33 ans / 25 mars 1979, Eastbourne (UK) / Anglais
Détective privé / The Targets / Lee Pace

En fait, petit, il voulait surtout devenir magicien. Ou dompteur de tigres, dans le cas où sa crainte bien réelle que jamais des colombes ne sortent de son chapeau devait s'avérer justifiée. Il adorait aller au cirque et ne manquait jamais aucun épisode de l'émission de magie que présentait David Copperfield dans les années 80. Chaque soir, il s'entraînait consciencieusement avec son kit du petit magicien et chaque dimanche, il faisait découvrir un nouveau tour à ses parents. Du moins, à sa mère, car son père était un homme d'affaires occupé qui voyageait beaucoup et passait peu de temps à la maison. Pour Rory, ce n'était pas une si grande perte. Lorsque son père était là, il y avait souvent des hommes importants en costumes qui venaient lors des dîners et qui échangeait entre eux plein de mots compliqués tandis que le repas s'éternisait, et lorsqu'il voulait parler de sa journée ou sortir de table, sa mère pressait un doigt contre ses lèvres et lui faisait signe d'être patient. Souvent quand son père venait lui dire bonne nuit, son haleine empestait la bouteille de vin, de celles avec trois chiffres à côté du "£" sur l'étiquette du prix, et Rory détestait ça. Son père ne lui racontait pas d'histoires avant de dormir, son père n'aimait pas aller au cirque et surtout, son père ne prenait pas ses tours de magie au sérieux. Il lui disait que la magie n'existait pas, et que seul l'argent était capable de tout, ou presque, et qu'il s'en rendrait compte en grandissant, à condition qu'il se trouve une bonne situation.

Alors Rory n'était pas si malheureux quand il n'y avait que lui et sa mère. Elle sentait bon, elle avait une recette merveilleuse pour faire les meilleures tartes aux pommes du monde et elle s'extasiait toujours en applaudissant lorsqu'il parvenait à exécuter un tour de magie devant elle.

Sauf un soir. Il avait demandé à son père un foulard pour exécuter un certain tour de magie et celui-ci lui avait distraitement donné le premier qu'il avait trouvé, un beau foulard plein de couleurs, comme ceux des magiciens à la télé. Rory était tellement content qu'il avait même réussi à faire promettre son père d'être là le soir où il donnerait sa performance. Il s'était longuement entraîné jusqu'à ce que son tour soit parfait, il était certain que cette fois, même son père serait impressionné.

Mais cela ne s'était pas passé comme prévu. Au moment où le foulard était sorti de son chapeau, pourtant vide encore quelques secondes plus tôt, sa mère avait froncé les sourcils en murmurant : "Je reconnais ce foulard..." La suite, Rory ne l'avait pas très bien comprise. Il y avait eu une dispute, de grands cris, et sa mère l'avait poussé à se coucher alors qu'il n'était encore que 21h, et qu'on était samedi, ce qui signifiait qu'il n'y avait pas école le lendemain, et d'habitude il ne se couchait pas si tôt, mais son mascara avait coulé, et il n'avait rien dit. Après ça, pendant de longues, longues minutes, il était resté sans bouger sous les couvertures de son lit tandis qu'il écoutait avec inquiétude grandissante les cris de ses parents, quelque chose à propos d'une collègue à qui le foulard qu'il avait utilisé appartenait et d'un voyage en France qui n'avait pas eu lieu... Rory ne comprenait pas pourquoi sa mère était si bouleversée, il se dit que si c'était à cause du foulard, il pouvait lui en offrir un lorsqu'il aurait les sous, mais lorsqu'il en parla à sa mère quelques jours plus tard, elle lui fit comprendre qu'elle ne voulait plus jamais entendre parler de foulards.

Après ça, il ne revit pas son père. Il y eut de longues journées ennuyeuses, où sa mère devait "voir son avocat" pour signer "des papiers", pleins de coups de téléphone ennuyeux, et puis, plus rien. Ils étaient seuls. Rory décida que les tours de magie devaient rendre les gens heureux, pas tristes comme sa mère l'était, et il rangea son kit au fond de son armoire et ne regarda plus jamais l'émission de Mr Copperfield.



Lorsqu'il entra à la fac, il quitta les plages d'Eastbourne pour la grisaille de Londres, intégrant ainsi une importante université de la capitale. Il ne savait pas encore vraiment quoi faire de sa vie, mais c'était un élève sérieux et très doué, et on lui prédisait un grand avenir. Il espérait en vérité travailler au Yard, rêvant de coffrer d'effroyables criminels, non pas après de longues courses-poursuites haletantes dans les rues de Londres (il détestait le sport), mais en faisant des études de médecine et en travaillant comme médecin légiste. Mais son espoir fut rapidement anéanti. Non pas qu'il fut incapable de passer les divers tests d'intégration, non, il n'eut pas besoin d'aller jusque là. Il lui suffit de perdre conscience lorsqu'il entra pour la première fois dans une salle d'autopsie.

