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Perceval travaillait sur quelque chose de vraiment gros. Il avait mis sa plus belle cravate noire, son plus beau pull, ses plus belles lunettes pour aller au bureau. Il assista très sérieusement à la réunion d'informations, qui réunissait un coordinateur, l'agent qui partirait en infiltration, lui-même et un autre technicien à la tâche plutôt obscure d'après Percy puis, finalement, on le lâcha dans le monde qu'il avait dans la tête avec un seul but : créer. Et ça, le jeune homme adorait. Il n'y avait strictement rien de mieux d'après lui. L'agent allait devoir s'infiltrer dans une base en Israël, afin d'essayer de comprendre ce qu'il y avait réellement derrière l'hydroconflit avec les territoires palestiniens et d'autres pays du Proche-Orient – enfin, c'était ce que laissait dire l'indic, après à voir si c'était vrai ou non... L'agent serait ainsi infiltré avec le ballet ministériel britannique, venu visiter l'un des derniers barrages construits. Il lui fallait donc une identité béton (ce qui n'était pas de son ressort), un physique et un mental à toutes épreuves (ça non plus) mais surtout un bon équipement (et là il entrait en scène). Aussitôt prit-il une feuille de lay-out, ses plus beaux feutres et se mit-il à réfléchir avec ses traits, ses annotations, ses couleurs. L'objet, de son esprit, finit très vite par prendre forme sur papier et, une fois à peu près satisfait de lui-même, il recommença sur une autre feuille, de manière à ce que ça ne fasse pas trop brouillon. Il n'avait jamais eu un coup de crayon extraordinaire et n'était clairement pas un artiste né ; et pourtant l'objet était clair, simple, concis et compréhensible. Il finit par prendre le petit dossier qu'il venait de constituer – quelques feuilles de calques se superposaient les unes sur les autres pour faire comprendre les intérieurs, les mécanismes, plutôt ingénieux et clairs – et par l'amener à la personne qui travaillait avec lui sur ce projet. Ils discutèrent pendant quelques temps, Perceval pour une fois pas tellement timide – le boulot, le seul domaine dans lequel il n'hésitait jamais – quand le jeune homme reçut un sms. Il répondit rapidement à son meilleur ami que le déjeuner était ok pour lui, ne pouvant étouffer le sourire qui vint lui tordre les lèvres, avant de reporter son attention sur son collègue. Percy aimait bien manger avec les gens. Fallait aussi dire que, généralement, il mangeait seul dans son coin, dévorait rapidement le contenu de son plateau avant de s'enfuir presque en courant ; même si, plus couramment, il se contentait de soit aller chercher un sandwich dans le coin, soit de ramener le plat d'hier soir dans un tupperware et de le manger, froid, devant son ordinateur. Et puis le fait que ce soit Arthemus qui lui propose changeait tout. Le faussaire était certainement la personne préférée de Percy sur la Terre entière. Il n'avait pas beaucoup d'amis. Pas beaucoup, voire presque pas du tout. Mais Arthemus, à lui seul, valait tous les amis du monde aux yeux de Perceval (même s'il n'aurait jamais osé le lui dire en face, il était un peu trop timide et pudique pour cela).

