenter assez souvent. La maîtresse des lieux avaient à ses yeux séducteurs un intérêt tout particulier, et elle s'était montrée amante particulièrement expérimentée. Assez pour qu'il se permette diverses autres escapades en sa douce compagnie, alors qu'il ne s'adonnait jamais, habituellement, aux plaisirs avec une même femme à qui il avait déjà offert l'extase. En ce sens, Charlie était une exception. Cela, ajouté au fait qu'avec elle, il ne se contentait pas de nuits endiablées. Il l'invitait parfois à manger un bout ici ou là, lui offrait un verre, et même s'ils ne s'affichaient pas tels deux moitiés d'un même corps, fou amoureux et main dans la main, il résidait entre eux une certaine amitié, indépendamment de leur liaison. Ils parvenaient à se parler et à rire ensemble, sans forcément penser systématiquement à mal. Wade avait fini par dompter la présence de cette tigresse, et il se sentait dorénavant bien dès lors qu'il était dans ses bras, comme à cet instant. Il aurait pu s'endormir, là, cueillant dans ses bras les restes de leur nuit torride, apaisé d'un désir qui s'était enfui pour quelques temps du moins. Pourtant, il ne parvenait pas à trouver le sommeil, et les bras de Morphée le désertaient définitivement. Mais ce n'est que lorsqu'il sentit la main de Charlie serrer la sienne qu'il rouvrit les yeux, enfin assuré qu'elle non plus ne dormait pas. Dix-neuf heures sonna à l'église non loin, un vacarme qui résonna dans une grande partie de la ville. Londres se préparant à une soirée apaisée, l'autre a des ébats plus festifs, et deux amants, enlacés, les yeux ouverts sur un spectacle qu'ils ne savaient voir.
« Je peux rester, ce soir, si tu veux et on peut aller manger quelque part. » Peut-être avait-il pris cette main serrée dans la sienne comme une supplication, ou peut-être n'était-ce là qu'une excuse pour laisser libre court à son propre désir. Wade Hawkins, désireux de rester dormir chez sa maîtresse favorite, amie d'un jour qu'il lui croyait connaître parfaitement. Il se releva, nu comme un ver, totalement aveugle et sourd à la vie qui, non loin d'eux, se déroulait sous les fenêtres. Il se fichait bien du monde alentour, seuls lui importait cet appartement et ses occupants. Avec douceur, il déposa un baiser sur les lèvres de Charlie, comme pour sceller secrètement la fin de leur union charnelle, et le re-commencement d'une amitié ambigüe mais sincère. Il enfila son caleçon puis son pantalon, vérifia alors le Colt qu'il portait toujours à la ceinture. Une manière bien à lui de se rassurer dès lors qu'il quittait son arme quelques heures, joujou fétiche qu'il haïssait délaisser l'espace d'un instant. Tout semblait en ordre, et il l'accrocha de nouveau à sa ceinture, désormais plus mortel et dangereux qu'un animal venimeux en plein essor. Dangereux et mortel, mais offrant à Charlie un sourire digne des plus beaux gentlemen.
B. Charlie Gallagher
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Sujet: Re: down the drain ▬ wade Lun 18 Fév - 23:25
ஃ FEEL LIKE I'M NOTHING AT ALL
Il ne dort pas, Wade Hawkins. C’est à croire qu’il ne rêve pas, qu’il ne ferme jamais les yeux sur son Colt, qu’il a ce penchant animal pour rester en permanence aux aguets. La qualité suprême pour un double zéro, probablement. Charlie connait leurs avant-bras pour les avoir piqués. Elle connait leur poids, leur taille, leur date de naissance et leurs blessures récentes. Mais rien dans leur dossier n’indique leur capacité à rester éveillé. Ils sont pour le MI6, de simples armes, de simples machines à tuer, enfermées dans un corps taillé pour le terrain. Les informations plus personnelles qu’on tente d’effacer de leur mémoire autant que de leur avenir sont refoulées à la fin du rapport, sur une feuille volante agrafée à postériori et écorchée d’une écriture manuscrite rapide, sèche, dont le copyright crache un grand M effronté. Ces résumés-là, Charlie ne les lit pas. Elle se contente de les glisser dans la photocopieuse lorsqu’elle est seule, priant pour que la pliure du dossier ne laisse pas de marque engageant ses magouilles. On s’applique à faire disparaitre toute trace de vie des peintures des agents, pour laisser le doute planer sur leur capacité à mourir. En livrant ces quelques lignes à l’extérieur, Charlie leur rend leur humanité. Elle les rend vulnérables.
