Ecosse, village de Ruthwell, clinique du docteur Lewis
18 novembre 2012, 11h34-Docteur Lewis ? Navré de vous déranger mais, est-ce qu’il y a du nouveau sur la femme que je vous ai amené avant-hier ?Walter McCole était un jeune trentenaire sans ennuis et bien tranquille qui vivait de petites livraisons de nourritures et d’autres provisions entre le village de Ruthwell et les villages aux alentours. Un chauffeur à la bonne bouille et au visage des plus soucieux et amical. Mais, surtout, un homme qui avait été secoué par une découverte des plus étonnantes : le corps d’une femme, au demeurant encore envie, sur le bas-côté de la route. Sans hésitation, notre principal intéressé avait ramené le corps meurtri et blessé de cette pauvre victime afin de la faire examiner par le docteur de son village. Un certain docteur Lewis !
Contrairement à son cadet, le praticien avoisinait la cinquantaine d’années et voyait son âge souligné par un ventre proéminent et une calvitie on ne peut plus marquée. Si Walter avait une allure inquiète et sympathique à la fois, le docteur lui était d’avantage un homme blasé et ennuyé de son métier et de l’état de sa vie passé. Désintéressé et faisant plus son travail que par obligation, il ne retint pas un soupir ennuyé de cette nouvelle visite du prénommé Walter. Oui, la sollicitude des visiteurs pour les patients n’étaient pas sa tasse de thé.
-Votre belle au bois dormant ? Elle dort toujours ! Mais, j’allais justement vérifier ses constantes donc, si jamais vous voulez m’accompagner…Histoire que tu puisses la voir et ensuite me foutre le camp, et la paix avec ça par la même occasion, pensa le praticien.
Quittant son siège, le docteur entraîna son cadet dans la salle où était alité le corps de cette inconnue. Une brune à l’aspect ténébreux et devant avoir dans la petite trentaine tout au plus. Un corps relativement bien formé, silhouette gracile et sportive. Aucun excès de poids, ni de carences apparentes. Certainement le type athlétique et très active lorsqu’elle n’était pas plongée dans cette espèce de coma encore inexpliqué.
Toutefois, s’il n’y avait pas d’explications, il y avait bel et bien des blessures. Une entaille profonde, transversale, traversait la partie supérieure droite de son front. Son visage, bien que nettoyé de la poussière présente lors de son ‘sauvetage’, était marqué de plusieurs griffures de part et d’autres de ses deux joues. Le torse, le dos, ainsi que ses jambes étaient aussi recouverts de différents pansements afin de soigner au mieux les diverses coupures et autres petites taillades dont elle avait été victime.
Inquiet, Walter ne pouvait s’empêcher de venir frotter ses doigts les uns contre les autres en signe de nervosité. Il cherchait à comprendre, à essayer de savoir ce qu’il en avait été. Mais rien, aucune réponse plausible ne lui venait en tête.
-Comme je vous le disais hier Walter, avant qu’elle se réveille, je ne saurai rien vous apprendre. Alors cessez de vous ronger les sangs inutilement. Pour le moment, nous ne pouvons que la laisser se reposer, je le crains.Expliqua le docteur avec un détachement teinté de nonchalance. En même temps qu’il s’exprimait, il ôta le pansement qui recouvrait l’entaille sur le front de la demoiselle. Geste machinal, faisant sans doute appel à son passé d’infirmier lorsqu’il travaillait encore à Glasgow.
Pour toute réponse, Walter ne put s’empêcher d’hocher finement de la tête tout en reposant son attention sur ce fameux visage. A défaut de savoir ce qu’elle avait eu, il se torturait un peu trop afin de trouver le bon moyen pour la réveiller au plus vite. Donner un petit coup d’accélérateur pour aller contre l’action de la nature. Et, autant vous dire qu’il ne s’attendait pas à ce qu’une simple fixation de son visage lui permette d’y arriver ! Une observation, un phénomène qu’il ne put s’empêcher d’indiquer au praticien.
