[url=http://]✣ ✣ ✣ ✣[/url]
Daddy and Baby Girl

« Putain de merde!! » Posant une main contre le sommet de son crâne, la blondinette grimaça de douleur. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle se faisait avoir par ce foutu toit en pignon de malheur, mais visiblement, ça faisait toujours aussi mal coup après coup. Récupérant la télécommande de la télévision qu'elle avait échappée à l'arrière du canapé, elle grogna en reposant ses fesses contre l'énorme coussin moelleux. Bon sens, il foutait quoi son père han? C'était long aller chercher le souper! Elle crevait de faim depuis plusieurs heures déjà, si ça continuait comme cela, c'est ce canapé qu'elle allait bouffer avec un peu de sel dessus. D'ailleurs, il restait bien deux ou trois bouts de popcorn de la veille, mais ce n'était pas suffisant pour son ventre. Elle voulait absolument son poulet avec frite. Rien à foutre des légumes et de la nourriture santé un vendredi soir. Cherchant un poste de télévision intéressant, elle s'arrêta sur les nouvelles du soir, puis sur la chaîne de sport, avant de finalement choisir un numéro au hasard et de tomber sur un vieux téléroman pourris. Décidément, cette soirée serait vachement amusante... ou pas. Purement sarcastique comme pensé. Soupirant, Trini changea de position, s'allongeant d'abord, puis basculant même la tête un peu en bas. Long. C'était long. Et non, elle n'avait pas vraiment de patience. Jouant avec le coin de son chandail, elle récupéra son téléphone portable dans la poche de son jeans, question de voir si elle avait des nouveaux messages. D'un air blasé, elle répondit à un ou deux messages textes. Rarement on lui en envoyait, étant donné son cercle d'amis peu nombreux en raison de son caractère plutôt difficile. Une vraie chieuse. Sauf que cela lui importait peu. Amis ou ennemis, qu'importe, les habitants de cette planète étaient tous soit idiot, con, hypocrite, menteur, rancunier ou retardé, alors à quoi bon vouloir tisser des liens avec ça? Certes, elle s'entendait bien avec certaine personne, mais ceux là étaient un peu comme elle. À part, si on peut dire comme cela. Les autres adolescentes de son âge passaient leur vendredi soir à bavarder au téléphone pour échanger sur les nouveaux potins ou à traîner sur le net, facebook et autre truc du genre, alors qu'elle préférait passer du temps avec son père, à rien faire. Ça lui allait bien. Composant tout à coup le numéro de téléphone de son cher Daddy, elle le porta à son oreille, espérant qu'il décroche. Si ça se trouve, il était peut-être mort han! Valait mieux vérifier au cas où. « C'est moi! Hey, juste comme ça, je suis en train de mourir de faim merde, tu fiches quoi!?... » Elle leva les yeux au ciel en poursuivant. « Un nouveau boulot pour ce soir? Ouais super...même si j'avais déjà prévu écouter la nouvelle série télé sur ses filles qui cherchent l'homme parfait dans le château de l'amour » Le gros sourire aux lèvres, Trini pouffa de rire en silence, laissant son père réagir à son commentaire. « Je plaisantais asticot! Bha han maintenant ramène tes fesses ET mon poulet! » Se relevant sur le canapé, elle jeta un coup d'oeil rapide par la fenêtre. « ...hummm...ça va, j’attends...ouais moi aussi...je t'aime Dad', chow » Soupirant entre ses lèvres, elle leva la tête en direction de la télévision, patientant sagement jusqu'au retour de son père. Il avait apparemment décroché un beau boulot pour ce soir, ça l'intéressait, bien entendu, mais uniquement une fois son ventre plein!

Et une fois son appétit rassasié, c'est-à-dire une fois qu'il ne restait plus une seule miette de son poulet-frite, Trini se prépara tranquillement dans sa chambre. Elle enfila un pantalon noir, avec une veste en cuir de la même couleur. Elle remonta ses cheveux en une queue de cheval désordonnée, puis attrapa sa ceinture où elle rangeait ses couteaux et autre trucs utiles pour ce qui allait apparemment être un kidnapping. Facile, m'enfin à deux contre un, ils avaient pas mal plus de chance que le pauvre malheureux. D'ailleurs, elle ne savait pas encore de qui il s'agissait. Non pas que ça change vraiment quelque chose, mais entre un papy ripoux et un ado paumé, il y avait une certaine différence au niveau de l'approche. C'est Daddy qui verrait les détails, comme toujours. Pour le moment, elle n'avait pas besoin d'en savoir plus. Ça lui semblait assez facile pour un vendredi soir. Une fois ses bottes enfilées, elle quitta sa chambre en refermant derrière. « Je suis prête! » Voyant qu'il arrangeait toujours deux trois trucs, elle patienta sur le seuil de la porte. La température semblait être plutôt bonne, ce qui était rare à Londres, ville de pluie, de gris et d'humidité. De ce qu'elle voyait par la petite fenêtre près de l'entrée, la rue semblait elle aussi plutôt calme. Quelques passants, mais rien d’inhabituel. Une fois son papa prêt, elle quitta l'appartement avec lui. Le vieux concierge louche de l'immeuble traînait sur le premier étage, comme toujours, le balais à la main d'une mine peu amicale. Il avait limite l'air d'un violeur pédophile. Lui lançant un petit sourire en passant devant lui, elle poussa du pied son saut d'eau qui se renversa contre le sol. Oups. Une fois à l'extérieur, elle accompagna son Daddy jusqu'à sa voiture, garé sur la rue de derrière. « Et c'est dans des moments comme celui là qu'une moto ça serait vraiment plus cool que ta poubelle ambulante tu sais... » Taquine, elle tapota le dessus de la voiture avant de monter sagement à l'intérieur. Ouais avec une moto au moins ils auraient pu attacher leur victime par les pieds, puis le traîner à l'arrière. Ça aurait été vraiment marrant. Au lieu de ça, ils allaient probablement le planquer dans le coffre arrière, le classique. Attachant sa ceinture, elle était peut-être rebelle, mais Daddy avait une conduite un peu étrange parfois, Trini alluma la radio, question d'avoir un bon fond de musique rock. « Alors? C'est quoi le plan cette fois-ci? » Jouant avec un petit couteau de poche, elle le fit tourner entre ses doigts, son regard pourtant dirigé vers l'avant, essayant de deviner la prochaine destination. Son humeur était plutôt bonne, ouais il lui suffisait parfois rien que de bouffer et avoir un boulot pour la rendre joyeuse, la blondinette écouta attentivement les informations que lui révéla son père.

Du poulet, mon royaume pour un fichu poulet. Elle n’aurait pas pu manger des pâtes comme tout le monde ? Et moi je n’aurais pas pu lui dire, non Trini, on mange des pâtes comme tout le monde !? Bah non comme toujours, bébé demande, papa exécute, j'ai légèrement raté le chapitre sur l'autorité je le crains mais bon tant pis. Si ma fille a envie de manger un poulet frite, alors c'est ce qu'elle mangera. Même si pour ça, je dois traverser la moitié du quartier. Non parce que ouais j'aurais pu aller au petit resto tout près, mais j'ai de sérieux doute sur la qualité de la nourriture et hors de question que j'empoisonne mon bébé. Et ce n'est pas non plus comme si je n'avais pas les moyens de lui payer de la bonne bouffe, avec tous les coups qu'on fait, de l'argent ce n'est pas ce qui nous manque et si malgré ça on donne l'impression de vivre pauvrement, c'est uniquement par simplicité volontaire. Bref, qu'importe, je finie par mettre les pieds dans une rôtisserie, passant commande rapidement pour ensuite m'adosser au mur, croisant les bras en attendant que le tout soit prêt. Ou du moins jusqu'à ce que mon téléphone sonne. Je vérifie prestement l'afficheur et voyant la mention de numéro inconnu, je décroche me doutant bien qu'il doit s'agir d'un client. Je sors donc à l'extérieur le temps de prendre l'appel, qui vient effectivement d'un client. L'homme prend le temps de signaler qu'il s'agirait d'une petite urgence et donc que si ça pouvait être fait ce soir ça l'arrangerait bien. Après quoi, il m'élabore les détails de la chose et même si ça me semble très peu scrupuleux je finie par accepter. Je raccroche et retourne à l'intérieur pour récupérer mon poulet et me remettre en route. C'est environ à ce moment que mon téléphone sonne à nouveau et je réponds prestement en reconnaissant le nom de ma fille. On ne sait jamais et si elle avait des ennuis, je m'en voudrais pour le reste de ma vie d'être partie de l'avoir abandonné derrière toute seule comme une pauvre gamine sans défense et...Elle est en train de mourir de faim ? Je fiche quoi ? «Comment je fiche quoi ? Je suis allé te chercher ton fichu poulet voilà ce que je fiche ! Et puis te met pas trop à l'aise on a un job pour ce soir.» Et là elle me parle de femmes qui cherchent un homme dans un amour de château ou un truc du genre quoi, je grimace dans le genre "kewhat ?" «Y passe vraiment que des trucs débiles à la télé de nos jours...» Je laisse entendre un "pff" quand elle ajoute qu'elle plaisantait, me clamant de me magner et de ramener son poulet. «Je suis en chemin là, relax. Love you baby, see ya.» J'attends qu'elle réponde, puis raccroche, déjà en train de m'allumer une clope. Quand j'arrive finalement à destination, elle se jette littéralement sur le poulet. C'est incroyable tout ce que cette petite chose peut engouffrer quand même, après elle dit que c'est moi qui vide le frigo, mon cul ouais, c'est un ogre !