Un peu de salive descend dans sa gorge, laissant une grimace sur son joli visage. Apparemment sonné par le destin, le corps de Wade se met alors en mouvement, divertissement parfait pour l’esprit de Charlie. Leurs mains se séparent, glissant l’une sur l’autre. Le geste est lourd, nonchalant, et lorsque sonnent sept heures ils ont récupéré leurs doigts respectifs. Son regard se perd à nouveau dans Hyde Park, elle trouve qu’il fait particulièrement sombre comparé à ce qu’affiche la pendule. Pour la première fois de la soirée, elle se demande ce qu’on vu les touristes, sous les arbres, en bas de l’immeuble.
« Je peux rester, ce soir, si tu veux et on peut aller manger quelque part. » Le ton se veut doux, mais non dépourvu de volonté. Elle traduit mentalement quelque chose qui ressemble à un « Ce serait bien que je puisse rester ce soir, je t’invite dehors si tu veux. » qu’elle trouve typiquement masculin. Elle le libère de l’emprise de ses bras sans vraiment y réfléchir, posant ses yeux sur son corps pâle qui leur fait désormais face, à elle et à Londres. Il s’approche d’elle et un instant, elle est tentée de jeter un œil au canapé, persuadée qu’elle est assise sur son caleçon ou qu’il a perdu sa montre entre deux coussins. C’est un baiser qu’elle reçoit à la place, surprenant, bienvenu, très Hawkins. Elle sait que ce contact peut être classé parmi les « Je suis à nouveau Wade, tu es à nouveau Charlie. » et l’accepte docilement.
Roulée en boule dans un coin du fauteuil, cachant instinctivement sa nudité à celui qui l’a maintes fois déshabillée, elle étudie son corps en détail, balayant ses épaules de ses yeux maquillés. Il enfile son pantalon, masquant finalement son postérieur rebondit, marquant la fin du show par le claquement de l’arme à sa ceinture. Il est remonté sur son cheval blanc, reparti courir dans son armure de papier, quittant le hamac primitif dans lequel il somnolait quelques minutes plus tôt. Charlie se sent obligée de répondre, avant qu’il ne lui file entre les doigts, qu’il la laisse là, seule, toute petite, toute nue, au milieu du grand canapé en cuir. « Tu peux rester ce soir. » La phrase est molle comme du coton, et elle l’aperçoit presque flotter au-dessus de sa tête telle un petit nuage blanc. « Mais je… Enfin je préférerais qu’on reste ici. » Plonger par la fenêtre au milieu de tous ces gens heureux, de tout ce bruit, de toutes ces saveurs ne lui dit rien. Elle a toujours un moment d’apathie après le sexe et s’excuse en disant qu’elle utilise toutes ses réserves d’enthousiasme et d’imagination pour l’acte en lui-même. Ce qui est en partie vrai. Mais les relations purement physiques – même celles qui lui offrent un semblant d’amitié en plus – la laissent toujours livrée à elle-même, triste, déçue de ne pas savoir garder un homme à son côté. Non, définitivement elle ne sortira pas. Elle se sent tout de même obligée de rajouter quelque chose, parce que Wade fait des efforts, parce que ça parait déplacé de jouer à la gamine capricieuse avec lui. « Si ça ne te dérange pas. »
Prise d’une soudaine ivresse inattendue, elle quitte les bras rassurants du sofa, se glisse dans son grand pull noir en cachemire et se faufile dans la cuisine, sans un bruit, ses pieds blancs caressant le parquet à chaque pas. « J’ai des truffes ! » Victorieuse est son exclamation lorsque, rayonnante, elle brandit un Tupperware rouge tout juste extirpé du congélateur ouvert. Et pour une fois, elle pense à peine aux 00 qu'elle a du trahir pour s'offrir ce petit plaisir. Plus tard le business, plus tard.
Wade Hawkins
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Sujet: Re: down the drain ▬ wade Mar 19 Fév - 1:09
Charlie + Wade
Avec son simple Colt, Wade pouvait se sentir tout habillé. A l'inverse, sans lui, il paraissait aussi fragile qu'un nourrisson sortant du ventre de sa mère. Pourtant non dénué d'autre manière d'offrir la mort à ses détracteurs, il avait fini par se lier d'une amitié certaine avec cette arme légendaire remastérisée par les soins du service gadget du Mi6 à son unique demande. Il ne pouvait changer d'arme ou tirer avec une autre sans avoir la désagréable impression de commettre une faute irréparable ou une tromperie impardonnable. Aussi ne put-il s'empêcher de soupirer de soulagement lorsqu'il sentit à nouveau le contact froid de son Colt contre sa peau. Une caresse bien différente de celles que lui avait octroyé Charlie, les deux si étrangement délectables qu'elles en finissaient par être incomparables.