-Docteur… ? Noir. Tout était noir dans la tête de Casey. Son esprit était comme éteint, son cerveau tout simplement absent. Elle dormait profondément d’un sommeil sans rêve. D’un sommeil qui dure et qui ne parait s’étendre que le temps d’une poignée de secondes. C’est un tunnel sans sortie au cœur duquel on avance à l’aveuglette, sans jamais savoir sur quoi nous allons tomber. Puis, soudain, on voit une lueur ! Cette fameuse lumière qui apparait au bout du tunnel !
Les cils de la jeune femme commencent à se mouvoir très lentement. Les paupières essayent de s’entrouvrir. Elle voit une grosse lumière aveuglante noyé la fine ouverture de ses yeux. Son visage réprime alors une grimace en guise de réaction. Les deux personnes l’entourant, elles, ne font aucun bruit, témoins silencieux et respectueux de cette scène inattendue au final.
Une main se lève péniblement de la couche pour atterrir au sommet de son regard. Un fin gémissement, à peine perceptible, quitte ses lèvres. Tout ne ressemble qu’à un immense brouillard. Tout est confusion et douleur dans le crâne. Où est-elle ? Qu’est-ce que c’est que cette lumière ? Et que s’était-il passé ? Que s’était-il passé avant ce sommeil profond ?
-Mademoiselle… ?Résonna la voix du docteur juste à côté d’elle. Prise de surprise, Casey tourna sa tête en direction de cette voix. Elle ne vit pas le visage de son interlocuteur. Simplement la forme arrondie de son ventre à hauteur duquel une paire de ciseaux était ferment tenue dans une main. Des ciseaux. Cette paire de lame qui fit s’écarquiller les yeux de notre belle au bois dormant. D’un geste rapide, d’un réflexe sortit d’elle ne sait où, elle leva ses mains pour attraper le bras armé de cet homme et lui retourner les ciseaux dans le cœur.
-HEY !S’écriant de surprise et d’effroi en même temps, Walter venait maladroitement de manifester sa présence. La tête de Casey se tourna alors vers lui avec une lueur sombre, sanglante, meurtrière. En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, elle retira les ciseaux du corps sans vie du praticien, s’échouant au sol, pour lancer son outil de défense en plein dans la pomme d’Adam du jeune homme.
La victime lève ses mains vers la paire de lame mais étouffe déjà et sent son sang s’écouler de la plaie sans pouvoir l’en empêcher. Il essaie de prendre appuis sur le mur, de se diriger vers la porte. De son côté, Casey se redresse, assise sur sa couche. Elle regarde autour d’elle en se sentant tout simplement perdue, craintive, en danger et… Et… Elle ne sait tout simplement pas. C’est comme si les émotions la traversant alors n’était qu’une éruption de plusieurs états d’esprits et autres états d’âmes qu’elle était incapable de discerner et d’expliquer.
Elle observe son corps, simplement vêtue d’un petit marcel blanc et d’une culotte de la même couleur. Ses bandages et petits pansements lui apparaissent alors dans la plus grande incompréhension. Qu’a-t-elle eu ? Que s’est-il passé ? Elle se lève alors et se dirige vers le corps suffoquant de Walter. Elle le tourne séchement, dos au sol et face à elle, l’empoignement solidement par le col de sa veste.
-Qu’est-ce que vous m’avez fait ?!Demanda-t-elle dans une expression mêlant la rage à celle de la panique. Bien malheureusement pour elle, le jeune homme est désormais incapable de lui répondre. Ses yeux se révulsent, sa respiration s’arrête. Casey venait de tuer son sauveur sans même en avoir réellement conscience.
L’adrénaline. Elle sait qu’elle ne doit pas rester là et se déplacer. Pourquoi et pour aller où ? Elle l’ignore ! Mais il faut qu’elle soit en mouvement. Voilà comment en vient notre ténébreuse meurtrière à quitter cette salle d’examen, les pieds et les mains maculées du sang de sa victime. Elle longe un petit couloir avant d’arriver dans une salle plus spacieuse, ressemblant à ce qui semble être l’accueil de cet endroit.
-Mademoiselle ? Où est le docteur Lewis ?S’enquit aussitôt la secrétaire, interrompue dans sa discussion avec la personne en visite. Son regard est rapidement alerté par la présence du sang frais sur les mains de Casey. Elle a un mouvement de surprise et de recul tout en se relevant de son siège.