Ainsi, une fois leur entrevue finie, Perceval quitta son collègue le cœur léger. Même si aucun signe d'allégresse ne venait se voir sur son visage, comme taillé dans la pierre la plus vindicative et la plus sévère qui soit. Son dossier sous le bras, remontant ses lunettes le bout de son nez et déserrant légèrement sa cravate, il finit par poser son plateau un peu à l'écart des autres tables, au fond du réfectoire, regardant de son petit regard de misanthrope les gens qui riaient, échangeaient des potins, discutaient gaiement entre eux. Il guettait Arthemus mais finit par renoncer, se doutant que celui-ci n'aurait aucun mal à l'apercevoir une fois arrivé. De toutes manières, Perceval avait l'habitude d'attendre : il arrivait toujours en avance aux rendez-vous, ça en devenait presque maladif. Il avait si peur d'arriver en retard... que finalement il arrivait avec dix à quinze minutes d'avance, au bas mot. Il jouait d'un air maussade avec ses tagliatelles au saumon quand, le prenant de court, quelqu'un s'installa en face de lui en lui demandant : « Hey, tu attends depuis longtemps ? » Evidemment (et heureusement d'une certaine manière), c'était Arthy. « Non, pa-pas trop. » balbutia-t-il. Il n'était pas préparé à l'arrivée du brun (oui il préparait les arrivées du gens pour éviter les situations comme ça où il bégayait devant eux) (il était constamment gêné et ce, même avec son ami le plus proche : et rien que cela expliquait plus que tout le sérieux problème de sociabilisation de Perceval) et autant le dire qu'un Percy non préparé, c'est un Percy qui foire. Il suivit le regard de son meilleur ami vers son plateau. Il n'ignorait pas une seule seconde que l'autre était du genre à bouffer comme quatre, au contraire de lui qui se sustentait à peine, l'esprit trop encombré pour s'abaisser à un truc aussi facultatif que manger. Il glissa lentement son plateau vers Arthy, avec un petit sourire timide. « Je t'ai pris des couverts. Je suis persuadé que tu as une faim de loup, n'est-ce pas ? » Son sourire s'agrandit très légèrement en coin, de manière très subtile – presque tendre. « Je garde le droit de véto sur la mousse au chocolat, tout de même. Alors quoi de beau aujourd'hui ? Tu... tu voulais qu'on parle ? » Aussitôt pensait-il au pire des scénarios, comme quoi Arthy ne voulait plus jamais lui parler, comme quoi il ne l'appréciait plus et comme quoi sa tête ne lui revenait plus. Incapable une seule seconde d'imaginer que des amis pouvaient aussi se voir comme ça, juste comme ça, même après tout ce temps qu'il connaissait Arthy. C'était adorable et attendrissant mais, d'un autre côté... affreusement apeurant.

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« Parfois je me demande ce que je ferais sans toi. Tu es le meilleur Percy. » Ce dernier rougit sans pouvoir s'en empêcher, se maudissant d'ores et déjà de cette réaction. C'était un peu idiot de piquer un fard toutes les deux secondes pour des prétextes aussi nuls. Tu le félicites ? Il rougit. Tu le remercies ? Il rosit. Tu lui parles ? Il devient écarlate. Il songeait sérieusement à aller voir un professionnel des rougissements parce que c'était vraiment insupportable. En grandissant, Percy se rendait de plus en plus compte que personne rougissait pour telles futilités. Ca le faisait limite se sentir encore pire. D'autant que, étonnamment, le bureau était plein de gens ne semblant ressentir aucun sentiment : certains étaient pâle comme de la glace et vindicatif. Comme si montrer leurs sentiments allaient les compromettre professionnellement. C'était tout le contraire pour le technicien : on pouvait lire en lui comme sur un livre ouvert. Il était très sensible et, surtout, très expressif. Et non pas qu'à cause de ses rougissements. Si bien qu'il était très mauvais en mensonges (et, généralement, quand il mentait, il se trémoussait, rougissait encore plus que d'habitude et balbutiait si bien que ses phrases étaient incompréhensibles) (en bref, on devinait très vite qu'il mentait). « C'est juste un plat de tagliatelles industrielles et des couverts en plastique, tu sais... » marmonna-t-il mais un petit sourire ravi éclairait son visage, un peu candide et naïf. « Je note le véto sur la mousse. » Perceval haussa lentement la tête, la moue satisfaite. Il avait été sur le point de se jeter dessus et de la garder farouchement contre lui, la mousse ; mais si Arthemus rendait aussi facilement les armes, ça l'arrangeait. Il aimait bien le chocolat, Perceval. Evidemment, ça faisait grossir et tout mais c'était si.. si bon. C'était le genre à s'offrir rarement des petits plaisirs comme ça, des mousses au chocolat, des trucs sucrés – mais, quand il le faisait, il le savourait tellement que ça donnait envie de sourire, à voir ce grand gamin déguster chaque bouchée, chaque cuillerée avec ces petits yeux qui pétillaient trop peu habituellement et son petit sourire insouciant.