Je la laisse ensuite allé se préparer, en profitant pour peaufiner mon plan qui s'annonce être plutôt délicat considérant la requête peu commune. Il faut que ce soit bien fait, on ne peut pas se permettre de trop grandes bavures ou alors il y a des gens très hauts placés qui pourraient se montrer offensé. Et ce n'est pas le genre qu'on a intérêt à se mettre à dos, du moins c'est ce que dirait Mama si elle était là, juste avant ou après m'avoir traité de pauvre ahuris d'imbécile d'asticot d'avoir accepté de faire un truc pareil. Sauf que bon, par chance pour mes oreilles, elle doit être bien chaudement installée chez-elle en train de faire son porridge à l'alcool, bien que généralement, elle en boit plus qu'elle en met dans le porridge. Enfin bref, je m'assure que mon arme est en état, puis ramasse quelques trucs qui pourraient servir, vaut mieux être toujours prudent ce n'est pas comme si on allait voler une simple banque quand même, on s'attaque à la maison de Dieu le Père lui-même, on doit le faire professionnellement et respectueusement. « Je suis prête! » Les yeux toujours rivés sur ma besogne je me contente d'hocher la tête, tout en buvant une autre gorgée de bière. Puis je la rejoins, posant soigneusement mon arme à ma ceinture, dissimulé sous ma chemise. Je pose les yeux sur Trini, plissant le nez dans une mine interrogatrice face à son habillement, me demandant si c'est convenable pour l'église, mais bon qu'importe ce n'est pas non plus comme si on allait à la messe. On sort aussitôt, je salue le concierge au passage qui me répond par un rictus haineux. Je fronce les sourcils me disant qu'il allait falloir envisager à le faire disparaitre éventuellement. Je ne veux pas que ce genre d'homme traine à proximité de mon bébé. « Et c'est dans des moments comme celui-là qu'une moto ça serait vraiment plus cool que ta poubelle ambulante tu sais... » Je roule les yeux en secouant la tête. «C'est pas une poubelle d'accord, elle va très bien cette voiture, et puis j'ai une moto, mais faut la retaper avant et je n'ai pas le temps. Embarque mauvaise fille.» Puis je m'installe au volant, laissant Trini se charger de la musique, car Dieu merci, on a les mêmes goûts musical, le bon rock, y'a que ça de vrai. Enfin quoique quand on y pense bien, on a les mêmes goûts sur pas mal de chose. « Alors? C'est quoi le plan cette fois-ci? » Je lui jette un coup d'oeil, manquant d’écraser un papy au passage, mais par chance, je redresse la voiture juste à temps. Quel pauvre vieux débile sénile quand même, quel idée de traverser la rue sans signaler ! Je pousse quelques jurons en marmonnant avant de me rencontrer sur la discussion. «Tu sais le Père Duncan, le prêtre de l'église...On doit le capturer.» Passons sur le ridicule de la chose...«Mais tu vois le genre, c'est dans un église d'accord, donc faut faire ça bien, j'ai pas envie de me foutre Dieu à dos, il m'a déjà à la mauvaise pour certains trucs donc...et Grammy l'aime beaucoup, Dieu je parle, pas le Père Duncan.» Quoique le Père Duncan n'est pas un mauvais type quand même, du moins je le pensais, mais apparemment si quelqu'un en a après lui ce n'est peut-être pas tout à fait le cas. Je gare la voiture à l'arrière de l'église pour éviter d'être à la vue de tous, puis je fais signe à Trini de me suivre, contournant le bâtiment pour m'arrêter face aux portes principales. Je lève les yeux vers le clocher, faisant mon signe de croix au passage, histoire de bien respecter les traditions, du moins ce que j'en sais. «Bon je suis pas trop spécialiste des protocoles catholiques donc on va juste rentrer l'air de rien et analyser la situation de l'intérieur.» Lui jetant un regard pour m'assurer qu'elle me suit, je pousse les grandes porte, la salle vaste presque vide, le prêtre à l'avant, prêt de l’hotel et quelques fidèles en train de prier. Rien d'alarmant malgré le fait que ces indésirables vont nous gêner un peu l'affaire. Je fais signe à Trini de me suivre, alors que je vais allumer un cierge l'air de rien pour ensuite aller m'assoir dans l'un des grands bancs vides. Je me penche alors vers ma fille pour lui chuchoter à l'oreille. «Faut qu'on trouve moyen de se débarrasser de nos religieux, sans alarmer notre Père.» Je détaille rapidement les lieux, tout en réfléchissant à une solution miracle, c'est le cas de le dire...sans vouloir blasphémer.

Sortir avec son père le soir pour aller travailler, c'était encore mieux que la veille de Noël. À chaque fois, ça la mettait de bonne humeur, sans trop savoir si c'était un plaisir malsain ou non. On pourrait dire que c'était une forme de rapprochement positif entre un père et sa fille, non? Elle n'était pas psychologue, mais en tant qu'enfant adopté, elle se devait de tisser des liens serrés avec sa famille. Et sa famille, c'était lui. À la fois la mère et le père. Chaque famille était différente et disons que la sienne était particulièrement hors norme. Pour rien au monde elle en voudrait une autre. Son Daddy n'était pas fou, il n'était pas mauvais non plus, au contraire, il brisait les apparences par sa générosité et son attention qu'il portait sur sa fille d'amour. Que demander de meilleur hum? Elle se fichait de ceux qui les trouvait trop bizarre ou trop taré. Ils ne pouvaient pas comprendre. Au fond, ils étaient juste jaloux, parce que contrairement aux autres, ils étaient heureux dans leur bulle de folie, sans avoir besoin d'une montagne de richesse ou de popularité stupide. C'était pas leur tasse de thé de toute façon... Bref, elle monta dans la voiture, le sourire aux lèvres, choisissant un poste de radio qu'ils aiment tous les deux écouter. Le bonheur d'avoir les même goûts! Elle se souvenait parfaitement de lorsqu'elle était petite et qu'elle récitait les paroles d'un groupe rock inconnu qui promouvait l’anarchie et la rébellion sans même comprendre le sujet. Tellement mieux que les petites chansons endormantes pour enfants. Si tu aimes le soleil tape des mains...NON. Fuck off le soleil, tout le monde s'en fiche! Comme ses histoires de papa Noël et de Fée des dents. Dans ses souvenirs, il n'y avait jamais eu de fée! Juste Grammy qui lui arrache la dites dent branlante d'un coup sec et assuré. Hop là, on en parle plus ensuite... pour le vieux pédophile Noël ah bien, ça c'était son papa que lui avait pratiquement fait peur avec ce monsieur étrange vêtu de rouge sang qui câline des gamins à coup de OH OH OH retardé. Terrifiant pour une pauvre gamine innocente. Elle avait peur qu'on la kidnappe. Daddy lui disait toujours de ne pas approcher les inconnus. Trini n'avait jamais été très naïve non plus, même toute petite. Bonne ou mauvais chose? Faut voir, du moins, elle n'était pas traumatisée par son enfance. Que des beaux souvenirs, sans blague! Sa première coupure avec un couteau, le premier chat qu'elle avait buté, son premier film d'horreur..etc. Irremplaçable. Elle repensait à tout ce bon vieux temps chaque fois qu'elle sortait ainsi aux côtés de son Daddy. Poursuivant la conversation d'un ton joyeux, elle lui demanda les détails de la soirée et de son plan, afin de s'y préparer mentalement. «Tu sais le Père Duncan, le prêtre de l'église...On doit le capturer.» Ce prête là? Ça faisait bien des années qu'il était dans cette église de leur quartier voir toute une vie! Bizarre, il ne devait pas être si net au final. Levant un regard étonné vers lui, elle le laissa poursuivre. Faire ça bien parce qu'il est un homme de Dieu dans la maison de ce même Dieu? Compliqué! Ouais, certes, Grammy aimerait pas trop l'idée, mais ça risquait d'être difficile de pas faire chier Dieu en kidnappant un prête. Du moins, de son côté du ciel, ça l'amuserait pas autant qu'eux ce genre de plan. Haussant finalement les épaules, elle le laissa garer la voiture en lieu sur. « On verra ce qu'on peut faire alors...Dans le pire des cas, faudra aller se confesser » Chose plutôt facile une fois qu'il n'y aura plus de prête pour écouter leur confession...