Torse-nu, Wade ne lâchait pas Charlie du regard alors qu'il serrait convenablement la ceinture de son pantalon. Parfois, il se demandait si cette femme n'avait pas du sang de sorcière coulant dans ses veines, tant elle parvenait à l'hypnotiser d'une parole, d'un sourire. Elle était odieusement belle, nue, cachant les douces courbes de son corps dans une position presque enfantine qui la rendait innocente et fragile. Un instant, Wade se prit à vouloir la protéger, à offrir son corps en pâture à un danger inexistant pour la sauver du terrible drame qui semblait l'attendre. Le visage de Charlie était fermé, presque triste, et sans nul doute, l'espion observateur se serait inquiété s'il n'avait pas eu l'habitude. Elle réagissait toujours de cette manière dès lors qu'il quittait le doux confort de ses bras. Il ne pouvait qu'imaginer les raisons de la désertion de son sourire, mais il les jugeait assez évidente pour n'avoir aucunement à la questionner sur le sujet. Il ne souhaitait en aucun cas la mettre dans une posture délicate ou raviver de mauvais souvenirs en l'obligeant à mettre des mots sur ses sentiments que Wade croyait pouvoir lire sur son visage comme dans un livre ouvert. Elle était bien la seule avec qui il faisait tant attention, la seule à qui il offrait son silence sur un plateau d'argent, lui qui aimait tant, d'habitude, appuyer là où ça faisait mal. Il en était incapable avec elle. Allez comprendre..
Il écouta sa supplication avec attention, ne pouvant s'empêcher de surélever un sourcil en guise d'incompréhension. Nombre de femmes auraient sauté sur l'occasion de se faire offrir un restaurant par un homme gentleman et bon vivant, mais une fois de plus, Wade avait failli oublier à quel point Charlie était différente des autres. Ce qu'elle ne tarda pas à lui rappeler alors que, prise d'une folie subite et désordonnée, elle se dirigeait vers la cuisine à grands pas, pour en revenir tenant un tupperware entre ses mains douces et fragiles. Le sourire qu'elle arborait alors était enfantin, délicat, et à la fois si femme que Wade ne put que l'imiter. Elle savait, dans le doux confort de cet appartement agréable, faire fondre la glace qui encadrait habituellement la carcasse vide de cet agent promu 002 voilà déjà cinq ans. Sans doute ne mesurait-elle pas l'impact qu'elle pouvait avoir sur lui. Après tout, ils ne se fréquentaient pas quotidiennement, et leurs retrouvailles possédaient chaque fois le même but. Même en tant qu'infirmière, Wade l'évitait au possible, non pas poussé par une quelconque honte vis à vis de leur relation, pas plus qu'il ne la souhaitait absolument secrète, rien d'aussi matériel. Seulement l'égo démesuré d'un homme qui avait toujours du s'occuper de lui seul, sans l'aide extérieure de quiconque. Il ne tolérait la pitié d'aucun être humain sur cette Terre, et n'avait aucunement besoin d'une infirmière privée. Il n'avait du la voir en consultation que trois fois lors de ses cinq années, trois fois où il y avait été obligé. Mais il n'avait suffit que d'une brève rencontre pour qu'il devine qu'il voulait faire de Charlie sa maîtresse.
Wade la regardait sans mot dire, un sourire énigmatique fiché sur son visage. Puis, c'est une voix détendue et agréable, presque mélodieuse, qui brisa la douceur du silence. « J'aime autant rester ici, tu as raison. Et je n'oserais jamais refuser des truffes ! » Il parlait peu, certes, mais était de cette race d'être humain qui pensait que les actes ou les regards pouvaient dire mille fois plus que les mots. Mieux encore : ils palliaient à leurs multiples carences. A cet instant précis, son sourire rassurant hurlait ce que son égo taisait. Il était bien ici. Et pour rien au monde il n'aurait aimé sortir, pour retrouver le froid glacial de l'hiver dans les ruelles Londoniennes. Charlie était une pause dans sa vie, une pause de douceur et de sauvagerie, une pause toute en paradoxes qu'il jugeait à l'écart de son existence habituelle. Elle ne savait rien de ses missions ou de son job, ni de sa vie personnelle, et il n'en savait pas plus à son sujet. Et pourtant, il n'était rarement autant lui même qu'en sa compagnie.