-Ne bougez surtout pas et ne faites pas un seul pas de plus où j’appelle la police…Une remarque qui fait à nouveau réagir la lueur sanglante et assassine de notre rescapée. Contrairement à l’ordre lui ayant été donné, elle se laisse guider par son instinct. Casey est en présence d’un danger. Casey doit l’affronter en le réduisant à l’état le plus inoffensif qui soit. La visiteuse des lieux est la première prise pour cible, agrippée sèchement par une femme sortie de son coma et lui brisant la nuque sans sommation.
-Non, arrêtez, je vous en prie…Commence à s’effrayer d’avantage la secrétaire alors que Casey fait un bond au-dessus du comptoir. Elle atterrit juste face à elle et vient la plaquer de force contre le mur, son regard froid et aussi glacial que la mort planté dans le sien.
-Voiture. Clés. Vêtements.
-Oui, oui… Tout ce que vous voulez…Cinq minutes plus tard, Casey sort de la clinique, vêtue des vêtements de la secrétaire du docteur. Après tout, cette dernière n’aura plus besoin de s’habiller désormais. Les clés du véhicule en main, elle appuie sur le bouton de sécurité pour repérer la voiture. Elle ouvre la portière, grimpe derrière le volant et met le moteur en marche. Qu’importe sa destination, Casey doit rouler et partir d’ici.
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Angleterre, Londres, QG du MI 6
23 décembre 2012, 14h57M était assise à son bureau, un verre de bourbon dans une main alors que l’autre était posée sur le rebord d’un dossier. Le regard dur et, en apparence, inexpressif, ne parvenait pas à se détacher de la photo de l’agent double zéro trois. Un de ces neuf meilleurs agents. Un de ces neufs et honorables espions ayant reçu la permission de tuer et, de par ce fait, de remplir les missions et les tâches les plus dangereuses que tout agent n’aurait jamais à rencontrer.
Après plusieurs minutes passées dans cette position on ne peut plus figée, M vida d’une traite le fond de son verre avant de le poser sèchement sur la table. Elle quitta son siège et avança jusqu’à la grande vitre décorant son bureau. Lentement, elle croisa les bras à hauteur de ses reins et laissa son regard glacial parcourir le paysage londonien. Le moment était à la réflexion, le moment était à la décision. Cette affaire trainait déjà depuis trop longtemps maintenant.
Double zéro trois… Une de ses meilleures recrues. Ainsi avait-elle toujours considérée l’espionne comme tel ! Et comment faire autrement une fois que l’on regardait de plus près le parcours de cette jeune femme exceptionnelle. Certes, tout le monde à un passé, tout le monde à son cheminement le prédestinant à l’une ou l’autre vie. Car, oui, contrairement à bons nombres d’espions ou d’agents double zéros existants, ou ayant existé, double zéro trois n’était pas une femme qui avait tout fait pour obtenir son statut. Elle était une femme qui avait été choisie et formée pour tuer et protéger la patrie.
Orpheline, née sous X, l’espionne fit partie de ces quelques enfants jeunes, sans parents, sans famille et sans attache que le MI 6 venait recueillir par le biais d’agents de formation. Souvent en faux couple pour les besoins d’une telle éducation et de cette formation particulière, il n’en demeurait pas moins d’excellents acteurs afin de simuler le meilleur environnement familial que puisse avoir et trouver un enfant.
Ainsi, durant toute son enfance, double zéro trois reçu une éducation à la fois stricte et normale. Ses ‘parents’ testèrent alors ses envies et l’étendue de son éveil. Ils tentèrent de l’inscrire à des activités, principalement sportive, et de la guider vers des ateliers créatifs comme le dessin, la peinture, la musique. Tout ce qui était capable d’égayer son imagination et l’ouverture de son esprit, et de par ce fait de sa culture. Et, fort heureusement, cette volonté fut payante puisque la jeune fille se plaisait à se lancer dans toutes ses activités plus que nombreuses.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que son enfance et son adolescence furent riches en activités susdites ! Toute l’année, double zéro trois jonglait ses cours au collège et au lycée avec sa pratique du fitness et ses leçons d’arts martiaux. Ensuite, une fois venu les congés hivernaux, elle partait avec ses parents pour une bonne quinzaine pratiquer le ski et le snowboard. Lorsque l’été faisait son apparition, les montagnes enneigées laissaient place à la pratique de la motocross, du rafting et de l’escalade. Et, autant dire que lorsqu’il était temps pour eux de retourner dans le calme de la vie anglaise, la demoiselle n’était jamais très contente, ni heureuse. Oui, elle aimait clairement cela.