Une fois dehors, elle emboîta doucement le pas de son paternel, s'arrêtant devant la porte principale. Il exécuta son signe de croix, alors que pour sa part, elle se contenta de grimacer. De toute façon, elle ne se souvenait même plus comment faire han...en haut, en bas mais la droite ou la gauche en premier dans le geste? C'était con au fond, ça ne voulait pas dire grand chose de faire des mimiques en l'air. «Bon je suis pas trop spécialiste des protocoles catholiques donc on va juste rentrer l'air de rien et analyser la situation de l'intérieur.» Du même avis que lui, elle hocha la tête. Le suivant dans le reperd de Dieu, elle prit soin de ne faire aucun bruit et d'avoir l'air de rien. Ne pas attirer trop l'attention en résumer. Ils devaient analyser la situation avant de passer à l'action. Fixant plutôt ses pieds, limite l'air ennuyée, Trini posa ses fesses contre le grand banc de bois très inconfortable pour les fesses. Ils étaient plutôt bien placés pour observer la scène des fidèles priant silencieusement, guidés par les paroles sages du prête. Elle avait déjà envie de bailler d'ennuis. «Faut qu'on trouve moyen de se débarrasser de nos religieux, sans alarmer notre Père.» Plantant son regard dans le sien, elle lui lança un petit sourire amusée. « Enfin un truc à ma hauteur... » Son cerveau se mit rapidement en marche, analysant les moindres détails. Le nombre de personne, leur âge, tous plutôt avancés, les objets ici et là, le Père Duncan ...Et tout ça sans trop froisser Dieu. Ouf. Songeuse, elle demeura silencieuse quelques secondes. Un plan facile, simple et efficace... Une église. Comme dans les films d'horreurs du genre l'exorciste... Mais oui! Bingo! Le regard pratiquement diabolique, elle se redressa tout à coup sur son banc. Cette idée était complètement folle, mais probablement efficace à souhait. « Daddy... » Sa voix n'était qu'un petit murmure. « Va lui dire que je suis possédée et que je dois être exorcisée d'urgence » Elle devina sa surprise, devant ce tableau plus que farfelu, voir idiot. « ...ça va marcher je te dis, je ferais juste semblant c'est tout... » Elle guetta sa réponse, puis voyant qu'il n'avait rien de mieux à proposer, elle se mit à l’œuvre. Détachant ses cheveux, elle les secoua pour qu'ils soient encore plus désordonné, obstruant une partie de son visage également. Ne pas rire. Ne surtout pas rire... Inspirant profondément, elle se mit à grogner bizarrement, passant proche de s'étouffer au passage. Montrant les dents comme un chien qui a la rage, elle laissa même un peu de bave couler aux coin de ses lèvres. Déterminée à bien jouer son rôle, elle se balança doucement sur son banc, les bras croisés. « grrrfff.....humphh... » Okay, elle avait l'air complètement bonne pour l'asile! Sans crier gare, elle griffa violemment le dossier du banc devant elle, laissant son père avoir l'air inquiet et paniqué pour sa pauvre fille folle. Chacun son rôle quoi. Voyant que les gens semblaient de plus en plus incertain, elle se jeta contre le sol, rampant bizarrement vers eux. Cela acheva de leur faire peur, les pauvres fidèles fuyant vers la porte de sortie en la voyant approcher. Trini continua de se torde dans tous les sens, jusqu'à perdre faussement conscience. Et voilà le travail! Ça méritait bien un oscar non? D'ailleurs, elle allait devoir laver sa veste...le filet de bave, pas chic du tout! Sans prévenir, on lui jeta de l'eau au visage, ce qui la fit réellement grogner. Hey oh, on se calme l'eau bénite merde, elle n'était pas un démon non plus han! Morte de rire intérieurement, elle laissa son père la relever doucement une fois l'église bien déserte. Ouvrant les yeux, elle se remit sur pied en passant une main dans ses cheveux pour les remettre en place. À voir la tronche du père Duncan, il tremblait presque de peur devant elle. Putain elle était si freak que ça? Jetant un coup d'oeil à son père, elle lui présenta un sourire mesquin, voir fier. « Les gens sont tellement cons... » Tournant la tête vers le prête, la blondinette se composa un air angélique. L'air de rien han... Dieu ne devait pas être si outré pour ce petit moment de théâtre non? C'était même divertissant. « Daddy le laisse pas me brûler vive non plus...quoi que c'était pas plutôt pour les sorcières ça? P'tain je me souviens plus...AH merde! j'ai dis un mot vilain dans une église, fuck j'oublie tout le temps... »

Il est vrai que pour la plupart des gens du métier nos méthodes de travail peuvent paraitre plutôt approximatives, voir dénuées de sens ou de logique professionnel et ce n'est peut-être pas tout à fait faux, on est bien loin du travail méticuleux et ordonné de certains autres chasseurs de prime, mais malgré tout, on arrive toujours à un résultat similaire et au moins on s'amuse. Pour la discrétion c'est une autre histoire, autant dire que notre réputation et aussi respectable que remise en doute, car s'il y en a qui reconnaissent notre valeur, il y en a d'autres qui ne se gênent pas pour nous qualifier d'amateur. Pour ma part, je crois surtout qu'ils sont jaloux parce qu'eux ils font un boulot impec et se font chier royalement, alors que nous on laisse le hasard faire une part des choses et on se paie des barres terribles à rigoler de ce qu'il peut arriver. Après appelez ça de la bêtise ou de l'immaturité si ça vous chante, ça ne me fait pas un pli. Je passe du temps avec ma fille, on s'amuse et c'est tout ce qui m'importe. Je ne voudrais surtout pas devenir un de ces papas chiants que leur fille déteste parce qu'ils se la jouent complexés de l'autorité et des règles. Un chat reste un chat, s'il y a quelqu'un de gamin et d'irresponsable c'est bien moi, donc je serais mal de prétendre le contraire. Ça ne plairait pas à Mama non plus, elle a beau se plaindre constamment que son Asticot est le dernier des crétins, mais elle se plaindrait beaucoup plus si un jour je me ramenais tiré à quatre épingles, comme un gentleman sérieux et adulte. Ce serait suffisant pour qu'elle me renie ou dans le pire des cas, qu'elle me tire une balle dans la tête en prétendant que je suis un usurpateur qui a volé le corps de son fils. Il vaut mieux ne jamais prendre de chance avec Mama...

