Jared se trouvait dans l'une des nombreuses salles de conférences qu'on pouvait trouver dans les locaux du MI6. Il allait encore avoir droit à une de ces foutues évaluations psychologiques. C'était apparemment une procédure habituelle ici, mais ce genre de procédures avaient toujours eu le don de lui taper sur les nerfs. Il détestait que des psychologues essayent de farfouiller dans sa tête. Donc, il attendait là qu'on vienne le psychanalyser, pour vois si il n'était pas devenu du jour au lendemain un psychopathe en puissance. Psychologue qui passa d'ailleurs la porte, un dossier entre les mains. Il s'assit en face du militaire, avant de commencer d’une voix calme
"Bien, je vois que vous êtes finalement venu. Alors commençons sans plus attendre monsieur Cobb." Mais Jared leva deux doigts tout en faisant claquer sa langue.
"Bon, on va mettre les points sur les I direct. Ça me fait chier d'être ici. Et si ça ne tenait qu'à moi, vous vous mettriez cette...évaluation là ou je pense. Ah, et c'est lieutenant Cobb. Pas monsieur." Le psychologue sourit, avant de griffonner quelques mots sur un bloc-note. Jared se doutait que ça ne devait pas être très glorieux. Et il avait du en voir passer plus d'un semblable à Jared.
"Soit. Je vais commencer par quelques questions simples. Pourquoi être entré dans l'armée?" De l'autre côté de la table, le lieutenant sourit. On lui avait posé cette question tellement de fois qu'il avait maintenant une réponse toute faite, qu'il balançait comme si il lisait une banale liste de courses.
"On va j'ai pas vraiment eu le choix. Je suis fils, petit-fils et arrière-petit-fils de militaire. Chez les Cobb, on a la guerre dans le sang. À la maison, la seule chose qui comptait, c'était que je finisse le lycée pour pouvoir m'engager." Le psy nota de nouveau quelques-chose sur son bloc, avant d'enchainer avec la question suivante.
"Et qu'est-ce que vous pensez de ce choix de carrière quelque peu forcé?" Jared soupira, avant de sortir un paquet de chewing-gum de sa poche. Il se revoyait lors des tests qu'il avait passé lorsqu'on l'avait catapulté au MI6. Le militaire commença à mâchouiller son chewing-gum, avant de répondre:
"J'aime bien. Au moins moi je fais quelque-chose d'utile. Je sauve des vies...en supprimant d'autres vies. C'est pas pour devenir libraire que je me suis mis au sports de combat. J'ai même fini champion de boxe inter-lycées. Et je dois dire que savoir cogner quelqu'un au bon endroit est toujours utile." Après un nouveau griffonnage de la part du psychologue, ce dernier posa une nouvelle question.
"Pouvez-vous me raconter vos missions dans l'armée?" Jared garda le silence quelques instants. L'armée...il s'était engagé à peine quelques semaines après avoir fini le lycée, et après une formation réglementaire de trois ans, il avait signé chez les SAS. Et après, il avait commencé sa longue carrière au sein des forces spéciales. Au fil des missions, il avait grimpé les échelons un à un, envoyé sur des missions toujours plus sensibles les unes que les autres: prévenir une attaque terroriste, mettre la main sur une stock d'armes, empêcher la vente de matériel nucléaire...mais ce psychologue ne saurait rien de tout ça.
"Nan. Je ne peux pas et je ne veux pas en parler. C'est Secret Défense. Si je vous le disais, je serais obligé de vous tuer. Je pourrais toujours vous couper la langue, mais vous seriez encore capable de l'écrire. Et puis, un psy muet, ça doit avoir du mal à faire son boulot..." Face à Jared, le psychologue avait l'air tout aussi calme qu'avant, mais il devait surement être effrayé. Au moins un tout petit peu. Puis il continua sur sa lancée, se décidant quand même à lui faire un peu plaisir
"Bon, on va dire que j'ai pas mal voyagé. Malaisie, Vietnam, Russie, Côte d'Ivoire, Bolivie...je suis même allé à Dubaï. Mais j'ai pas vraiment eu l'occasion de profiter du coin, vu que j'étais là pour liquider un ex-agent du KGB reconverti dans le trafic d'armes." Mais alors que Jared pensait que l'entretien se terminerait ainsi, le psy posa une nouvelle question. Et bien évidemment, la question à laquelle le militaire n'aimait pas répondre.
"Et pourquoi avoir choisi d'intégrer le MI6?" Jared soupira, se leva, avant d'aller cracher son chewing-gum dans la poubelle placée juste à côté de la porte.
"Écoutez-moi bien. Je ne voulais pas qu'on m'envoie au MI6. J'étais très bien chez les SAS. Si je suis ici, c'est sur ordre de mes supérieurs. Si j'ai intégré cette...unité, c'est parce que je suis bon dans mon domaine. Très bon même. Je faisais tout aussi bien mon boulot à Credenhill qu'ici." Puis Jared quitta la pièce sans même attendre que le psychologue ne lui en donne l'autorisation.
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POURQUOI AS-TU VOULU DEVENIR UN ESPION POUR LE Mi6 ? Comment j'aurais pu savoir que je deviendrais un "simili-espion"? Moi mon truc, c'est les forces spéciales. Se faire tirer dessus à longueur de temps, risquer sa peau dès qu'on quitte la base, faire partie d'une escouade... Bon, j'avoue, c'est à peu de choses près ce que je fais avec le MI6. Sauf que maintenant, j'ai du meilleur matos, un meilleur salaire et faut pas oublier que les assistantes sont plutôt jolies...