Ce n’est qu’à ses dix-huit ans qu’on lui expliqua alors la vérité sur son passé, sur son éducation et sur toute les formations physiques et intellectuelles qu’elle avait pu suivre, sans même s’en rendre compte, afin de faire partie des potentielles recrues du MI-6. Accusant d’abord le coup, il est évident que notre principale concernée ne s’était pas mise à sauter de joie dans tous les sens mais à remettre toute son existence en cause. Néanmoins, elle finit par accepter cette destinée et à entreprendre la formation finale afin de pouvoir devenir espionne.
C’est à vingt ans qu’elle fut reconnue avec plus de considération qu’une simple recrue. Elle avait passé tous les tests et s’était brillamment distinguée dans l’ensemble de ses résultats. Mais peut-être était-il encore trop tôt, à l’époque, pour qu’elle soit promue agent double zéro. En tout cas, M se souvient qu’elle ne lui faisait nullement confiance pour lui accorder un tel privilège en ce temps-là. Ainsi resta-t-elle longuement en activité comme simple espionne. Son travail était remarquable, exemplaire. Elle représentait comme une sorte de modèle à suivre pour toutes les nouvelles recrues et, surtout, ne cessait d’apprendre sur le tas par la présence d’autres agents et, notamment, d’un certain double zéro également.
Après sept longues années de dur labeur, ses compétences ne firent plus aucun doute et M avait reconnu que le temps était venu pour sa recrue d’obtenir le permis de tuer. Un jour solennel, dont M voit encore la large satisfaction, difficilement contenue, parcourir le regard de double zéro trois. Cela faisait six bonnes années que ce jour était arrivé et, pourtant, M n’avait jamais oublié cet instant la concernant. Après tout, cela est toujours comme une forme de nouvelle naissance…
L’appréciait-elle réellement ? Sur le plan humain, M ne pouvait se permettre de s’épancher dans des ressentis et d’autres sentimentalités. Cela n’était bon qu’à amener la rupture de la relation professionnelle et la perte de l’efficacité la plus totale. Ceci dit, elle avait tout pour être satisfaite de ses résultats sur le plan professionnel. Et, indirectement, elle ne pouvait s’empêcher de penser que ce n’est pas tous les jours qu’elle recueillerait une nouvelle agent de cette trempe et de ce talent-là. Mais cela ne devait pas empêcher la page de se tourner…
Après un bref soupir, M se retourna et revint à hauteur de son bureau. Elle observa une dernière fois la photo de double zéro trois et vint refermer le dossier avec un geste définitif. Laissant ce dernier sur le bureau, sans y toucher d’avantage, elle appuya sur une touche de son téléphone de bureau.
-Oui ?
-Concernant le dossier de l’affaire Casey Monroe…
-Oui, M ?Un petit silence s’installa. Le regard de M parcouru une dernière fois la couverture du dossier pour s’en détourner définitivement quelques secondes après.
-L’agent double zéro trois est officiellement mort. L’affaire est classée.
- Bien Madame.-----
Angleterre, Londres, Quartier de Soho
23 février 2013, 07h11La serviette enroulée autour de son corps encore humide, Casey quittait la cabine de douche tout en venant chasser la buée s’étant installée sur le miroir de la salle de bain. Son geste effectué, elle garde un bras le long de son corps tandis que son autre main gagne les courbes de son visage. Elle effleure sa peau, son nez, sa bouche du bout de ses doigts. A cet instant précis, deux seules interrogations demeurent : qui suis-je ? Et à qui appartient ce visage ?
« Je m’appelle Casey… Casey Monroe… »
La buée gagne rapidement le miroir. L’image qu’il renvoie redevient embrumée, à peine perceptible. Il n’affiche que la silhouette d’un fantôme, d’une entité qui semble sans consistance aucune. Et comment ne pas accepter une considération lorsque l’on sait que l’absence d’éléments mémoriels ne vous permet d’exister concrètement ?
