Une vocation, une seule et unique. Vous savez, cette chose pour laquelle vous êtes fait, celle dont vous voulez faire votre vie. Généralement, elle vous prends à l'état d'enfant, lorsque vous découvrez le monde qui s'étale autour de vous et qui ne cesse de vous surprendre. Et puis, elle s'installe, vous transforme, vous et votre esprit, sans s'arrêter. Une vocation. J'ai pris réellement conscience de la mienne à l'âge de dix, peut-être onze ans, je ne sais plus vraiment. Et depuis, elle est toujours là, ancrée. Elle ne s'éteint pas, au contraire, elle me renforce. Elle est belle et passionnante, vous savez. Non, je ne suis pas faite pour la peinture, la musique ou quelque autre que ce soit. Non. Moi, je suis faite pour faire le bien en supprimant le mal. C'est ça,
ma vocation.« Papa, s'il te plait ... tu sais très bien que j'en ai besoin. » Appuyée contre le mur du salon, les bras croisés comme loin en était mon habitude, je le regardais lire paisiblement son journal. Je ne distinguais pas son visage. Sa voix, juste, se fit entendre après un long soupir de lassitude qui mit fin à ma énième espérance.
« J'ai dis non. » Je levais les yeux au ciel en tapant du pied, énervée. A chaque fois c'était pareil : un non catégorique, sans aucune autre explication. J'ignorais pourquoi il faisait ça, pourquoi il cherchait tant à me faire obstacle. J'allais avoir dix-huit ans à l'époque. Jétais en âge de commencer l'apprentissage. Le papier posé sur la table en face de mon père, auquel il manquait une simple signature, le prouvait.
« De toute façon, je me fiche de ce que tu penses. J'ai besoin de cette formation, et j'irais là-bas. » Bien que je pouvais paraître déterminée à contredire les ordres de mon père, j'avais envie de pleurer. Vraiment. Je ne supportais plus de voir ma famille m'interdire d'avancer vers l'avenir que je souhaitais. C'était lourd à porter, à force de temps et d'efforts.
« Tu ne comprendras donc jamais que c'est ce que je veux ... » A peine avais-je terminé ma phrase que mon père embraya en proie à une soudaine colère.
« Smettila subito ! (traduction : arrête ça tout de suite !)
» D'un mouvement rapide, il plia le journal, exaspéré. Je pu enfin voir son visage. Un visage fatigué, aux quelques rides et aux cernes dessinées.
« Tu ne sais pas ce que tu fais Valentina ! Tu ne sais rien du métier vers lequel tu veux aller et des risques que ça encourt. » Sa voix redevenait plus calme, moins grave. Il était sot. Il ne me faisait pas confiance. A cet instant, je le trouvais même pathétique.
« Ralf a dit que j'étais encore plus douée que lui à son âge et tu étais là quand il l'a dit ! Je connais le métier, je connais les risques à prendre. » Ralf. Un ami à mon père, ancien espion militaire. Il m'aidait beaucoup, il croyait en moi. Chose que peu de gens arrivaient à faire. Plusieurs fois par semaine, il m'aidait à développer ma force physique, élément essentiel pour accéder à la formation d'espion. Mon père ne contredisait pas les actes de Ralf. Il ne pensait pas que j'allais continuer jusqu'à entrer en formation. Ma mère, elle, aimait beaucoup Ralf et contrairement à ce que l'on pourrait croire, elle était plus optimiste que mon père à mon égard. Elle voulait que je sois heureuse et que je réussisse. Elle avait tout compris.
« Range-moi ce papier. Je ne veux plus le voir pour le moment. Réfléchis à ce que tu veux vraiment, et nous reparlerons. » Mes deux mains empoignèrent mes cheveux d'incompréhension, alors que je voyais mon père se lever du sofa. Je passais ma langue sur mes lèvres, fixant avec une certaine haine le papier. Et sans broncher, sans répondre, je regagnais ma chambre, attendant patiemment le retour de ma mère.
Mon père et ma mère signèrent le fameux papier le jour de mes dix-huit ans, cinq mois plus tard. Dix-huit ans, âge légal d'entrée en formation. Ralf était présent avec nous autour de la table. Mon père souriait, c'était formidable. A peine venait-il de poser le stylo qu'il me posa un baiser sur la tempe.
« Mi tesoro ... (traduction : ma chérie ...)
je veux que tu fasses attention à toi. Je sais que tu es contente, moi aussi je le suis. Mais s'il te plait, ne fais pas n'importe quoi. Et tu sais, je ne t'en voudrais pas si ... » Je le coupais net, les yeux dans les yeux.
« Non, je n'abandonnerais pas papa. » En réponse, il me colla un nouveau baiser, sur la joue cette fois. Il avait peur, je le savais, je le sentais dans son ton, dans ses mots. Je lui décochais simplement un sourire, alors que ma mère me pris dans ses bras.