Enfin, il se résolu à la lâcher du regard, cherchant cette fois sa chemise qui traînait lamentablement sur le sol, puis il se pencha pour la récupérer. Le choc fut dur, brutal, odieusement douloureux. Voilà une semaine que son genou lui imposait de souffrir le martyr. Il était revenu d'une mission à l'étranger qui avait duré deux mois, et il avait tout bonnement merdé. Certes, il avait récupéré toutes ses gaffes et plus encore, mis hors d'état de nuire un réseau entier de prostitution, mais il en était revenu salement amoché. Son manque de vigilance lui avait coûté un genou, une blessure qu'il refusait de faire soigner et qu'il traitait à sa manière : sans y accorder la moindre importance. Wade n'avait après tout reçu qu'un coup violent de barre de fer maintenue par un colosse de deux mètres dix, il s'en remettrait naturellement sans la moindre séquelle. Il grimaça amèrement, mais termina son geste et récupéra sa chemise. Visiblement, l'activité sexuelle n'avait pas fait du bien à son genou en rémission, et il en payait désormais les conséquences. « Allons manger tes truffes ? » Pathétique diversion indigne d'un homme manipulateur tel que lui, il laissa échapper une énième grimace, causée cette fois-ci par la douleur qu'il ressentait à son amour propre. Il craignait que Charlie ne reprenne son rôle d'infirmière pour s'occuper de lui, tout comme il l'espérait, s'empêchant de hurler sa douleur.
B. Charlie Gallagher
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Sujet: Re: down the drain ▬ wade Mar 19 Fév - 13:07
ஃ WHY DON'T YOU RAPE ME NOW
Il a l’air particulièrement heureux, planté là, torse-nu, les truffes en ligne de mire, et c’est avec une certaine humilité qu’elle reçoit son sourire, consciente du cadeau qu’il lui fait, à elle plus qu’aux autres. C’est vrai qu’elle ne le croise que rarement au MI6, et ne peut pas franchement juger de son attitude dans le monde extérieur. Elle a une idée très précise de ce qu’il peut être, néanmoins, et son esprit se refuse à l’imaginer tout fanfaronnant dans le bureau de M. Elle croit pertinemment que son sourire fait partie intégrante du lui de l’intérieur et qu’il ne l’accorde pas à n’importe qui, nu, dénué de carapace d’arrogance et de dignité. Ils restent alors l’un en face de l’autre quelques secondes, sans échanger un mot. Charlie se tortille un peu, parce que la boite est froide entre ses mains et qu’elle aimerait récupérer son string, à côté de la table basse. Mais elle ne fuit pas, elle soutient son regard, elle lui renvoie un sourire radieux ; elle conçoit qu’il ait besoin de partager son bien-être avec elle. Facile à vivre Charlie, quand elle a peur de perdre celui qu’elle a en face d’elle.
« J'aime autant rester ici, tu as raison. » Une pointe de soulagement, tout de même, alors qu’elle ne se serait pas risquée à douter de son approbation. Impossible de savoir, par contre, s’il va dans son sens parce qu’il en a envie ou seulement pour lui faire plaisir. Elle aime à croire qu’il s’accorde le droit de refuser ce qui lui déplait. « Et je n'oserais jamais refuser des truffes ! » Son sourire s’occupe de chasser les dernières questions trottant dans la tête de Charlie. Il pense ce qu’il dit, c’est l’impression générale qui ressort de ces quelques syllabes alignées délicatement, les unes à la suite des autres. Il sait parler, Wade Hawkins, il a la carrure d’un leader en fait. Charlie efface rapidement la pancarte « Hawkins président » qui se matérialise dans sa tête et hoche la tête. « Je m’en doutais. » Elle s’avance alors dans la pièce, pose les truffes sur la table basse et récupère le bas de son ensemble en dentelle, qui claque sur ses hanches lorsqu’elle en lâche l’élastique, après l’avoir enfilé.
« On pourrait faire une… » Il est plié dans une position étrange lorsqu’elle se retourne, les dents serrées, le geste amorcé pour attraper sa chemise semble avoir été mis sur pause. Elle s’approche, ses réflexes infirmiers prenant le dessus, mais il est déjà debout, le vêtement en main, lorsqu’elle arrive dans son dos. Tout se passe très vite, il la devance et prend la parole en se retournant vers elle, surement un peu surpris de la trouver aussi près de lui. « Allons manger tes truffes ? »
Une brutale envie de rire la prend à la gorge. Comme s’il pouvait mettre le voile sur ce qui venait de se passer avec quelques belles paroles. Non, Wade, non. Elle cligne des yeux, se demande s’il est sérieux. Elle cherche la caméra dans la pièce, le nez rouge sur son visage, mais ne vient à ses yeux que cette contorsion infâme qui déforme sa bouche. Alors elle sait finalement qu’il a mal, malgré l’application zélée qu’il a de vouloir le cacher. Maladroite comme jamais, elle oscille entre le Tupperware et le double zéro, prise d’hésitation. « Tu es sûr que ça va ? » Elle dit ça doucement, une modeste risette aux lèvres, alors que la voilà prête à dégainer son attirail médical entier et à braquer l’armoire à pharmacie. Elle essaie de se souvenir, de se remémorer le moment où elle a fait glisser son pantalon sur le bas de ses jambes, à la recherche d’un indice concernant ce trauma soudain. Ses pensées sont pleines d’images variées et plaisantes, mais rien de tout cela n’explique sa douleur. Elle n’a pas allumé la lumière, elle n’a pas fait attention, elle aurait dû s’attarder sur les détails ; et soudain, tout semble être de sa faute. La culpabilité la dévore toute crue, la flambe vive, lui grignote le ventre à coups de souvenirs. C’est un de ses gros problèmes, il lui apparait que c’est toujours de sa faute.