Enfin bref...Pour en revenir à nos divins projets, soit celui de kidnapper notre bon Père Duncan, tout se passe très bien, du moins il faut encore trouver le plan, parce qu'évidemment l'improvisation c'est aussi une habitude. Et puis il y a cette histoire d'église et Dieu qui complique tout. On ne peut pas dire qu'on est de grands croyants, ni de très honnêtes fidèles, en fait, on ne l'est pas du tout, mais Mama étant quand même assez religieuse -à sa façon- elle a pris soin à nous transmettre quelques valeurs catholiques d'usages juste histoire qu'elle soit pas la seule à être civilisé comme elle le disait si bien, quoique je ne suis pas certain qu'elle ait employé le mot civilisé, mais qu'importe...Après qu'on se soit posé sur l'un des bancs, je souffle à Trini qu'il nous faut un plan pour se débarrasser des témoins, qui n'est autre qu'une poignée de vieux croyants beaucoup trop fervents parce que quand même faut être un peu tapé pour venir à l'église le soir. Le dimanche matin je ne dis pas, c'est une vieille coutume, mais le soir, faut pas charrier, ça doit être vraiment de gros pécheurs ces petits vieux. Je jette un coup d'œil en direction du confessionnal, grimaçant brièvement au souvenir de Mama qui m'obligeait à y aller dans le temps où elle avait sa lubie d'église, juste un peu avant qu'elle découvre les joies du bourbon. « Enfin un truc à ma hauteur... » Je la regarde du coin de l’œil, déjà prêt à lui refuser ses idées parce qu'il est hors de question que je la laisse prendre des risques, quoique, je ne vois pas trop ce qui pourrait être dangereux dans une Église, hormis peut-être le gros crucifix à l'avant, avec Jésus qui semble nous fixer, c'est un peu flippant en fait... « Va lui dire que je suis possédée et que je dois être exorcisée d'urgence » Ah ouais, ah ouais, j'hoche la tête d'un signe approbateur, juste avant de réaliser ce qu'elle vient de dire. J'arque aussitôt un sourcil, tournant mon regard sur elle. «Quoi ? Tu peux pas te faire exorcisé, on rigole pas avec ça...» Je me rappasse prestement quelques scènes du film L'Exorcisme et franchement ça donne pas du tout envie. « ...ça va marcher je te dis, je ferais juste semblant c'est tout... » Je plisse le nez, toujours pas convaincu, mais comme je ne vois pas d'autres plans et que somme toute, ça m'a l'air quand même intéressant comme idée, je finis par hocher la tête, me levant pour me diriger vers l'hotel. Je prends un air affolé, me plantant devant le prêtre. «Mon bon Père, il faut que vous m'aidiez, j'ai ma fille, elle est possédée du Démon !! Elle crache, mord, griffe, elle se tord dans tous les sens et je crois qu'elle parle une langue morte !» Enfin, je sais pas, c'est bien ça être possédé non ?...Il me regarde avec de grand yeux, se tournant aussitôt vers Trini qui commence son cinéma. Je la fixe aussi, légèrement perplexe pour le coup parce que c'est quand même salement réaliste comme prestation et c'est surtout à mourir de rire, c'est d'ailleurs ce que je manque de faire quand elle se jette sur le sol. Je dois même me retourner dos à eux, pour étouffer un éclat de rire en me concentrant à rester paniqué. Pendant ce temps le père Duncan, au bord de l'anévrisme, se lance littéralement sur sa Bible et son eau bénite. Et c'est là que ça devient pratiquement impossible de ne pas rire. «Exorcizamus te, omnis immundus spiritus, omnis satanica potestas, omnis incursio infernalis adversarii...» Je fixe le prêtre, bouche bée, toujours à deux doigts de pouffer de rire alors qu'il lance de l'eau bénite sur Trinity, le reste des fidèles s'étant déjà tiré vite fait de la place. «...omnis legio, omnis congregatio et secta diabolica, in nomine et virtute Domini Nostri Jesu...» J'aurais presque envie de resté planter là et profiter de la scène, mais on n'a pas que ça à faire non plus, prestement je lève ma main devant le nez du prêtre. «Arrêtez votre baratin mon Père...c'est évident qu'elle est pas possédée quand même...faut ralentir sur l'eau bénite !» Et je tends mon autre main pour aider Trini à se remettre sur pied. Toujours tétanisé le prêtre nous regarde tour à tour alors que ma fille reprend un air tout ce qu'il y a de plus normal et que j'affiche un sourire, laissant même aller un rire moqueur. « Daddy le laisse pas me brûler vive non plus...quoi que c'était pas plutôt pour les sorcières ça? P'tain je me souviens plus...AH merde! j'ai dis un mot vilain dans une église, fuck j'oublie tout le temps... » Je pouffe à nouveau de rire, quoique je devrais plutôt la réprimander de jurer dans une église, mais pour le coup nann, pas envie. Puis je reprends soudainement un air très sérieux en posant mon regard sur notre homme de Dieu. «Vous allez devoir venir avec nous mon Père. Trini, attache-le, on va le mettre dans le coffre.» Et c'est à ce moment qu'un bruit de verre cassé retentit à travers l’écho de l'église, je tourne aussitôt la tête en direction de la porte qui donne sur les escaliers pour monter au clocher, mon regard croisant celui de la bonne Sœur qui vient juste de débarquer. Je la toise en grimaçant, elle me toise aussi et tout à coup, elle prend ses jambes à son coup pour tenter de fuir et je me jette à suite, pilant juste à temps sur sa jupe ou sa soutane qu'importe, cette dernière se déchirant dans un craquement de tissus sonore. «Ah non mais c'est pas vrai ma Sœur, vous foutiez quoi dans ce clocher hein ? Et vous allez où comme ça ?!» Je l'attrape fermement par le bras, légèrement embêté de sa présence pour le coup. Qu'est ce qu'on va bien pouvoir faire d'une nonne maintenant ? Je regarde en direction de Trini, l'air exaspéré. «Putain de merde, mais qu'est ce qu'on va faire d'elle, manquait plus que ça...On peut pas embarquer la nonne aussi bordel...» Je soupire, regardant en direction du confessionnal avant de regarder la Sœur à nouveau. On pourrait toujours la bâillonner dans sur le banc à confession et s'assurer que tout ça reste entre elle, Dieu et nous...

L'église, pas le lieu qu'elle préférait, en raison des nombreux films d'horreurs en lien avec ce sujet, mais chaque fois elle s’efforçait de faire taire son imagination fertile avant de s'emporter dans de longues fabulations. Ici, ça sentait le bois purifié ou plutôt, l'odeur du cierge en combustion lente. C'était écho, toujours trop, si bien que même en chuchotant, le prête réussissait à tout capter. Sans doute un moyen efficace de contrer les petits menteurs trop bavards qui manigançaient contre lui. Dans tout les cas ça lui donnait drôlement envie de jouer à un jeu complètement idiot nommé « pénis ». Le but? Crier ce mot plus fort que son adversaire, jusqu'à ce qu'il abandonne. Rien qu'à imaginer la tête des religieux... elle mourrait de rire. Ça n'avait rien de gênant pour elle, habituée à ne pas trop faire attention à ce qu'elle disait en public. Bon, elle pourrait toujours modifier le jeu par « judas » et ainsi cirer le nom du traite qui avait vendu Jésus à la police de Jérusalem. Ce qui serait beaucoup moins drôle, mais disons plus dans l'ambiance du bâtiment. Autre chose qu'elle détestait, les bancs. Trop inconfortable pour le dos, elle se bataillait toujours à se trouver une position plus agréable. Trop haut pour déposer ses pieds à l'avant et trop raide du dos pour basculer la tête par derrière. En somme, ce connard d'inventeur aurait dû penser à y installer des coussins ou du moins, un système semblable à celui de la chaise longue pour la plage. La décoration était également un élément très moche. Composé uniquement de peintures dégoûtantes ou Jésus, à moitié nu, saignait de la tête en traînant une grosse croix. C'était sur ça que les bonnes sœurs fantasmaient? Ridicule. Notons aussi que Jésus était franchement pouilleux avec ses cheveux longs, sa barbe mal faite et son air de SDF saoul. Des gens se mariaient dans des endroits comme celui-ci! Fallait être con, non? Okay les chandelles donnaient un petit air romantique, mais mis à part ça, une église n'avait rien de charmant ou de joyeux. Limite ça sentait la mort et la vieille bible sèche. Et à ne pas oublier que le crématorium se trouvait juste en face! Aucun hasard là dedans! Non, ils avaient tout prévus. Jusqu'au cimetière non loin également. Ses gens disaient être des représentants de Dieu, Trini les aurait plutôt nommé les représentants de la mort. C'était loin de respirer la vie ici dedans. D'ailleurs, ils étaient tous vêtus de noir, tout comme la grande faucheuse, mais sans la faux. Un autre signe! Bref, dans le cas présent, elle n'avait pas trop le choix d'entrer dans ce lieu sacré pour récupérer leur victime de ce soir. Monsieur était prête, donc il sortait très rarement de son reperd.