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QUE T'INSPIRE LE FAIT DE TUER ? Pas grand-chose. J'avoue que la première fois que j'ai tué un gars, j'ai failli rendre mon petit-déjeuner. À l'époque, j'avais vingt-deux ans. Maintenant... bah, c'est devenu presque aussi facile que de respirer. Je dis pas que j'aime ça, bien au contraire, et sinon je vaudrais pas mieux que tous les pourris que je traque. C'est seulement devenu moins... écœurant.
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QU'APPORTES-TU AU Mi6 ? Hormis ma magnifique gueule d'ange? Mes compétences. Bosser pendant douze ans chez les SAS m'en a un bon paquet. Pour commencer, un sang-froid exceptionnel. J'en ais vu plus d'un mouiller le pantalon dès le premier échange de tirs, alors que moi, j'irais presque pousser la chansonnette. J'ai bien dit presque... Puis, il y a ma débrouillardise. Je réussis à me tirer de pas mal de guêpiers sans perdre trop de morceaux. Et pour finir, mon don pour renvoyer les grenades d'un élégant coup de pied.
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ET QUELS SONT TES POINTS FAIBLES ? Sans hésiter, ma générosité. Ouais, je place ça dans mes points faibles parce qu'à cause d'elle, j'ai tendance à me mettre délibérément sur la trajectoire des balles. Surtout quand elles se dirigent vers des équipiers. Et il faut surtout pas que j'oublie... ma grande gueule. Quand quelque-chose me déplait, j'ai tendance à le dire et ça me met souvent dans des situations assez... inconfortables.
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PLUTÔT SPORTIF OU RUSÉ ? Sportif, sans hésitations. Et pas parce que mes plans se résument le plus souvent à "tire d'abord, pose les questions ensuite". J'ai toujours été un grand fan de sports de combats. Boxe, karaté, freefight... plus ça cogne dur, plus ça me plait. Et puis, pour entrer dans l'armée, c'est préférable d'être du genre sportif plutôt que collé toute la journée devant son PC à jouer à des jeux en ligne...
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TON OBJET FÉTICHE ? Ben en fait, j'en ais trois. Et autant dire qu'ils sont super pratiques. Alors le premier, le couteau de chasse de mon père. Parce que les vieilles méthodes sont toujours les meilleures. Ensuite, une corde à piano. Pas pour en jouer, mais parce que pour tuer une gars discrètement et sans effusions de sang, y a rien de mieux. Et enfin, un Colt M1911A1. Une espèce de cadeau de bienvenue qu'on m'a fait quand je suis entré chez les SAS. Je l'ai toujours sur moi, et il ne m'a jamais fait défaut.
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PARLE MOI DE TES PENCHANTS AMOUREUX ET DE TA SITUATION ACTUELLE ? Penchants amoureux? Les femmes. Ça dure jamais très longtemps, je n'aime pas trop m'attacher de ce côté-là. Autant l'avouer, je suis un coureur de jupons. Un chasseur de jolies filles. En ce moment, je suis célibataire. Comme je l'ai déjà dit, j'aime pas trop m'attacher de ce côté-là. Mais bon, même si j'y crois pas trop, un coup de foudre peut toujours arriver.
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ET TON PLUS GRAND RÊVE ? Mon plus grand rêve? Ben pour être honnête, mon plus grand rêve s'est réalisé le jour ou je suis entré dans l'armée. Sinon, à part mourir à un âge très avancé entouré de ma famille, je vois pas vraiment ce dont je pourrais rêver. Quoique... s'asseoir sur le bureau du grand patron, ça doit être bien...
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QUE DIRE DE TON SENS DE LA PATRIE ? J'aime mon pays. C'est pour ça que je me suis engagé dans l'armée. Enfin c'est l'une des raisons. Je serais prêt à tout pour le défendre, quitte à laisser une grosse pile de cadavres derrière-moi. Oui, je sais, j'ai déjà un paquet de cadavres derrière-moi. Mais vous pouvez vérifier, il n'y a que des ennemis de la Couronne. Enfin presque que des ennemis de l'Angleterre...
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QUELLE A ÉTÉ TA MISSION LA PLUS RÉUSSIE ? Franchement? Ça date d'avant ma "mutation" au MI6. Lors d'une opération en Malaisie, pour mettre la main sur un terroriste qui n'avait rien trouvé d'autre à faire que d'essayer de faire exploser l'ambassade anglaise. Pauvre mec, il avait vraiment l'air fin quand il s'est retrouvé avec le canon de mon arme sur le front. Par contre, il avait l'air un peu moins fin quand j'ai été obligé de refaire la peinture avec le contenu de sa boite crânienne. J'allais quand même pas me faire tuer sans rien dire non?
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ET TON PLUS MAUVAIS SOUVENIR EN TANT QU'ESPION ? Ça, c'est pas compliqué. Il y a seulement quelques mois, on m'envoie à Beyrouth pour mettre la main sur un type. Si j'avais su que je serais obligé de liquider deux mecs de la CIA, que je serais obligé de courir après ma cible sur presque dix kilomètres avant de me retrouver avec la moitié des forces de police de la ville aux fesses... c'était vraiment une mission à chier.
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TA PIRE ADDICTION ? Là aussi je dirais les femmes. Je suis un vrai coureur de jupons, et je dois avoir un "radar à jolies filles" dans le crâne. Dès que j'en vois une, je ne peux pas m'empêcher de la séduire. Et le plus souvent... ben y a pas besoin de faire un dessin.