Elle accueille tendrement la facilité de l’idée qu’elle vient d’avoir et, se munissant à nouveau de la boite à truffes, elle le toise, ridicule du haut de son mètre soixante-cinq. Elle veut lui faire comprendre qu’elle est là, s’il veut, et qu’elle peut se charger de lui sans s’en moquer. Elle veut qu’il lâche prise, Wade Hawkins, elle veut qu’il puisse être heureux. Mais se laisser tripoter par une mini blonde armée d’une seringue n’est surement pas dans son prérequis, et elle ne souhaite définitivement pas s’imposer. Elle fait une pause, la tête inclinée sur le côté, la lèvre entre les dents, un peu déçue par son attitude, un peu dépassée par ce manque d’humanité dont il fait preuve. Dont il fait preuve envers lui-même. Et puis elle se redresse, arrête de grignoter sa bouche et balaie l’air de sa main libre d’un geste nébuleux, insignifiant. « Au besoin, on trouvera surement un médecin. » L’ironie lui fait un clin d’œil, et elle laisse à nouveau les mots s’échapper de sa bouche à la file indienne. Avant que la pluie de représailles ne lui tombe sur la tête, sa silhouette s’évanouit en silence pour rejoindre la cuisine, où elle dépose enfin les truffes congelées. Elle s’empresse de se laver les mains, profitant du bruit que fait l’eau chaude en s’écrasant dans l’évier pour camoufler le blanc qu’elle a peur de voir s’installer. Elle fera donc une omelette aux truffes, à moitié nue sous son cachemire, et c’est seulement quand il aura oublié qu’elle fait attention à lui qu’elle se permettra de fouiner pour obtenir des réponses. Leurs réponses.
Wade Hawkins
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Sujet: Re: down the drain ▬ wade Mer 20 Fév - 21:50
Charlie + Wade
Wade pouvait-il vraiment se dire en vie ? Carcasse vide cachée lamentablement derrière un sourire de gentleman, il préférait sans doute dissimuler son mal être sous un drap imprégné de l'odeur malsaine des mensonges sur fond de vérité morbide. Il n'était ni vraiment vivant, ni vraiment mort, flottant entre deux mondes, entre deux camps, entre deux vies. Incapable d'admettre ses faiblesses, il se devait de rester fort et d'offrir l'image d'un espion charismatique, confiant, au passé mystérieux et inconnu et à l'avenir incertain. Wade obéissait encore et toujours, odieusement servile, à cette terrible marâtre qui ne portait comme nom qu'une initiale étrange. Il avait abandonné son amour-propre dans un océan de convictions factices, noyé son existence humaine sous les décombres d'une vague meurtrière. Il n'était plus monsieur Hawkins, fils d'un grand diplomate Londonien, il n'était plus qu'un numéro sur un dossier oublié au fin fond d'un tiroir. Alors oui, quand par un beau jour ensoleillé et chaud, une femme répondait à ses avances et s'abandonnait à lui, quand pour une unique fois quelqu'un lui accordait une importance relative à lui, Wade, et non pas à cet espion 002, alors il devait admettre qu'il se laissait lamentablement aller à la faiblesse. Pourtant, jamais oh grand jamais il n'oubliait son devoir, cette obligation futile ancrée dans son cœur, imprégnée dans son cerveau, cet amour de la patrie qu'on l'avait forcé à ressentir au plus profond de son âme en l'élevant tel un membre fondateur de la sécurité nationale. Cela faisait bien longtemps qu'une femme n'avait pas eu cet effet sur lui. Cela faisait bien longtemps qu'il avait arrêté de rêver à l'utopie d'une vie remplie aussi de bonheurs, et non seulement d'actions suicidaires. Cela faisait bien longtemps... Puis Charlie était arrivée.