C'est encore l'un de ses films à la con qui lui inspira son scénario d'attaque pour ce soir. Qui dit église dit démon et qui dit démon dit possession. Elle avait le profil parfait! Jeune, toute vêtu de noir, cheveux emmêlé et une bouille d'actrice hors norme. Évidemment, son idée laissa son paternel un peu perplexe, mais il fini par lui donner le feu vert. Heureuse de son rôle, elle s’efforça surtout d'avoir l'air particulièrement convaincante à coup de grognements, bave et démarche rampante bizarre. Les bons croyants prirent tout de suite la fuite vers la sortie, surtout en entendant le discours de son Daddy faussement affolé par sa fille possédée du démon. Comme quoi ce plan fonctionnait drôlement bien! C'est en observant le regard paniqué du prête que Trini ravala difficilement son fou rire. Pour couronner le tout, le pauvre homme attrapa sa bible en récitant les paroles typiques des exorcistes, la voix tremblante, ajoutant à cela deux trois lancés d'eau bénite. Chose certaine, il avait mordu à l'hameçon comme un con. Par chance, son Daddy se décida à intervenir, question de ne pas aller trop loin. Ouais elle avait pas tant envie de se faire brûler ou alors de continuer à se tortiller dans tous les sens pendants des heurs. Ils n'avaient pas que ça à faire. Une fois remise sur pied, elle lui adressa son plus beau sourire de chieuse, replaçant sa veste et ses cheveux. Un rire semblait toujours la démanger de l'intérieur suite à son petit cinéma, mais elle fit un effort pour le contenir. La suite du programme s'annonçait plutôt chaud.  «Vous allez devoir venir avec nous mon Père. Trini, attache-le, on va le mettre dans le coffre.» En guise de réponse, elle hocha la tête. Elle aimait bien cette partie là! Un bruit de cassure résonna tout à coup, attirant leur attention vers le haut. Putain, une espionne! Et une espionne qui décide de fuir en courant. Merde. Sur ce coup, elle laissa son Daddy s'occuper d'elle, récupérant son poignard à sa ceinture pendant ce temps. Le père Duncan ouvrit la bouche de surprise, l'observant toujours avec de grands yeux ronds. « C'est...c'est une erreur...je n'ai rien fait...je le jure! Je suis innocent! » La blondinette étira un petit sourire en coin, jouant avec son arme blanche. « Nous on a rien contre vous vous savez...on fait juste notre boulot » Suite à quoi, elle lui envoya un coup de pied dans les jambes avant de planter son poignard dans sa tunique, question de le retenir s'il voulait fuir. Et puis comme ça, elle ne le blesserait même pas, petit chanceux. Elle entendit tout de même le bruit du tissu qui se déchirait sous la tension, mais il demeura bien en place face contre le sol. « On ne bouge pas m'sieur l'prête, sans quoi c'est dans votre jambe que je le plante mon couteau. » Elle jeta un coup d’œil rapide en direction de son Daddy, pour constater qu'il avait rattrapé la bonne sœur juste à temps. Bien. Récupérant ensuite la roulette de gros ruban adhésif gris bien collant, elle fit quelques tours contre ses poignets, faute d'avoir des menottes en sa possession. Ça allait amplement faire la job. « Pitié, ne faite pas ça! » Roulant des yeux, elle le fit pivoté vers elle, plaquant un bout d'adhésif contre sa bouche. Voilà, comme ça c'était mieux! Le prête marmonna tout de même à travers, s'acharnant à parler. « C'est le bon moment pour prier la je crois... » Trini lui tapota la tête, avant de se redresser. Elle récupéra son poignard, admirant son travail bien fait. Il n'était pas prêt de réussir à s'enfuir. Tournant la tête vers son Daddy qui revenait avec l'espionne en main, elle prit une mine embêtée. «Putain de merde, mais qu'est ce qu'on va faire d'elle, manquait plus que ça...On peut pas embarquer la nonne aussi bordel...» En effet, c'était un petit problème gênant. Observant rapidement les lieux, elle rechercha une solution simple et facile. « Ah bien on va devoir la laisser ici ouais... » Pour l'aider un peu, la blondinette s'approcha de la nonne pour lui attacher les mains comme le prête, plaquant sur elle aussi un bout de tape gris contre sa bouche. La tuer ne serait pas vraiment discret avec Dieu qui observait apparemment tout. « On a qu'à la laisser dans le confessionnal, c'est plutôt généreux comme solution... » Lui adressant un sourire angélique, elle fit ensuite signe à son père de se dépêcher un peu. De son côté, elle remit sa victime sur ses pieds, ignorant son visage affolé. Vrai qu'ils étaient plutôt gentils ce soir n'empêche... Le tenant par le bras, Trinity le fit marcher jusqu'à la porte. Bon pour la suite, ils allaient devoir faire attention à ne pas se faire remarquer. Une fois son Daddy de nouveau avec elle, ils se glissèrent tout les trois dans la nuit, laissant la bonne sœur seule dans l'église, prisonnière de son confessionnal. S'assurant que personne ne traînait dans la même ruelle qu'eux, la blondinette s'arrêta finalement devant un espace de stationnement vide. « Putain de merde Daddy! Qu'est-ce que tu as fait avec la voiture? Pourquoi elle est pas là? » Ils échangèrent un regard surpris. C'est à ce moment qu'elle remarqua l'affiche indiquant clairement : parking interdit ou remorquage. Non c'est pas vrai! « Les connards! Ils ont pris la voiture! » Bravo! Ils allaient faire quoi maintenant hum!? Non pas que c'était louche deux personnes qui baladent un prête en pleine nuit, mais c'était un peu ça oui...

Non cette fois le bon dieu il ne va pas être content, mais alors pas content du tout. Je ne sais pas trop comment on pourra gérer ce problème cela dit, ce n'est pas comme si on avait une ligne direct pour passer des appels aux cieux et pouvoir débattre de ce qu'on fait ici-bas. Sans doute que ce n'est pas si grave non plus. Après tout, il sera fâché d'accords, mais il ne va pas nous faire tomber le ciel sur la tête que pour ça. Et puis franchement, je n'ai jamais été assez religieux pour croire à tout ça. Certes on a en quelque sorte violé la maison du seigneur, on a feint une possession satanique pour remonter jusqu'au prête, on a laissé aller quelques jurons ici et là, on kidnappe le prête...ça pourrait être pire non ? Des êtres vraiment mauvais auraient pu juste le tuer sur ce plancher saint d'église et ça aurait été bien plus terrible que nous. On est respectueux, voilà. On n'a rien du tout à se reprocher, on fait notre boulot comme de très humbles travailleurs. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à ça. Et c'est donc après avoir fait rapidement et mentalement le tour de la question que je peux continuer à faire notre besogne avec l'âme en paix, même si certains pourraient prétendre que tout ça ce n'est rien de plus que de l'adaptation de fait, que je vois uniquement ce que j'ai envie de voir et que je fais ma propre justice en décidant moi-même de ce qui est juste ou ce qui ne l'est pas, mais voilà, ces gens qui pensent ça, bah qu'ils aillent se faire voir, rien à foutre et puis là tout de suite j'ai plus important à faire que de me torturer l'esprit à savoir si je suis en train d'enfreindre toute les lois divines et terrestres. La seule chose qui importe c'est le cachet assez généreux qu'on touchera à la fin de notre travail et puis de toute façon, si quelqu'un veut qu'on lui ramène le prête, c'est surement parce qu'il a fait un truc de pas bien et un prête ce n'est pas censé dévier dans le chemin de la perdition, voilà, on rend seulement service à l’humanité et à notre Dieu le Père par la même occasion.

Je laisse donc Trini se charger de ligoter notre bon Père avec l'adhésif gris qu'on a pris soin d'amener avec nous pendant que je vais rattraper notre nonne fugitive. Elle n'a d'ailleurs pas très envie de coopérer, mais elle n'a pas bien le choix compte tenu du fait qu'elle est totalement terrorisée et que je l'empoigne solidement par le bras pour la ramener au cœur de l'action. Un témoin, il manquait plus que ça ! Qu'est ce qui pourrait pas nous arriver de pire han ? Trini s'avance pour la ligoter à son tour, prenant soin de lui mettre un bout de tape sur la bouche aussi, histoire qu'elle ne commence pas à hurler comme une outarde en panique. Je fronce les sourcils en l'observant la pauvre femme en pleure alors que Trini rejoint mon idée de la laisser dans le confessionnal. Ça me semble être la meilleure solution, après tout, on ne peut pas non plus la laisser partir tout de suite et la tuer...ce serait pousser l'audace trop loin. Je capte le signe que ma fille me fait pour me dire d'accélérer et je m’active aussitôt, tirant la nonne jusqu'au confessionnal, la posant sur le banc à l'intérieur avant de porter un doigt devant ma bouche en guise de signe de silence. «Il faut que vous m'écoutiez attentivement ma soeur...ce qui s'est passé ici, c'est entre vous, nous et le Saint-Esprit, vous êtes tenu par le secret de la confession. Vous comprenez ça ?» Je l'observe attendant qu'elle approuve, mais comment elle ne peut pas parler...«Whatever...de toute façon si vous parlez, on reviendra vous chercher...et là...vaudrait mieux pour vous que vous soyez dans les bonnes grâces du bon Dieu.» Je lui tapote gentiment la joue, lui adressant un sourire avant de lui ligoter aussi les pieds, pour éviter qu'elle se sauve trop vite chercher de l'aide. Après quoi je m'empresse de rejoindre Trini qui se dirige vers la sortie arrière en compagnie du père Duncan. Je lui emboite le pas jusqu'à ce qu'elle s'arrête dans le stationnement. « Putain de merde Daddy! Qu'est-ce que tu as fait avec la voiture? Pourquoi elle est pas là? » Je regarde l'endroit où était la voiture, avant de tourner rapidement sur moi-même pour la chercher des yeux, mais rien. Rien de rien ! «Bordel de cul !» Je remarque vaguement l'affiche du défense de stationner, mais je n'y porte pas vraiment attention, me retournant plutôt vers le prête pour lui arracher sa muselière collante d'un coup sec. Puis, dans un geste colérique je pointe l'emplacement de notre voiture, vide. «Qu'est-ce que vous avez fait de notre caisse !?» Il nous toise, pétrifié. «Mais je n'en sais rien, je n'y suis pour rien, je vous le jure, je vous en conjure laissez-moi...» Je l’interromps, lui collant le bouche de mon revolver directement sous le nez. «Où elle est votre voiture à vous ?» «Mais je n'en ai pas, je...» Je lui recolle aussitôt le ruban adhésif sur la bouche, l'air mauvais. «Évidemment qu'il a pas de voiture !...Va falloir en voler une, un peu pas marcher avec ce manchot ligoté dans toute la ville.» Je soupire bruyamment avant de regarder en direction de la rue, voir ce qu'il y aurait de disponible niveau véhicule, car évidemment à cette heure-là, le parking de l'église est vide. Je m'avance donc vers l'avant de l'église, prudemment, pour ne pas attirer trop l'attention sur nous, tenant aussi fermement notre prête par le bras. Une fois près de la rue, je laisse Triny s'avancer jusqu'au bout de la haie pour vérifier si la voie est libre. Elle se retourne alors prestement, me faisant des gesticulations d'urgences, du moins c'est ce que j'en conclue. Je regarde aussitôt autour de moi, cherchant un endroit où planquer le prête, mais faute de quoi, je l'enfonce durement dans l'épaisse haie, ne lui lâchant pas le bras tout de même, alors que je me colle contre la haie pour le cacher au mieux. Je lance ensuite un regard interrogateur à ma fille, histoire de comprendre ce qui se passe encore.