Toutefois, là, il n'était pas insouciant du tout. Il se faisait même grave du souci. Il imaginait toutes les théories les plus farfelues les unes que les autres – en vain. Non, il ne voyait strictement pas pourquoi Arthy avait voulu déjeuner avec lui. Ca l'affolait toujours un peu, de ne pas savoir. Il n'y avait en fait de pire – si ce n'était les engins qui ne fonctionnaient pas, ça, ça l'énervait plus que tout. Mais ne pas savoir, c'était un peu la même chose. Perceval avait l'habitude que les choses s'imposent à lui avec évidence, que tout lui semble acquis, bref, il avait l'habitude d'être le génie qu'il était. Mais là... bah là il savait pas ce qui allait se passer. Pas très fort en relations humaines et en psychologie, il aurait été incapable de mettre le doigt sur le fait tout simple que Arthemus, tout simplement, voulait de ses nouvelles. « Oui, ça fait un petit moment qu'on s'est pas croisé, je me suis dis que j'allais prendre des nouvelles. Tout se passe bien pour toi en ce moment ? » Percy ouvrit la bouche, surpris mais à la fois – évidemment – rassuré. Il rosit encore une fois légèrement, mais de ravissement cette fois, tandis qu'un autre sourire content s'invitait sur ses lèvres. Il se redressa un peu sur sa chaise, sa main remontant le long de son nez pour rajuster ses lunettes sur celui-ci. Sauf que cette question englobait vachement trop plein de trucs puis ça non plus, il n'y était pas préparé... Bon. Il allait improviser alors (Perceval n'improvisait, pour ainsi dire, jamais ; mais parfois son meilleur ami l'y confrontait un peu, à la spontanéité, l'improvisation, tout ça, et c'était pas si mal). « Parfaitement. Y'a Rocky qui a un problème rénal et oui, c'est toujours le vide interstellaire dans ma vie, le boulot ça marche tranquillement et tout va pour le mieux. » Il parlait de son chat, de sa vie sentimentale inexistante et de son boulot. Percy tout craché. Pourtant, même si tel bilan était un peu triste et morne, il n'était pas maussade, au contraire : un petit sourire flottait toujours sur ses lèvres, un sourire bienheureux et joyeux. « Et toi ? C'est vrai que ça fait un petit bout de temps qu'on ne s'est pas parlés. Euh... désolé. » fit-il d'un air, gêné, avec une petite grimace.

Il s'empara de la mousse en chocolat dans son petit pot alors que Arthy attaquait son plat de pâtes avec voracité, arrachant un petit sourire amusé à son ami. Il ouvrit le dessert, prit une cuillère et la glissa dans sa bouche, une fois celle-ci fortement garnie en chocolat. Il laissa son regard s'évader un peu partout dans le réfectoire, pensif, avant de reporter son attention sur son meilleur ami, avec un grand sourire ravi, du chocolat plein les lèvres, l'air sacrément naïf. Il s'essuya avec une serviette en papier alors que l'autre brun disait : « Ah tiens, faudra que tu passes à l'appart, j'ai récupéré une vieille console, ton aide sera la bienvenue pour lui faire une cure de jouvence, tu es plus calé que moi de ce côté là, on pourra se faire une partie ensuite. » Il hocha la tête lentement, son sourire s'élargissant. « Avec plaisir, écoute, mais ne compte pas trop sur ta victoire ! C'est quoi comme console ? » fit-il, curieux. Evidemment, ils étaient bien loin d'imaginer ce qui pourrait se passer, quand Percy se pointerait à l’appartement d'Arthemus... « Oh d'ailleurs faudra que, toi, tu passes une autre fois à la section de développement. On a eu un souci avec un passeport biométrique, on arrive pas à en changer les données de la puce... » il lui adressa un sourire désolé. « Ca te dérangerait pas, hein ? Ce serait juste l'affaire d'une demi-heure tout au plus, quand t'es disponible. »