Charlie et sa blondeur angélique. Charlie et ses grands yeux bruns ouverts sur le monde, où Wade aimait se perdre parfois, nageant dans les décombres de la possible vie qu'il aurait pu avoir s'il n'avait pas perdu ses parents. Charlie et sa raison, presque à outrance, son intelligence, presque effrayante, sa candeur et sa tendresse, qui lui faisait oublier quelques instants la rudesse de sa vie d'espion. Elle lui apportait du réconfort et des délicatesses, elle était cet instant merveilleux où il oubliait tout, jusqu'à son mal-être, jusqu'à cette boule ancrée dans sa gorge, angoissante et oppressante, qui le faisait mourir à petits feux. Elle avait un don sur lui. Peut-être parce qu'elle ne le questionnait pas sur sa vie d'agent, parce qu'elle ne le regardait pas comme l'homme qui risquait de mourir à chaque instant, parce qu'elle ne le considérait pas comme un numéro juste bon à offrir sa vie pour son pays si on le lui demandait. Avec elle, il se sentait humain, il se sentait vivant. Odieusement vivant. Mortellement vivant.
Aussi, lorsqu'elle demandait qu'ils restent à la maison ce soir, il s'exécutait sans mot dire. Tout aurait pu lui convenir, Wade aurait acquiescé à la moindre de ses demandes, trop craintif qu'elle n'exige de lui la seule chose qu'il n'était pas à même de faire pour elle à cet instant précis. ' Va-t-en. ' Un ordre qui le terrifiait. Mais docile, servile, animal rampant, il l'aurait sans doute fait sans même demander d'explications. Parce qu'ainsi il avait été élevé, ainsi on avait exigé de lui qu'il se comporte. Lord Hawkins aurait du donner les ordres. Wade se contentait d'y obéir. Il en aurait souffert, il aurait craint l'instant fatidique où il aurait du fermer la porte derrière lui, laissant loin l'image de cet appartement réconfortant où il se sentait merveilleusement bien, pour rejoindre le sien où il se noierait dans un verre de Jack. Il tenterait d'oublier sa misérable petite vie, sans succès. Il s'endormirait, fortement alcoolisé, terriblement amoindri, mortellement faible malgré le Colt jouissant du réconfort de sa ceinture. Pathétique image d'un espion et de sa force. Avec Charlie, il ne s'en souciait que peu. Elle n'attendait rien de lui, elle n'exigeait rien de lui, elle ne craignait rien de lui. Peut-être que pour une fois dans sa vie, Wade aimait cette attitude nonchalante vis à vis de lui. Nul respect à outrance dans son regard, nul crainte à la vie de son arme sans cesse à ses côtés, nul terreur à la pensée de le savoir espion. Rien. Rien d'autre que l'attention toute particulière de deux amants un peu trop proches. Une attention normale et extraordinaire. Celle qui manquait à la vie de Wade.
Et soudain, alors qu'il se sentait enfin bien, serein et apaisé, grâce aux efforts sauvages de Charlie, voilà que cette odieuse blessure se rappelait à lui. Il avait failli mourir ce jour là. Stupide pathétique faute d'inattention après des semaines et des semaines de poursuites enflammées, bête seconde où il avait relâché sa garde. Une unique seconde. Celle qui avait suffit à ce molosse de deux mètres dix de haut de se saisir de cette foutue barre de fer, et de lui détruire le genou. Un coup, une seconde, une douleur sauvage, brulante, brutale et terrible qui le martyrisait encore, des semaines plus tard. Comme toujours, sa vie d'espion reprenait le dessus, incapable de lui offrir le répit d'un espoir d'existence personnelle. Il avait abandonné. Mais pas Charlie. Pas encore. Avec tendresse et candeur, elle se préoccupa de sa santé, le questionna sincèrement. Il ne se permit pas la moindre réponse, grimaçant toujours sous le coup de cette douleur qui avait élancé sa jambe et sa hanche entière. Il ne savait que répondre. Il ignorait même s'il en avait le droit. Un espion 00 ne devait jamais offrir d'informations à quiconque. Tout devait systématiquement rester secret d'état, mystère enfoui comme dans la boîte de Pandore que seul un idiot se risquerait à ouvrir. Wade resta là, emprisonné dans son silence, sa chemise à la main. Il était resté trop longtemps captif. Et pour une fois dans sa vie, il emmerda tout ce qui n'était pas Charlie et lui.