À bien y penser, rare étaient les fois où un de leur plan se déroulait à la perfection. Il y avait toujours un imprévu quelque part, mais ce n'était pas ce genre de petit détail qui risquait de leur nuire sérieusement. Ils étaient passés maître dans l'art de l'improvisation. Ou alors ils avaient un peu trop d'imagination. Ça restait à voir, mais chose certaine, c'était drôlement utile en cas de besoin. Ils échappaient parfois de justesse à une catastrophe, il est vrai. De la chance? Mais non, du talent! Les autres petits vilains dans leur genre ne le voyait pas, mais Trini se considérait quand même comme dans la cours des grands. Elle n'avait jamais laissé sa peau lors d'une petite mission et encore moins un cheveux. Son père la surveillait certes, mais la vrai raison étant qu'ils étaient trop malins pour se faire avoir. La ruse était un élément important dans le métier! Ne jamais sous estimer le pouvoir du cerveau... voilà, en fait, ils étaient juste trop intelligents pour les autres. Putain, elle l'avait toujours su qu'elle était surdouée. On devrait lui donner une médaille pour ça. Elle le méritait bien. Et une pour son Daddy aussi. Avec écrit dessus qu'il était le meilleur papa. M'enfin bref, tout ça pour dire qu'ils étaient unique en leur genre niveau duo. Un jour peut-être qu'on ferait même un film sur leur vie. Cette église lui inspira justement le scénario typique d'un film d'horreur, gamine possédé et hop on se débarrasse de tous les bons chrétiens du coin. Elle se sentait plus ou moins mal de ligoter ensuite le prête avec du ruban adhésif, n'ayant pas le choix de l'empêcher de fuir. Peut-être parce que le regard de ce cher Jésus sur la croix semblait lui dire : rien à foutre. Dieu n'allait pas de fâcher pour si peu, surtout qu'elle y allait tout en délicatesse. Elle aurait pu le rouler jusqu'à la porte, mais elle l'aida plutôt à se remettre sur pied en le poussant gentiment dans la bonne direction. Et après on viendrait lui dire qu'elle ne connaissait pas les bonnes manières? Foutaise. Non, elle était un enfant bien élevé. Son Daddy déposa la sale curieuse dans son coin, choisissant lui aussi la solution douce. Rien de trop beau! Ils avaient tout fait cela en un temps record, il ne restait plus qu'à livrer le prête à destination, empocher le magot et puis le tour serait joué. Un petit sourire aux lèvres, elle marcha dehors en compagnie de sa victime et de son père jusqu'à finalement atteindre la...

Voyant l'emplacement vide, elle se tourna sans plus attendre vers son paternel pour lui demander ce qu'il avait fait avec la voiture. Impossible qu'un taré du coin l'ait volé! Et puis personne ne faisait jamais attention aux affiches qui disait qu'il était interdit par la ville de se stationner ici. Quelle belle connerie! Comme unique réponse, il jura à nouveau, se tournant plutôt vers le prête. Sans plus attendre, il lui répéta la question, ayant libérer sa bouche de son collant. Trinity l'observa également, persuadé qu'il serait trop bête et stupide pour les aider avec le problème. Il était terrifié, ça se voyait plutôt facilement et puis il faisait bien d'avoir peur, mettre en colère son Daddy ne le sauverait pas. En le menaçant encore un peu il pourrait sans doute parler... Surveillant l’interrogatoire, elle soupira bruyamment lorsqu'il avoua n'avoir aucune voiture. Putain de merde, mais dans le genre incompétent il n'y avait pas pire que ça! «Évidemment qu'il a pas de voiture !...Va falloir en voler une, on peut pas marcher avec ce manchot ligoté dans toute la ville.» L'image était amusante, mais mis à part cela, la blondinette avait déjà imaginé le problème elle aussi. Si jamais ils croisaient quelqu'un par hasard, même tard le soir, ça serait dur à expliquer. Du genre, notre grand père fou à essayer de faire une fugue hors de l'asile et on l'a retrouvé dans une église en train de se faire passer pour un prête? Plutôt pas mal, mais ça ne justifiait pas de l'avoir ligoté de la sorte. Surtout que pas mal de gens le connaissait bien dans le coin, sauf les non croyant qui en avaient rien à chier de Dieu et de l'église en général. Bref, pas le choix, ils allaient devoir voler une autre voiture. « C'est bon, on va sans doute trouver quelque chose... je vais voir un peu plus loin, question d'être certaine que la rue est vide... » Ça la faisait suer comme situation elle aussi, mais avec un peu de chance ils allaient bien s'en sortir malgré tout. Se glissant silencieusement en direction de la grande haie à l'avant de l'église, elle leva la tête pour observer attentivement les environs. C'est là qu'elle vit tout à coup une mamie en train de balader son petit kiki au bout d'une laisse. « C'est pas vrai....putain » Marmonnant entre ses dents, elle surveilla sa progression. Trop tard, elle allait les voir d'ici une minute à peine et les personnes âgées avaient le dont d'être les êtres les plus chiant de la terre. Tous sauf Grammy bien sur. Quoi qu'il en soit, cette pauvre conne allait reconnaître le prête à coup sur. Se retournant, elle adressa des signes de bras à son père, revenant vers lui en silence pour ne pas attirer trop l'attention. Vite, vite, fallait cacher leur gros jambon aromatisé à l'eau bénite avant l'arrivé de la vieille. Son père comprit rapidement l'urgence et il jeta finalement le prête dans la haie, s'assurant qu'il allait bien y rester. Tant qu'il ne faisait pas trop de bruit cet idiot... « Juste là, une mamie qui sort son chien... faudrait avoir l'air de rien le temps qu'elle passe son chemin » Comme de fait, la vieille se pointa dans leur champ de vision et Trini se composa un petit air naïf, faisant mine de chercher quelque chose. C'était trop suspect s'ils demeuraient les deux plantés là sur place. Arrivé à leur hauteur, son minuscule chien grogna férocement, jappant et hurlant contre eux. Charmant. Observant la petit chose d'un mauvais œil, la blondinette fit un effort pour sourire poliment à la dame. Celle-ci tira sur la laisse de son kiki, surprise de le voir réagir ainsi. « Doucement Shelly! Mais seigneur dieu, qu'est-ce qui t'arrive... » Mais il allait se fermer la gueule quand son horreur? C'était énervant bordel de merde. La vieille observa la haie, alors que celle-ci remuait légèrement. « Ne vous déranger pas madame... j'ai perdu mon chien et... hum, mon père m'aide à le retrouver...ça doit justement être lui juste là dans la haie...Toby? Toby c'est toi? » Elle se pencha vers la haie, glissant sa main à l'intérieur pour empoigner le cou du prête, question de le menacer assez subtilement pour qu'il arrête de bouger. Pendant ce temps là, elle laissa son Daddy s'occuper de la vieille curieuse et de son kiki enragé. « Méchant chien Toby, méchant! » Par chance, elle arrivait à bien cacher le prête en se plantant devant lui, légèrement à travers de la haie également. Le pauvre homme semblait sur le point de faire une crise cardiaque lorsqu'elle desserra finalement sa prise question de le laisser un peu respirer. Mort il ne serait plus très utile! N'empêche qu'elle faisait vraiment chier cette vieille mémé trop curieuse!

Prendre ce contrat c'était peut-être une mauvaise idée finalement. Ce n'est pas non plus comme si on avait expressément besoin de cet argent. Toute cette merde qui s'enchaine c'est peut-être la punition de Dieu pour s'être attaqué à son fidèle serviteur. Ou alors...à bien y penser ça n'a rien d'inhabituel vu la fâcheuse tendance qu'on a à foutre le bordel partout autour de nous chaque fois qu'on remplit un contrat. On manque peut-être un peu de minutie, ou alors nos plans sont toujours foireux va savoir, mais qu'importe, on réussit toujours quand même et ce n'est certainement pas un vulgaire homme d'église qui va venir à bout de nous. On est des professionnels quand même ! Et puis ce n'est pas de ma faute si on s'est fait prendre la voiture, qui aurait pensé qu'une dépanneuse pouvait nous remorquer à cette heure du soir parce qu'on n'avait pas le droit d'être stationné à cet endroit. Et puis premièrement on ne sait même pas, si ça se trouve on n'a pas été remorqué, on a peut-être été volé tout simplement ! Ce n'est pas les voyous qui manquent dans ce quartier, mais bref, si jamais j'en chope un se balader avec ma caisse, il va passer un sale quart d'heure je vous le promets. Dans tous les cas, ce n'est pas si grave, comme Trinity l'a dit plus tôt, c'était une poubelle, ce n'est pas une grande perte et dans le pire des cas, on aura qu'à prendre ma moto en attendant d'en avoir une autre...quoiqu'il faudrait qu'on commence par réparer ma moto avant de pouvoir la prendre, mais détail, on verra ça plus tard. Pour le moment on doit livrer notre paquet comme promit et ce sans se faire prendre. Voilà pourquoi il apparait évident qu'il faut se procurer une autre voiture rapidement, parce qu'on ne peut quand même pas se trimbaler dans toute la ville avec un type en soutane qui a un tape sur la bouche et les mains ligotées, car côté subtilité on y repassera.