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« Certes ça n'est que ça mais c'est l'intention qui prime tu sais. Alors encore merci. » Perceval décida de ne pas redire que c'était juste des pâtes (qui avaient l'air d'avoir un goût terrible d'ailleurs) et se contenta d'élargir son sourire vers son ami. Il faisait toujours attention à ce dernier, sachant pertinemment qu'il ne mangeait pas assez et parfois que le gargouillis de son estomac lui passait complètement au-dessus de la tête. Il lui arrivait même de, parfois, apporter au bureau de son meilleur ami un plat réchauffé ou juste froid. Juste parce qu'il y pensait, ou parfois parce qu'il s'y forçait un peu, pour montrer son amour et son attachement envers Arthemus – et dieu seul savait à quel point Percy n'était pas doué à ça. Les remerciements le gênaient un peu, de plus. Mais ça, il aurait pu le répéter un milliard de fois à son meilleur ami, qu'il n'en aurait pas tenu compte. Et si ça le gênait, il aimait bien en entendre, mine de rien. Les membres de la section Q n'étaient pas les premiers qu'on remerciait, au terme d'une mission. Et Percy attachait une attention très particulière, voire obsessionnelle, pour les petites choses du genre. Un compliment, un remerciement, un sourire et vous lui faisiez sa journée. Il ignorait si Arthy s'en rendait compte. En tout cas, après lui avoir dit qu'il était le meilleur, ainsi réitérer ses remerciements faisait chaud au cœur du jeune homme.

Ils parlaient souvent de banalités. C'était souvent Arthemus qui lançait le sujet, Perceval qui sursautait en se maudissant – il aurait dû être capable de le faire avant. Ce n'était pas comme si la vie du faussaire était inintéressante, évidemment. Ca allumait toujours sa curiosité, la vie des gens. Tellement plus savoureuses que la sienne, à chaque fois. Ca l'étonnait, toute la diversité qu'on pouvait effleurer, sans jamais la comprendre. Il avait parfois l'impression d'être aux antipodes de la norme, que tout allait de travers chez lui. Il avait aussi le songe que les personnes étrangères à lui-même vivaient des expériences folles, des aventures improbables et géniales tandis que lui... n'était que lui. Il aimait à penser que ce n'était pas un complexe, mais une vision affable et réaliste de sa vie. C'était effectivement un complexe, à se croire terne alors que le monde était coloré. Certaines personnes se contentent d'exister à défaut de vivre. « Oh, ça la plaie ça les problèmes rénaux, tu vas devoir le mettre sous régime spécial ou ? » Il grimaça légèrement, en se passant une main dans les cheveux avec le vain espoir de les discipliner un chouïa. « Si seulement c'était la première fois. Je dois aller chez le vétérinaire pour un ou... ou deux piqûres puis régime spécial avec des croquettes en or. » Il fait la moue. Il aimerait bien maîtriser la chimie version vétérinaire pour pouvoir s'occuper lui-même des croquettes. Ca coûte trop cher, ces trucs. Il rosit légèrement, en pensant que les problèmes de son chat ne doivent certainement pas intéresser son meilleur ami. Il se risque même à un sourire et un regard désolé.