« J’ai 33 ans… Je vis à Londres… »
Casey reste à observer longuement ce simple phénomène de condensation tout en demeurant parfaitement immobile. Peu à peu, ses iris manifestent la présence d’une timide humidité. Naissance de larmes, légères, furtives. Elle est épuisée, elle est éreintée et perdue de ne rien savoir. Lutte incessante de son quotidien depuis son réveil meurtrier. Certes, elle avait des rêves, des images et des flashs qui assaillaient son esprit. Mais rien de cohérent, rien de concret. Un simple maelstrom hasardeux et brouillon.
« Et je ne sais pas qui je suis… Ni où se trouve ma place… »
Tel un objectif des plus obsessionnels, Casey avait quitté le village de Ruthwell pour rouler à travers le royaume. De villes en village, elle n’avait aucun souvenir d’aucun de ces noms rencontrés. Elle ne s’arrêtait pas, ne s’arrêtait plus. Elle ne comprenait pas pourquoi mais la faible voix dans sa tête ne cessait de lui répéter : Londres ! Oui, aller Londres mais, pour qui ? Ou pourquoi ? Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir. Et puis, dans l’abysse mental qui était le sien, l’obsession était le seul guide de cette route mystérieuse.
« J’ai un travail… Mais j’ai le sentiment que ce n’est qu’un mensonge… »
En arrivant à Londres, Casey ne trouva pas plus de réponses, si ce n’est celle de son métier. Une représentante en assurance que personne ne connaissait. Enregistrée dans les archives du personnel, aucun membre de cette compagnie n’était capable d’identifier son visage ou de répondre à ses questions. Quel était ce mystère ? Et surtout, comment une représentante en assurance connaissait-elle tant la pratique de l’art du combat et même les armes à feu ? Casey commençait à redouter de devoir baser ses recherches sur une fausse identité, sur un propre mensonge. Un constat plus que terrifiant lorsque vous êtes incapable de vous souvenir. Où est la vérité ?
« Je ne vis que pour me souvenir, mais je n’arrive à rien… »
Londres est souvent considérée comme une belle et noble capitale du monde. Son ambiance, sa population, son art de vivre… Richesse culturelle énorme mais si effrayante lorsque l’on ne voit rien d’autre que des sphères, des formes et des bruits qui nous agresse de leur malveillance. On peut rapidement s’égarer aux quatre coins des rues. Un égarement dont notre ancienne espionne avait été victime. Un salut fut sien. Un salut n’étant autre qu’une main tendue…
« Heureusement, je ne suis pas seule. Elle est là pour me soutenir, pour m’aider à me souvenir… »
Une jeune femme recueillant Casey chez elle, dans son domicile. Touchée en apparence par l’histoire de cette amnésique, c’est sans aucune hésitation qu’elle la recueillie et lui permis de s’installer autant que nécessaire chez elle. Et c’est précisément au sein de cette demeure que Casey quitta la salle de bain à l’instant, toujours vêtue de sa petite serviette de bain. Comme à l’accoutumée, le pas est hésitant pour se rendre jusqu’à sa chambre.
« Mais elle ne peut savoir pourquoi je suis obsédée… »
Face à la penderie, Casey observe les quelques vêtements qui se trouvent face à elle. Elle les trie un par un, d’un geste vif et un tant soit peu nerveux. Un soupir quitte ses lèvres. Finalement, elle jette un chemisier et un jeans à la surface de son lit. Une tenue, passe-partout, pour repartir à son travail ou à ses investigations quelconques.
« Obsédée par le chiffre trois… Obsédée par la lettre M… Obsédée par cette permission de tuer… »
La serviette tombe au sol. Les vêtements s’enfilent sur le corps de notre principale intéressée. Son silence est celui de la pensée et de la réflexion. Casey n’est pas bruyante, Casey n’est pas exubérante. C’est l’image de la solitaire calme et inflexible à l’extérieur, alors que tout n’est que tumulte à l’intérieur. Que faire aujourd’hui ? Elle l’ignore encore ! Chaque journée n’est-elle pas une aventure en soi ?