La formation dura quatre ans et demi, en vérité. Elle devait durer cinq ans. Mais les six derniers mois ne m'étaient plus utiles. J'avais tout acquis, j'étais prête à passer le niveau supérieur. J'avais consacré tout mon temps aux entraînements, aux mises à l'épreuves, aux combats. Pendant ces années, ma vie avait complètement changé. Mon père décéda au cours de ce temps. Une déchirure, un coup de poignard. C'est pour lui que j'avais persévéré.
J'avais vingt-trois ans, bientôt vingt-quatre, lorsque l'on m'affecta à la MI6, à Londres, loin de chez moi. Je n'y croyais pas, en fait. La MI6. La vraie MI6. On me fit passer des tests, une bonne dizaine. La semaine d'examens fut fatigante mais ça en valait véritablement la peine.
Ma vocation. A ce jour, j'ai réussit. Avant, on m'appelait Valentina. Maintenant, et le plus souvent, on m'appelle agent 055.
+
POURQUOI AS-TU VOULU DEVENIR UN ESPION POUR LE Mi6 ? Parce que je suis faite pour ça, simplement. Nulle profession ne pourrait me convenir mieux que celle-ci. Sentir un flingue entre mes doigts, me mettre à rude épreuve, courir les plus gros risques possibles, mais surtout, faire payer cher à ceux qui le méritent, c'est peut-être complètement absurde à dire, mais j'aime et j'ai toujours aimé ça. Je serais vous, j'éviterais de faire les cons.
+
QUE T'INSPIRE LE FAIT DE TUER ? Ca dépend qui je tue. Tuer un criminel ne me fait ni chaud ni froid. J'en ai vu des centaines mourir à mes pieds, j'ai vu des litres de sang couler sous mes semelles. Si vous avez osé penser une seule seconde que j'allais me mettre à chialer en voyant trois gouttes de sang venant de l'organisme d'un criminel, vous devriez apprendre votre leçon. En revanche, tuer un simple innocent n'est pas la même choses. Là, je me dis que j'ai fais une connerie. Une belle connerie.
+
QU'APPORTES-TU AU Mi6 ? Des compétences physiques bien loin d'être négligeables, de la ruse et de la logique, une maîtrise des armes qu'il est assez rare de trouver chez une femme, de la rapidité d'exécution, et puis du charme. Ca reste tout de même un atout, et je suis certaine que le MI6 est bien content d'avoir à sa portée une femme de beauté et d'atouts.
+
ET QUELS SONT TES POINTS FAIBLES ? Je ne suis pas patiente. Je déteste que l'on me retarde, ou que l'on me force à prendre mon temps, bien que parfois, la patience et la clé d'une mission parfaitement réalisée. Deuxième point faible, l'égoïsme professionnel. Je ne supportes pas de partager mon travail. Et pourtant, parfois, je suis obligée de laisser mes coéquipiers m'aider. Enfin, non, que dis-je ? Je n'ai jamais besoin d'aide.
+
PLUTÔT SPORTIF OU RUSÉ ? Rusée. Il faut savoir user de ruse, d'intelligence et de logique dans mon métier, c'est bien connu.
+
TON OBJET FÉTICHE ? Un élastique à cheveux. Je n'aime pas avoir les cheveux dans les yeux lorsque je suis au vent. C'est ça d'être une femme.
+
PARLE MOI DE TES PENCHANTS AMOUREUX ET DE TA SITUATION ACTUELLE ? J'aime les hommes, c'est inconditionnel. Plus particulièrement les hommes plus âgés, je ne suis pas une adepte des jeunes. Actuellement, je ne suis pas mariée, ni même fiancée, ou ne serait-ce qu'en couple, bien que les hommes me courent après (c'est un fait, il faut savoir l'avouer). J'ai déjà assez de problèmes comme ça dans ma vie.
+
ET TON PLUS GRAND RÊVE ? Que l'on me fasse atteindre le 20ème ciel. Sans déconner, si ça existe, ça doit être ... pfiou.
+
QUE DIRE DE TON SENS DE LA PATRIE ? J'aime l'Angleterre, c'est mon pays natal. J'y ai tout vécu. Et le défendre est mon devoir, telle est ma pensée. Mais malgré cet amour indéniable pour l'Angleterre, l'Italie me tient aussi à coeur.
+
QUELLE A ÉTÉ TA MISSION LA PLUS RÉUSSIE ? La quasi-totalité de mes missions sont des succès. Rares sont celles où j'échoue. Mais il y a bien une mission que je suis fière d'avoir accomplie : celle d'avoir détruit un trafic de prés de deux cents prostituées mineures en Israël. Elle m'avait vraiment tenue à coeur.
+
ET TON PLUS MAUVAIS SOUVENIR EN TANT QU'ESPION ? Il y en a beaucoup, mais le plus mauvais est certainement celui où l'on m'a prise en otage dans une cave en pierre, attachée à des chaînes de fer, les genoux abîmés et douloureux, sans eau, et où les scorpions vivaient en masse. Vous parlez d'un souvenir vous.
+
TA PIRE ADDICTION ? Les cigarettes. Fumer après une mission, c'est toujours un moment de bien fou, surtout quand c'est avec un café à la main.