Il ne tarda pas à la rejoindre à la cuisine. Elle était là, préparant à manger, s'occupant près du four. Elle était belle, odieusement ordinaire et à la fois si superbement incroyable. Charlie était parfaite. Pris d'un brusque élan qu'il ne se connaissait pas, Wade ne tarda pas à la rejoindre dans son dos, entourant sa taille de ses bras qu'il tint serrés tout contre elle. Une tendresse qu'il n'avait que rarement connu, et une tendresse qui ne lui ressemblait pas. « Je suis désolée Charlie. » Il se détacha d'elle non sans avoir déposé un délicat baiser sur sa nuque, humant au passage son parfum naturel avec délectation. Puis il s'installa à table, tirant une chaise pour reposer sa jambe blessée. Puis il ouvrit la bouche. Lui, habituellement si silencieux, se décida à se livrer. Elle n'avait rien demandé, elle s'en fichait peut-être, mais il en ressentait le besoin. Celui de laisser s'écouler toutes ses informations classées secrètes, ses brèches dans son existence qu'il devait toujours garder en son âme sous scellé. Comme des lettres qu'un missionnaire ne pourrait jamais lire, mais qu'il devait toujours trimballer sur lui. C'était une torture, un cauchemar intime que nul ne pouvait ne serait-ce qu'imaginer. Un sadisme de tous les jours. « C'était en mission. J'ai merdé une infime seconde, et j'ai trinqué. Ça fait trois semaines maintenant que mon genou me fait souffrir. Je peux encore faire des efforts physiques bien entendu, mais je paye le lendemain. Et j'ai beau y faire très attention, la blessure ne diminue pas. » Il ne parlait pas véritablement à l'infirmière. Il ne s'adressait pas directement à Charlie non plus. En vérité, il ne parlait à personne, il ouvrait simplement les vannes qui étaient restées closes bien trop longtemps. Une seule certitude, néanmoins, pulsait dans ses veines avec une force non contenue : si ses informations s'échappaient, d'une manière ou d'une autre, du cocon qu'était cette appartement, il n'hésiterait pas à agir. Peu importait sentiments, émotions, tendresses ou déprime passagère. Peu importait désir et vanité. Son Colt pouvait en témoigner.
B. Charlie Gallagher
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Sujet: Re: down the drain ▬ wade Jeu 21 Fév - 2:11
ஃ KILL EVERYTHING I HAVE INSIDE
Charlie Gallagher pourrait se contenter des jolies choses simples de la vie. Elle les a toujours aimées. La fascination qu’elle éprouve alors pour les petites bulles que fait l’omelette en cuisant dans la poêle est partout autour d’elle, ancrée dans ses yeux bruns, caressant ses omoplates, soufflant dans ses cheveux dorés. Un instant, elle se repose, ainsi appuyée contre le plan de travail, seule avec elle-même, solitaire. Les nombreux protagonistes indéfinis qui se battent perpétuellement derrière son front semblent lui accorder un peu de temps libre. Silence se fait enfin dans son esprit. Elle ne pense à rien, juste à ces petites bulles jaunes qui pétillent devant son nez, et à l’odeur plaisante que dégage sa tambouille. Charlie Gallagher pourrait se contenter des jolies choses simples de la vie, mais voilà : l’être humain possède cette capacité singulière à vouloir s’approprier ce qu’il ne peut s’offrir. Elle ne peut alors s’empêcher d’ouvrir les yeux sur les morceaux de truffes qui gigotent dans les vagues que forme l’omelette et de redescendre aussitôt sur terre, rigide, froide, blessée.