« Elle m’a parlé d’un homme, d’un certain Zemko. Ce dernier pourrait m’aider à trouver des réponses… »
Impatiente et nerveuse, elle regagna le salon où elle tomba nez à nez avec sa colocataire. Malgré l’heure matinale, cette dernière était tout sourire de la bonne nouvelle qu’elle avait à annoncer à Casey. Une solution pouvait voir le jour : ‘un homme te connait.’ Des paroles qui clouent notre ancienne espionne sur place, la bouche entrouverte et le regard plus perdu qu’à l’accoutumé.
« Mais suis-je prête à entendre ces réponses ? Et si je détestais ce que j’allais trouvé ? »
Lorsque nous ne savons rien, notre imagination peut-être une armure comme une fêlure. L’amnésie vous enlève votre passé, votre vire… Mais il enlève aussi peut-être des parts de honte dont il serait préférable de ne pas se souvenir. L’absence de mémoire est le cadeau empoisonné d’une seconde chance. Faut-il alors l’accepter ou non ? C’est ce qu’elle ignore et qui la fait irrémédiablement douter. Femme de tête et de détermination, elle ne peut pas, elle ne doit pas se laisser aller à tant de faiblesse… Oui, franchir le cap ou non ?
« Car, suis-je une femme normale, un simple numéro ou un monstre mortel… ? »
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FONDAMENTALEMENT, TU ES PLUTÔT GENTIL OU MÉCHANT ?Vous savez, c'est très étrange de vivre en ayant ce sentiment qui vous parcourt et qui vous amène à penser que vous avez le droit. Le droit d'agir selon vos besoins et vos propres convenances. C'est comme un réflexe inaltérable où vous prenez conscience que vous n'êtes ni bon, ni mauvais... Mais juste un mélange de blanc et de noir s'accommodant à tous les besoins vous faisant face. D'une certaine manière, je pourrais vous répondre que mon leitmotiv n'est autre que : 'quand nécessité fait loi'. Certes, je ne souhaite pas la mort d'individus, je ne désire pas la fin du monde et la destruction totale tout autour de moi. Mais dans les méandres de cet esprit que je ne contrôle plus, je sais que je suis apte de faire des choses pas très... honorable. Alors aller savoir si j'en étais une héroïne ou un monstre par le passé... Et ça, je dois bien admettre que je suis quelque peu terrorisée d'en devoir découvrir la réalité.
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ES-TU HEUREUX DANS CE QUE TU FAIS DE TA VIE ? Tout dépend ce que vous entendez par 'ce que je fais' ? Si c'est dans le sens professionnel, il paraîtrait que je sois une représentante commerciale et une démarcheuse pour une grande compagnie d'assurances mondiale... Alors qu'étrangement, je me sens incapable de vendre quoique ce soit ! J'ai d'ailleurs toutefois essayer de retrouver l'endroit, le bureau dont je dépendais mais, personne ne semble se souvenir de moi. Alors on va dire que j'essaie de réapprendre mon métier. Tout du moins, quand je ne suis pas occupé à enquêter sur ce que je pouvais être. Je ne suis pas heureuse de devoir fouiller, creuser et j'en passe dans tous les domaines et tous les endroits pouvant me rappeler le plus petit détail de ma vie antérieure. Je le fais car j'en ai besoin pour aller mieux. Je ne suis ni mal, ni heureuse dans ce que je réalise au quotidien. Sans savoir quelle est ma place, je ne peux réellement la trouver après tout !
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POURQUOI ES-TU UNE PERSONNE AGRÉABLE ? Oulà, heum... Disons que c'est plutôt le genre de questions que vous devriez poser à la demoiselle qui m'héberge depuis presque deux mois. Enfin, si je veux essayer de rester la plus objective possible, je dirais que ma qualité première est très certainement ma ténacité. Au plus profond de moi, je sens que je ne suis pas femme à baisser les bras quelles que soient les difficultés ou les circonstances. J'aime également me montrer souriante et un poil insouciante... Enfin, c'est un trait de caractère qui semble pas mal ressortir ces derniers temps et, ce, indépendamment du fait que je me sentes terriblement perdue. J'avoue apprécier une bonne conversation et plus particulièrement les petits échanges emprunt d'une pointe de provocation et de piquant. A cela, il faut aussi ajouter un naturel très observateur. Parfois, je me demande si on ne m'a pas implanté quelque chose dans le cerveau car je suis capable de photographier toute une pièce entière dans ma tête en un simple coup d'oeil. C'est bizarre ce que peut vous faire faire votre mémoire par moment, non ? Enfin, j'ai cette nette sensation d'être protectrice et fidèle également. Mais une fois de plus, je n'en n'ai pas de certitudes pleinement définies pour autant !