Puis vint la plaisanterie : « Et ta vie n'est pas si vide que ça, tu m'as moi après tout, ça devrait te suffire. » à laquelle Percy ne sut pas du tout comment réagir. Il bredouilla quelque chose ressemblant à « oui, oui, certainement » ayant peur de vexer Arthemus ou quoi. Il était vrai que, quand ils arrivaient à se voir un peu plus souvent, il occupait la majeure partie de sa vie. Un peu triste, en y pensant, vu qu'il était seulement son meilleur ami – eut-ce était son amant ou son mec, ça aurait eu plus de sens. Comme pour pallier à ses pensées, le faussaire parla de son mâle : « Moi ça va, je bosse pas mal en ce moment du coup je ne suis pas souvent chez moi mais ça devrait se calmer sous peu. Pour le reste, si tu vois de qui je parle, je crois qu'il me cache quelque chose mais je ne sais pas quoi. Rien de grave sûrement mais tu me connais, je peux pas m'empêcher de me dire que ça l'est quand même. Et t'excuses pas pour ça, on a tous les deux un emploi du temps de fou, l'essentiel c'est qu'on arrive encore à se croiser non ? » Perceval était sans doute l'une des seules personnes au monde à savoir pour Josué Wilde et Arthemus Eckhart. Ce genre de révélation, qui semblait avoir coûté un peu à Arthy, l'avait beaucoup touché lorsque ce dernier le lui avait dit. C'était un énoooorme secret. Perceval n'était pas le genre de personnes à connaître beaucoup de secrets. Il n'allait pas jusqu'à dire qu'il était complètement émoustillé par la chose mais quand même. Ca lui avait fait intensément plaisir que Arthemus ait ainsi fait preuve de confiance envers lui et c'était sans doute ce geste qui avait scellé leur amitié en or pour de bon.

Percy fronça les sourcils, pensif. Il ne croisait que rarement le Wilde en question et quand c'était le cas, il n'y prêtait pas grande attention. Evidemment, Percy n'était pas le meilleur ami qui allait castagner la gueule de l'ex d'Arthemus, loin de là. Mais ça l'embêtait énormément que le faussaire se trouve des problèmes – quoique mineurs – dans son couple pourtant si idéal. Percy n'y connait strictement rien, dans ce domaine là. Il peut vous réciter sans problèmes les définitions du dictionnaire aux mots relation et amour mais ça s'arrête là. Ses lèvres ne se sont jamais égarées sur un autre épiderme que le sien et cela ne l'a jamais vraiment interloqué, ou surpris. Ca lui semble futile et inutile, le sexe, l'amour, les filles, les garçons. Il se souvient que certaines personnes lui disaient de ne pas s'inquiéter, que ça lui tomberait dessus quand le bon dieu le voudrait. Il ne s'inquiétait pas du tout. Au contraire. « Je-je ne pense pas que tu dois t'inquiéter, tu sais. » Il fronce les sourcils, pris d'une autre réflexion. Il vient de lui dire qu'il s'inquiétait, d'une certaine manière. Perceval maudit sa maladresse. « Le brusquer le bloquerait, j'imagine... Je.... je sais pas quoi te dire, Arthemus, peut-être qu'il ne peut pas en parler, tu sais bien que le gouvernement est secret sur certaines affaires... » suppose-t-il, maladroit et bégayant, comme toujours quand il ne sait pas. Mouvement intolérant agacé au fond de son cœur. Il aurait préféré mieux s'y connaître et plus pouvoir aider Arthy. Sincèrement. Mais bon. Au moins il pourra compter sur l'expérience de ce dernier lorsque ce sera à son tour d'avoir des petits problèmes de couple (ce songe le fait sourire légèrement, tant cela lui semble improbable).