Wade arrive à point dans la cuisine, mais elle ne se retourne pas. Parfois elle se plait à penser qu’il ne reviendra pas. Qu’il n’est jamais venu. Qu’elle, pauvre gamine oubliée dans cet appartement trop grand pour elle, se fait à manger pour elle, et non pas pour un homme qui ne saurait la rendre profondément, sincèrement, viscéralement, heureuse. Et puis ses mains à lui se glissent sur ses hanches, douces, rassurantes, et son bas-ventre en frissonne, refoulant loin l’idée qu’il n’a pas d’affection pour elle. Au fur et à mesure qu’il se rapproche d’elle, que ses bras sécurisants l’étreignent, elle s’abandonne à lui. Au fur et à mesure qu’elle se laisse aller contre son torse ferme, la Charlie de l’extérieur revient l’enlacer. Au fur et à mesure qu’elle redevient une image, elle s’accorde sur le fait que Wade Hawkins fait de son mieux, et qu’ils sont très biens là où ils sont. Finalement, c’est comme si la pensée de le voir s’en aller n’avait jamais effleuré son esprit. Elle abandonne la cuillère en bois dans la poêle et avec la lenteur manifeste qu’on lui connait, soude ses mains aux siennes sur son ventre. Elle est sa bouée mais il est la sienne, et ils s’accrochent l’un à l’autre comme si un simple pas vers l’arrière pouvait remplir leurs poumons d’eau de mer. Ils sont au ras des pâquerettes Wade et Charlie, ils s’étouffent dans leurs larmes sans le savoir ; ils sont si vides à l’intérieur, mais tellement pleins, deux navires en perdition amarrés l’un à l’autre, bataillant pour se tenir hors de l’océan. Lorsqu’elle s’imagine que la tempête est passée, qu’ils ont réussi à rejoindre leur île déserte faite de parpaings, de parquet et de canapés bruns, il arrive à lui mettre une claque en pleine figure. Et même s’il a murmuré, même s’il a appuyé sa détresse d’un doux baiser sur sa peau, les mots font mal, terriblement mal. « Je suis désolé Charlie. »
Oh Wade, qu’est-ce que tu veux ? Après quoi cours-tu, qui sont tes moulins ? Qu’est-ce que tu fais là, tout cabossé, tout usé, tout misérable sur ta chaise ? Demande-lui la lune, elle te la donnera si c’est ce qu’il te faut pour aller mieux. Elle n’attend que ça, Charlie, te faire plaisir. Elle ne veut qu’une chose, se briser le dos sous ton poids lorsque tu voudras qu’elle te porte vers la surface. Son ultime but c’est sauver ton bateau en sacrifiant le sien. Laisse-la couler, Wade, laisse-la couler et va-t’en. Fuis. Est-ce que tu ne vois pas que vous vous attirez mutuellement dans ce trou pitoyable ?
« C'était en mission. » Elle éteint le gaz et pose ses deux mains à plat sur le plan de travail. C’est froid, ça la réveille. L’entendre parler est inattendu et elle ne sait pas vraiment quoi dire, quoi faire. « J'ai merdé une infime seconde, et j'ai trinqué. » Maintenant que la certitude qu’il est prêt à continuer de parler est dans son camp, elle s’autorise un demi-tour, les yeux fixés sur le sol, une jambe pliée contre le four. « Je peux encore faire des efforts physiques bien entendu, mais je paye le lendemain. Et j'ai beau y faire très attention, la blessure ne diminue pas. » Il a fini. Elle peut lever les yeux. Leurs regards se croisent, s’accrochent, se stabilisent. Sa bouche s’entrouvre mais seul de l’air en passe la barrière. Elle a tellement de choses à dire qu’il lui devient impossible de parler. Elle quitte un instant l’Atlantique qui coule dans ses yeux pour s’intéresser à la jambe qu’il a étendue sur une deuxième chaise. Elle la fixe quelques secondes, comme si elle était désormais possédée d’un pouvoir lui permettant d’observer les blessures à travers les pantalons. Elle récupère son regard en s’adressant à lui. « Tu devrais aller voir quelqu’un. Quelqu’un qui saurait quelle attention lui donner. » La maternité du propos lui renvoie une mauvaise impression et elle s’empresse d’ajouter une suite à sa phrase, craignant de se reprendre une tarte signée « Tu n’es pas ma mère. » Jamais, ô grand jamais elle ne voudrait donner un goût incestueux à leur relation. Laisser les rideaux ouverts suffit amplement au burlesque de la situation. « Quelqu’un qui n’est pas moi, si c’est plus facile. »
Fuyant à nouveau sa réaction, elle reprend sa place en face de la plaque de gaz, satisfaite de découvrir que malgré l’interruption culinaire, l’omelette a l’air parfaitement comestible. Elle la laisse glisser dans une assiette unique, dépose un couteau et une fourchette sortis rapidement d’un tiroir sur le tout, et se retourne une dernière fois vers la table, brandissant son œuvre. Un peu ranimée, un peu réconfortée, elle se tient bien droite, un grand, un vrai sourire aux lèvres. « Ne crois pas qu’une jambe amochée te donne des airs de gladiateur sexy. » Elle place enfin son plat de fortune - son pique-nique chic – entre leurs deux chaises. Certes, elle ne peut s’empêcher de penser au prix qu’aurait une telle information en dehors du MI6, mais elle voudrait pouvoir profiter de la coquille qu’ils se sont construit ensemble, juste cette fois. Quelque chose se passe ce soir, elle le sent, il est différent. Elle décide alors de bannir la pensée de cet affreux Blackberry sur la table jusqu’à ce que Wade quitte l’appartement. Ce soir, Charlie Gallagher décide de profiter des jolies choses simples de la vie.
HRP - Voilà parce que je m'ennuyais et que j'ai réinstallé ma tablette graphique, j'me suis dit que ça t'enverrais des good vibes si tu passais par là et que tu voyais mon super dessin digne d'une 3yo girl 8D