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ET QUELS SONT TES POINTS FAIBLES ? Mon amnésie... Actuellement, je ne vois que cela comme étant mon véritable talon d'Achille. Car, de un, je n'arrive pas à la guérir et, de deux, elle me conduit perpétuellement sur cette route sans issue, plongée dans l'obscurité, où je ne vois ni ne discerne quoique ce soit... Et vivre comme ça est plus qu'effrayant !
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PLUTÔT AMI OU ENNEMI DE LA LOI ? Eh bien ma réponse ici rejoint naturellement ma réponse à votre première question. Je ne me sens guère l'envie de l'enfreindre gratuitement ou pour le plaisir. Je remarque tout simplement que la loi repose sur des codes et des règles dument réfléchi pour permettre une parfaite vie en communauté mais, sur le côté, elle représente aussi une montagne d'entraves qu'il faut savoir franchir lorsque le besoin est présent. Donc, oui, je franchis les limites de l'acceptable si cela peut m'aider à avancer... Et j'ai comme qui dirait l'impression que je ne me suis jamais retourner sur ce genre de limites, même dans le passé.
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TON OBJET FÉTICHE ? Un anneau en argent que je possède à l'annulaire gauche. J'ignore sa signification mais c'est le seul objet que je possédais à mon réveil et, après plusieurs recherches dans des bijouteries et sur le Net, j'ai découvert qu'il s'agissait tout simplement d'un modèle unique. Alors, en attendant d'en découvrir le sens et la raison, je me contenterai de dire que tant qu'il demeure à mon doigt, je continuerai à vivre et à aller de l'avant en toute sécurité.
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PARLE MOI DE TES PENCHANTS AMOUREUX ET DE TA SITUATION ACTUELLE ? Si ma mémoire a des trous, mes hormones n'ont absolument aucun problème pour se manifester à n'importe quel moment. Elles semblent très sélectives vis-à-vis de la gente masculine mais, en ce qui concerne les femmes, elles sont bien plus productives et enflammées. Etais-je d'ailleurs quelqu'un d'un grand appétit sexuel ? A croire qu'à certaine période, oui en tout cas ! Sinon, je me considère certes comme célibataire tout en avouant un étrange jeu de séduction, de charme et de plaisir avec celle qui me recueille et m'héberge actuellement... Ca à son côté aussi rassurant que déstabilisant d'ailleurs...
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ET TON PLUS GRAND RÊVE ? Retrouver mon passé, retrouver qui j'étais et, de nouveau, me sentir totalement complète !
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ES-TU UN BON CITOYEN DE LONDRES ?Combien de fois devrais-je mettre en avant que je ne sais pas ce que je suis, ni qui je suis ? Alors savoir si je suis ou non une bonne citoyenne, vous pensez...
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QUEL A ÉTÉ TON CHOIX DE VIE LE PLUS RÉUSSI ?Sans passé, impossible à dire... Si ce n'est de ne pas baisser les bras face à tous ces mystères justement ?
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ET TA PLUS GROSSE DÉFAITE ?Je suis hanté par ces quatre personne que j'ai massacré et assassiné à mains nues alors que je venais de sortir de mon coma. Cela a été pour moi ma plus grande honte, oui. Même si j'ai de plus en plus conscience que la notion de meurtre en tant que tel ne me dérange pas plus que ça, jusque dans mes veines, j'ai tout de même remercié mes sauveurs en leur ôtant la vie par simple réflexe de peur... Et, autant dire qu'il y a plus glorieux comme geste de remerciement !
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TA PIRE ADDICTION ? Mon besoin, ma nécessité de me sentir dans un quotidien fait d'adrénaline, se déroulant à du trois cent à l'heure, quitte à ne pas en avoir une seule seconde de répit. J'aime quand ça bouge !