« Je ne compte pas sur une victoire d'office mais je compte bien livrer bataille contre toi, comme toujours. Et c'est une Atari 7800. » Perceval sourit encore plus. L'Atari 7800 n'est certainement pas son modèle préféré, mais il ne doute pas une seule seconde qu'il réussira à la faire chanter et parler et marcher rapidement. Le chercheur n'est pas le meilleur en jeux vidéos, surtout sur console, mais il est tellement passionné par ces mondes de pixel fantasmagoriques qu'il met toujours tout son cœur pour gagner – et puis comment dire... il déteste perdre. Et pour les fois où lui et Arthemus ont joué ensemble, chez l'un ou chez l'autre, il y a toujours eu bataille acharnée, paix retrouvée autour de tasses fumantes de thé et grands airs joviaux. Il préfère ça. Parce que souvent, il joue seul. « Une Atari 7800, hm ? T'as les deux manettes ou tu veux que je nous en trouve une ? Ca me semble bien en tout cas. J'essayerai de passer samedi, je n'ai rien de prévu. » Une phrase typiquement empruntée, il n'a jamais rien de prévu le samedi. Généralement, il bouffe du code, va se balader ou tout simplement reste allongé dans son lit toute la sainte journée. Pas très excitante, la vie sans le boulot.

« Non, ça me dérange pas, je peux passer après si tu veux, histoire de régler ça au plus vite. » Le sourire de Percy prit des dimensions gargantuesques par rapport à d'habitude. Il avait besoin que ce problème soit fixé au plus vite, l'agent utilisant le passeport se devant de partir rapidement à Israël – avec une identité pas trop faramineuse, de préférence. Chez les faussaires, ils étaient pas bien nombreux. Mais Percy n'aurait jamais osé voir quelqu'un d'autre que son ami, certainement pas. Il avala deux autres cuillerées de mousse au chocolat, juste après avoir dit, d'une traite, très content pour le coup : « c'est toi le meilleur Arthemus ! Et tu pourras m'expliquer ? Ca m'a l'air très complexe mais bon... » il lui adressa aussi un petit sourire désolé. Le brun était certainement le premier au courant de sa folie du savoir, sa curiosité sans fond ni comble qui le rendait malade lorsqu'il ne comprenait pas quelque chose ; ou tout simplement ravi lorsqu'il comprenait un autre truc. Un gros défaut, parfois ; la soif de connaissances n'avait pas mené des hommes qu'au prix Nobel. « Tu sais Arthy... pour la partie avec la console, tu pourrais peut-être inviter... tu sais. » Il lui fit les gros yeux, le faussaire devait certainement avoir compris. « J'ai reçu une formation pour mener des interrogatoires. Non, non, rigole pas. (il rigolait, évidemment, et lui offrant un petit sourire timide, mal à l'aise) J'aimerais bien mettre un caractère à ce visage, tu vois ? Et tu me rends curieux à toujours en parler. Voilà. » Il devint rouge écrevisse. Il enviait un peu la vie pleine de couleurs de Arthemus, avait là-aussi envie d'en savoir plus. Il fondit sur sa mousse en chocolat, faisant mine d'y être accaparé.
T'inquiète pas Percy, tu vas très vite voir qui est Josué Wilde.

Spoiler:

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« Oui, ça je veux bien te croire, celui de mes voisins me ruine déjà assez de ce côté là. » Perceval lui adressa un regard et un sourire éloquents, dodelinant de la tête comme pour approuver. Il fallait dire que ces croquettes supposés miracles étaient, en plus d'être quasiment introuvables dans le quartier du jeune homme, à un prix plutôt élevé. Mais pourtant était-il chanceux – si on pouvait ça qualifier de chance – d'avoir hérité d'une mère bien payée. Car sa paye à lui était moindre. Mais il ne s'en plaignait jamais car il aimait ce qu'il faisait, il adorait ce qu'il faisait (et en plus, les matériaux lui étaient offerts et ça c'était le principal avantage de travailler à la section Q du Mi6). Il aurait aimé lire plein de livres de romances, la relation amoureuse pour les nuls et autres navets du genre pour savoir répondre aux interrogations de son ami. Mais sur sa table de chevet, c'est l’encyclopédie universelle et Guerre et Paix volume deux. Il déplore son inexpérience et aussi sa maladresse, il a peur de dire quelque chose qui vexerait Arthemus. Le sujet tourne court et Percy est plutôt soulagé. Si Arthemus s'en voulait de parler amour – chose dont Perceval ignorait tout – alors Percy aussi. Le fait d'être totalement largué dans ce domaine ne le dérangeait guère – il n'y avait jamais songé, pour être honnête – mais le fait que son Arthy soit malheureux, si. Il aurait été le genre à confronter le fameux Josué Wilde qu'il l'aurait fait sans hésiter. Mais il ignorait complètement qui était l'homme : il n'avait jamais été confronté à lui ou n'avait jamais entrepris de recherche. Il savait juste qu'il travaille au Mi6 et espérait secrètement que ce ne soit pas un agent sur-testostéroné plein d'arrogance et de mépris. Il ne manquerait plus que ça.