On se dirige donc vers la rue, avec l'intention de subtiliser le premier véhicule potable qui nous tombera sous la patte, mais on se voit bien rapidement arrêté quand Trini repère un intrus. Ni une ni deux, j'encastre le prêtre dans la haie à côté pour le cacher de potentiels yeux curieux et tant pis s'il y récolte des égratignures, il ne sera sans doute pas à ça de près de toute façon. Ma fille revient ensuite rapidement vers moi pour me faire part de la situation. « Juste là, une mamie qui sort son chien... faudrait avoir l'air de rien le temps qu'elle passe son chemin » Je plisse le nez de dégout. Une mamie bordel ! Y'a rien de pire que les mamies ! Ça a toujours le nez fourré partout où il faut pas et c'est sénile comme des vieilles branches. Comment on va faire pour se débarrasser de ça maintenant ? Une harpie, sérieux, manquait plus que ça. On peut toujours espérer qu'elle nous voit pas tient, si ça se trouve elle est aveugle comme une taupe. Et pour un peu j'aurais presque cru que c'était le cas et qu'on allait s'en sauver, mais y'a ce petit truc là, la bestiole, le rat, le...chien qui nous repère illico et commence à aboyer comme le dernier des tarés de la terre. Je hais les petits chiens sérieux ! Et puis c'est quoi d'abord ça ? Une vadrouille sur patte ? « Doucement Shelly! Mais seigneur dieu, qu'est-ce qui t'arrive... » Je fusille le chien des yeux avant de prendre un air tout bonnement innocent quand la vieille dégénérée relève les yeux dans notre direction. « Ne vous déranger pas madame... j'ai perdu mon chien et... hum, mon père m'aide à le retrouver...ça doit justement être lui juste là dans la haie...Toby? Toby c'est toi? » Toby qui ? Ah oui le chien...vilain Toby ! «Toby sors de là, ce sont les écureuils qui se cachent dans les haies, pas les chiens !» Autant jouer le jeu. Le buisson est secoué par les tentatives d'évasion du prêtre et je laisse Triny s'en charger pendant que je vais tenter de m'occuper de l'ancêtre. «C'est un gros chien...il adore les haies...il mange des feuilles.» Mouais enfin, bref. Je me penche alors vers la vermine, lui adressant un faux sourire. «C'est un joli petit chien ce Shelby, il est adorable à japper comme ça...Tenez bien sa laisse, ce serait vraiment dommage qu'il se fasse écraser par une voiture...» La vieille me regarde alors avec un air catastrophé à la limite d'offusqué en fait. Je la regarde aussi, lui adressant un nouveau sourire, en m'approchant encore, espérant qu'elle se sente menacé et qu'elle déguerpisse vite fait. «C'est quoi ? Un pékinois ? Il est à croquer...Oh...regardez là-bas ! Il y a une petite pékinoise !» La mamie plisse aussitôt les yeux et se retourne pour regarder dans la direction que je lui pointe et j'en profite pour sortir mon poignard de ma poche et trancher le câble fin de sa laisse rétractable, le petit kiki filant aussitôt à tout vitesse sur le trottoir.«Mais je ne vois rien...OH MON DIEU SHELBY, SHELBY, REVIENS ICI MON BÉBÉ !» Et comme une véritable formule 1, elle s'élance à sa poursuite à la vitesse d'un escargot retraité. La vision m'arrache un air moqueur, mais ce n'est pas l'heure de perdre du temps, je fais aussitôt signe à Trini de se dépêcher d'amener le prêtre près d'une voiture et je me retourne pour la rejoindre. Je ne regarde derrière moi qu'en entendant un étrange bruit et un cri de mort s'échappant de la vieille alors que son kiki vient de se faire écrabouiller par une voiture. «Damnit !...» Je regarde ma fille et lui fait signe d'accélérer. «Vite avant qu'elle rameute tout le quartier !» Je m'arrête aussitôt devant une voiture, m'occupant de déverrouiller rapidement la portière à la manière d'un voleur de voiture et une fois fait, j'ouvre le coffre pour que Trini puisse y mettre l'homme de dieu pendant que je tente de bidouiller les fils pour tenter de démarrer le moteur.

Mais qu'est ce qu'il était complètement boulet ce prête sérieux. Il faisait vraiment honte à toute l'église. Elle prenait la peine de l'attacher solidement et de le bâillonner, mais monsieur je suis l'homme de Dieu continuait de faire des siennes. Il en avait de la chance de se faire kidnapper, ça lui éviterait de donner la messe de demain matin et de pouvoir profiter d'un beau petit congé gratuit. Ils lui faisaient même prendre l'air et puis une marche de santé, rien de meilleur pour garder la forme. Un petit chanceux qui ne savait pas voir le bon côté des choses, dommage. Quoi qu'il en soit, il ne sembla pas apprécier devoir se cacher en plein milieu d'une haie le temps qu'une vieille mamie curieuse passe son chemin. Pour ce coup là, elle pouvait le comprendre. Ça gratte une haie, d'autant plus qu'avec les feuilles c'est embêtant niveau confort. Trinity n'avait pas de mal à mentir, ce pourquoi elle inventa une excuse bidon au sujet d'un faux chien qu'elle recherchait tard le soir comme une gamine capricieuse qui veut son doudou. Alors qu'en fait, à l'aide de sa main, c'est le cou du prête qu'elle serra doucement pour qu'il arrête de tout gâcher. Discrètement, elle écouta son Daddy expliquer que le chien aimait bien les... feuilles? Il venait de dire manger des feuilles ou quoi? Il allait devoir faire mieux pour embobiner la vieille parce que là c'était limite drôle. Elle étouffa son sourire en se concentrant toujours sur la haie, guettant le prête des yeux. Couché et pas bouger Toby... Comme de fait, son père réussit finalement à détourner suffisamment son attention pour libérer le minable petit chien. Haha, elle allait hurler de voir son petit trésor prendre la fuite. «Mais je ne vois rien...OH MON DIEU SHELBY, SHELBY, REVIENS ICI MON BÉBÉ !» Pour crier, elle avait crié drôlement fort. Assez pour risquer de perdre son dentier même. Bref, heureusement, elle prit la fuite, poursuivant son chien dans la rue. Pas trop tôt! Trini commençait à croire qu'ils allaient passer la soirée à jouer dans cette haie. La blondinette rigola intérieurement, une vieille qui essaye de courir c'est toujours drôle, toujours, suivant ensuite son Daddy en tirant le prête avec elle. Ni vue ni connu, ils pouvaient maintenant se pencher sur leur problème de voiture. Poussant fortement son otage pour qu'il avance d'un bon pas, elle se figea tout à coup en entendant un drôle de bruit. Comme si une voiture venait de... «Damnit !...» Elle jeta un rapide coup d’œil par dessus son épaule. Bha merde, elle était même pas morte cette mamie! « Fuck... » Mais il savait pas conduire ou quoi ce mec? On visa le chien ET la grand-mère la prochaine fois!  «Vite avant qu'elle rameute tout le quartier !» Bha han c'est pas malin tout ça. Ignorant le regard horrifié du prête, Trinity se précipita vers la voiture que son père venait de choisir. Ça ferait bien l'affaire pour y transporter leur paquet. Elle le laissa donc ouvrir le coffre, tirant de force l'homme de Dieu pour le basculer à l'intérieur en vitesse. Pas de temps à perdre, ils devaient quitter cette rue au plus vite avant d'être repéré. Elle ferma brusquement le coffre, montant à l'avant de la voiture côté passager. « Elle est mieux de démarrer cette voiture ou alors on est mal barré... » Pas mesure de précaution, elle jeta un coup d'oeil à l'arrière. Rien à signaler. Ils étaient chanceux pour le moment. Après quelques secondes de bousillage et de bricolage avec les fils, son père fit démarrer le moteur. Bien! Elle attacha sa ceinture, soupirant de soulagement. Sauvé... enfin, ils leur restaient toujours la tâche d'aller livrer le prête à la bonne adresse. C'était déjà plus simple et plus facile que d'organiser un kidnapping.