Quand il parla de l'inviter à leur après-midi de console, le faussaire ne put réprimer un grand rire, bref, certes, mais présent. Aussitôt, le jeune homme s'empourpra d'un air honteux, s'apprêtant déjà à s'excuser d'avoir dit telle ineptie. Il baissa les yeux. Evidemment qu'il ne jouait pas à la console. Personne ne jouait à la console à part le petit geek et son ami. Il est toujours coincé dans son adolescence difficile, avec son lot de chips, de séries et de manettes. Il est idiot d'avoir proposé cela et se cache dans un verre d'eau, déglutissant difficilement avec sa gêne. Il manque même de s'étouffer et tousse dans sa main quand son brun préféré répond : « Désolé, je ne riais pas pour ça, mais de m'imaginer. la scène... Il n'est vraiment pas du genre à jouer à la console tu sais. Mais peut-être qu'il serait temps que je vous présente l'un à l'autre. Après tout, vous êtes de loin les deux personnes qui comptent le plus pour moi, ça serait sympa que vous finissiez par vous connaitre en effet. » « Oh euh... je vois. » bafouille-t-il. Il imagine déjà l'homme habillé comme un pingouin, avec une cravate sobrement noire qui l'étouffe au cou. Mais non. Les gens qui ne sont pas du genre à jouer à la console n'ont pas toujours des costards et des cravates. Ils sont juste adultes. Il se demande si Arthemus jouerait aux jeux vidéos si Percy non. Il préfère même pas y penser. « Tu-tu pourrais aussi nous présenter autrement, s'il n'est pas du genre à jouer à la console » marmonne-t-il, affreusement gêné. Il boude la fin de sa mousse au chocolat du bout de la cuillère avant d'en enfourner la dernière bouchée et de l'avaler avec contentement. Il finit son verre d'eau et le repose consciencieusement sur le plateau entre eux deux.

Son regard se darde à nouveau sur son ami, il repousse ses lunettes sur son nez machinalement. Il sourit légèrement, toujours gêné, pour relancer un autre sujet de conversation (autant éviter de préciser qu'il était un peu vexé, il avait la vague impression que c'était une critique – quoiqu'involontaire – de la part d'Arthemus. Il était vrai qu'on avait inventé plus mature que de jouer à la console à l'âge de vingt-cinq ans, bientôt vingt-six.), l'air de rien. « Sinon ou-oui, j’essayerai de ramener des jeux sympas. Il y a... il y a un vendeur d'occasion à côté de chez moi et les jeux pour la 7800 coûtent une misère. Promis, je te laisserai gagner quelques parties. » Il joue nerveusement, pensif, avec un bracelet en fil vert sombre qu'il a autour du poignet, un signe purement de gêne pour Perceval. Et puis le fait qu'il soit autant bavard le trahit – il ne s'en rend pas compte car il reprend : « il faut aussi que tu me fasses penser à te rapporter la suite de Suits, je crois que tu aimes bien cette série. Et... et... » Il ne savait plus quoi dire. Il n'avait pas trop l'habitude de tenir une conversation aussi longtemps...