Silencieuse un moment, elle écouta le bruit bizarre du coffre arrière de la voiture. Il y avait un toc à chaque fois que son Daddy roulait dans un nid de poule. C'était plutôt amusant. Dans le pire des cas, il aurait une bosse sur la tête une fois arrivé à destination, pas plus grave que cela. Reculant un peu le siège pour se mettre confortable, elle tourna la tête vers son papa chéri. « Daddy? Pendant que j'y pense, je me demandais un truc... » Ouais, et comment le demander sans faire chier? Probablement impossible, vue ce qu'elle allait entamer comme sujet de conversation. Chose certaine, celle là, il ne l'aurait pas vue venir... « C'est qui la grande brune que t'as vu l'autre jour hum? ...Une femme, environ 35 ans, cheveux long, plutôt jolie... D'abord t'as pas le droit de voir quelqu'un en cachette sans me le dire, ça se fait pas » Pour le coup, il avait l'air plutôt surpris, quoi qu'elle sentait venir la réponse dans le genre : pas tes affaires ou de quoi tu parles je vois pas de femme. Elle le connaissait par cœur, assez pour savoir que justement, il y avait un truc qu'il ne lui disait pas. L'air de rien, elle croisa les bras, jouant discrètement avec une mèche de cheveux entre ses doigts. Alors, c'était quoi l'explication? Qu'elle était trop curieuse? Qu'elle ne devait pas espionner son propre père? Ça ne lui suffirait pas comme réponse de toute façon. Trini pouvait être très têtue. « Parce que si tu veux me magasiner une mère, je te préviens que t'es mieux d'oublier ça tout de suite! Me fiche de savoir qui elle est, tant qu'elle entre jamais dans la maison... et je veux même pas la voir » Là elle y allait un peu fort, mais aussi bien le prévenir non? Elle ne voulait pas jouer les gamines chieuses, mais la blondinette avait toujours été répugnée à l'idée qu'une femme lui vole son père. C'était son unique famille et elle ne laisserait pas une petite pétasse voleuse lui prendre ses affaires. Si elle devait la menacer, elle le ferait. Après tout, elle était assez grande pour s'en occuper et la faire disparaître par exemple. Un jeu d'enfant. Jamais personne ne viendrait détruite son duo. Ça représentait tout pour elle. Trinity jeta un regard boudeur en direction de son paternel. « On en reparle plus tard si tu veux, mais je te préviens que ça va chauffer si tu déconnes encore » Des reproches et des menaces en même temps, l'adolescente avait toujours eu un tempérament de feu et elle ne se sentait pas mal d'aborder ainsi le sujet en plein milieu d'une mission. Récupérant son couteau porte bonheur, elle joua avec un moment, profitant du silence pour se calmer un peu. Qu'est-ce qui lui prenait de dramatiser pour une femme, hum? Si ça se trouve, elle n'était pas si intéressée que cela par son père. Et puis en sachant que celui-ci avait une fille, elle aurait peut-être peur sur le coup. Dans le cas contraire, Trini lui donnerait une raison d'avoir peur oui. Ce n'était pas prudent tout ça, elle devait protéger son père sans quoi elle risquait de le perdre. Le genre de perte qu'elle n'arriverait jamais à surmonter. Pour le moment, rien n'était encore joué, elle ne devait pas paniquer non? L'envie de le bouder l'habitait toujours, mais le règlement de compte allait probablement se faire une fois à la maison. Avant ils devaient encore livrer ce con de prête qui gigotait comme un idiot dans le coffre de la voiture. Il espérait quoi? Réussir à se sauver? Tss...

C'était quand même triste pour ce petit chien n'empêche, il avait beau être moche comme la vadrouille de Mama...à la base je n'ai jamais rien eu contre les chiens. Si je n'avais pas coupé sa laisse peut-être que ce kiki serait encore vivant aujourd'hui. Il le serait très probablement même. C'est cette vieille peau qui aurait dû se faire écrabouiller sous une voiture, c'est elle la responsable de ne pas avoir dressé son chien et d'en avoir fait un monstre. Ce n'est quand même pas de ma faute à moi. Oh et puis je n'ai pas le temps de faire le tour de la question, n'oublions pas qu'on a toujours notre prêtre à livrer et que ce dernier doit commencer à avoir hâte que sa journée se finisse, quoique personne ne sait exactement comment elle finira pour lui. Je n'ai pas demandé de précision. On m'a dit de livrer l'homme de Dieu, je livre l'homme de Dieu, le reste ce sont des détails administratifs qui ne m'intéressent pas et puis ce n'est pas comme si on était à ça de près. On a déjà collé un plomb dans la tête de quelques dudes, alors que ce soit bien ou mal, on ne va pas se morfondre du sort de ce pauvre homme, pas plus que celui de ce pauvre chien, quoique je trouve pratiquement plus triste le décès de la bête que celui possible du prêtre, mais passons...Après tout, je ne sais même pas s'ils le veulent pour le tuer. Ce serait un peu audacieux quand même, j'ai beau ne pas être un fervent croyant, je n'irais probablement pas jusqu'à tuer un serviteur de l'Église, j'aurais un peu peur des représailles. Bah quoi ? Si ça vous plait de prendre le risque que le ciel vous tombe sur la tête, grand bien vous fasse, moi je ne tue pas de religieux, sauf si je ne sais pas qu'ils sont religieux. Après si eux veulent le tuer, comme j'ai dit, ranafoùt. Ce n'est pas problème et si ça se trouve, ils vont juste le passer à tabac. On ne sait pas, peut-être qu'il a volé de l'argent de la quête ou qu'il a été injuste dans la distribution des Osties. Ou alors c'est comme dans les films, ce prêtre est un marchand de bébés qui tue les femmes pour revendre les marmitons sur le marché noir et le marché d'organe, bien que je ne sache pas trop l'utilité d'un mini organe de bébé, ça doit pas être très utile pour les transplantation. Quelle ordure quand même ce prêtre ! Des bébés, pouahh ! Faut être cinglé pour faire ça, il mérite de crever lui ! Juste de penser que ça aurait pu être ma bébé fille. Quoique...je m'égare un peu là.

Le bruit du moteur qui démarre me ramène à l'instant présent et à notre tâche à effectuer, pas le temps de se perdre dans des théories abracadabrantes. Mama m'a toujours dit que j'avais l'imagination trop fertile et qu'accessoirement j'étais un crétin à tête de linotte, mais bref. On démarre donc rapidement avant que les autorités débarquent pour s'occuper de la vieille sénile qui pleure la mort de son chien comme dans un mauvais sitcom. Un peu plus et on pourrait croire qu'elle joue la comédie tellement elle en met des couches. Quelques bruits proviennent du coffre arrière de la voiture, sans doute notre ami qui se débat pour tenter de sortir, ce qui serait un peu bête avec la voiture en marche. Ce bruit pourrait effectivement être un problème dans un autre quartier de la ville, mais à Whitechapel, personne ne va s'alarmer d'un coffre bruyant, du moins presque personne. « Daddy? Pendant que j'y pense, je me demandais un truc... » Je garde toujours les yeux sur la route, lui lançant qu'un bref regard pour lui signaler que je l'écoute. «Hum ?...» Mon instinct me dit qu'une conversation qui se débute comme ça n'annonce rien de bon, surtout avec ma fille. Pour un peu j'aurais presque envie de monter le son de la radio pour faire genre ah non désolé je t'entends pas sweetheart ! . « C'est qui la grande brune que t'as vu l'autre jour hum? ...Une femme, environ 35 ans, cheveux long, plutôt jolie... D'abord t'as pas le droit de voir quelqu'un en cachette sans me le dire, ça se fait pas » Femme, trentaine, brune, plutôt jolie ? QUOI ? Chaispasquicé. De quoi elle me cause la vermine ? Bon, je crois que j'ai une petite idée de qui elle parle, mais de quoi elle se mêle d'abord ? Elle me raconte tous les garçons avec qui elle parle elle peut-être ? Je rumine quelques instants, faisant mine d'être hyper concentré sur la route vide devant nous, alors que je cherche comment me sortir de ce guêpier. . « Parce que si tu veux me magasiner une mère, je te préviens que t'es mieux d'oublier ça tout de suite! Me fiche de savoir qui elle est, tant qu'elle entre jamais dans la maison... et je veux même pas la voir » Nan mais doucement oh ! Quelle mal élevée quand même ! Qui a bien pu lui apprendre des manières aussi grossières !? Ses parents se sont foulés niveau éducation quoi ! En oubliant évidemment le fait que c'est moi le parent. «Hey oh ! Je t'en pose des questions moi ? C'est moi le père, c'est moi qui fais les interrogatoires ! Et pis d'abord, je vois pas de femme, tu te fais des idées, c'est pas parce que je parle à une gonzesse que je vais me faire avoir comme un débile han.» Bah oui quoi, pas nécessaire de lui dire les détails, surtout que je ne sais même pas s'il y a quelque chose à en dire. « On en reparle plus tard si tu veux, mais je te préviens que ça va chauffer si tu déconnes encore » Quel toupet quand même ! Elle va m'envoyer dans ma chambre et me priver de dessert avec ça ? «Du calme jeune fille et je déconne jamais tu sauras, n'inverse pas les rôles, les conneries c'est toi qui les fais pas moi. Moi je suis un adulte responsable, j'ai passé l'âge de me faire gronder par ma gamine.» Quoique je n'ai jamais vraiment eu l'âge de me faire gronder par elle, mais bref. «Là on se débarrasse de notre boulet et après, c'est de ton comportement dont on va discuter, pas du mien.» Ouais genre comme si j'allais la gronder, l'autorité ça n'a jamais été mon truc. Et histoire de changer de sujet, je lui balance la carte du quartier entre les mains et le papier avec l'adresse de la livraison. «Dis-moi plutôt par où passer.»