Après cela, il décida de choisir une route plus humble, mais comme son intérêt pour les enquêtes n'avait pas décru et qu'il souhaitait être son propre chef, il travailla brièvement dans une agence puis, dès qu'il en eût l'occasion, il ouvrit son propre cabinet et décida de s'installer comme détective privé en prenant soin de distribuer son adresse dans les petites annonces des journaux locaux.
Oui, oui, ce type même que vous engagez pour vous assurer que votre époux est fidèle ou pour fouiller dans vos histoires de famille et en ressortir de vieux dossiers que tout le monde aurait préféré oublier. Celui-là même. Et pas que, d'ailleurs. Il avait été contacté pour enquêter sur des affaires assez cocasses. Un chat disparu. Un faux Van Gogh. Une tarte au potiron volée. Le plus souvent, ses affaires se résolvaient d'elles-mêmes. Mais malgré tout, comme il était souriant et sympathique, les femmes aux foyer et autres grand-mères édentées aimaient bien l'inviter à boire le thé et lui donner un petit supplément.

Ce n'est pas toujours follement excitant, mais il ne s'en plaint pas. La vérité, c'est qu'il préfère quand cela se passe ainsi. Ce n'est pas qu'il n'aime pas son travail, au contraire, et il est plutôt bon lorsqu'il s'agit d'enquêter. Il faut dire qu'il ne lésine pas sur les moyens et qu'il aime tout particulièrement se déguiser. Il s'est même créé certains personnages pour mieux enquêter sans être repéré. Alors il se considère plutôt chanceux...



...Mais quatre fois sur cinq, il s'agit de cas d'adultères, et lorsque pour la première fois il lui a fallu remettre une enveloppe avec des preuves compromettantes, il s'en est avéré incapable. Il connaissait trop le désespoir que sa mère avait ressenti en comprenant que son mari la trompait et ne supportait pas l'idée de faire traverser cela à quelqu'un. Ce jour là, il avait menti, brûlé le copies des photos prises, et décidé de parler au mari et de lui faire entendre raison. Du moins, c'est sa version des faits, mais pour être tout à fait honnête, il s'était simplement montré très lâche et avait été pris en flagrant délit par le mari de la femme alors qu'il quittait sa maison d'un air dépité. Le mari l'avait aussitôt assailli en le traitant de tous les noms, le soupçonnant clairement d'être l'amant de sa femme, et Rory avait dû tout expliquer en lui montrant les photos. Ce soir là, il avait fait la promesse au mari de détruire à jamais ces photos et toutes leurs copies s'il faisait le serment d'être fidèle, ou s'il ne pouvait l'être, de renoncer à son mariage proprement. Evidemment, il n'avait pas vraiment de moyens de vérifier que l'homme tiendrait sa parole (enfin si, mais ça s'appelait du harcèlement, et c'était généralement mal perçu par la loi), mais ce dernier n'avait quant à lui aucun moyen de vérifier que Rory avait bien détruit toutes les photos et l'un dans l'autre, il sembla que c'était un marché acceptable, et le mari accepta. Il fit promettre à sa femme de le rappeler si elle soupçonnait à nouveau quelque chose (il était prêt à investiguer gratuitement, lui avait-il assuré), mais heureusement, la seule fois où elle le recontacta, ce fut lorsqu'elle lui envoya un faire-part de naissance accompagnés de remerciements, quatre ans plus tard.

Depuis... et bien, il continue. Il fait de son mieux pour réunir des couples déchirés, et pour ça il ne manque pas d'imagination (il existe certaines preuves dont nous ne parlerons pas...) et quand il n'y arrive pas, il apporte une tarte aux pommes à son ou sa cliente et les laisse pleurer contre son épaule pendant plusieurs heures sans charger de frais. Au fond, il a parfois l'impression qu'il travaille plus pour une agence matrimoniale qu'un cabinet de détectives, mais tant qu'il arrive à apporter un peu de paix dans le monde, il s'estime heureux. Quant à lui ? Il vit seul. Ce n'est pas facile tous les jours, surtout quand sa mère l'appelle et lui pose la question qu'elle ne manque jamais de poser : "Est-ce que tu as enfin trouvé quelqu'un pour tenir un peu cet appartement en ordre ?", mais il essaie de ne pas trop y penser.

Il faut dire qu'il mène une vie assez haute en couleurs et que trouver quelqu'un pour comprendre ça, ce n'est pas forcément facile. Encore la semaine dernière, il s'est retrouvé dans une drôle d'histoire à cause d'un déguisement et d'un gros malentendu qui lui a valu d'être pris pour un prêtre pédophile et lui a valu un fort heureusement court séjour en prison. Il est comme ça, il a tendance à s'attirer des ennuis complètement abracadabrantesques. En général, il s'en sort plutôt bien et ne manque jamais de remercier sa bonne étoile, mais en tout cas, il ne s'ennuie pas.




+ FONDAMENTALEMENT, TU ES PLUTÔT GENTIL OU MÉCHANT ? ... gentil, je suppose ? Ce n'est pas une question piège, hein ? J'essaie d'aider les gens, alors je pense que ça fait plutôt de moi un gentil, mais j'ai du mal à penser en des termes aussi manichéens pour être honnête.
+ ES-TU HEUREUX DANS TON MÉTIER ? Je n'ai pas à me plaindre, j'aime ce que je fais et neuf fois sur dix, on me le rend bien. Le reste du temps... et bien disons que je me concentre sur les neuf plutôt que sur les un, si vous voyez ce que je veux dire.
+ POURQUOI ES-TU UNE PERSONNE AGRÉABLE ? Je ne sais pas, est-ce que je suis une personne agréable ? Je suis en tout cas quelqu'un qui aime écouter les autres, je suis plutôt positif et je crois que j'ai de l'humour. Je m'attire assez naturellement la sympathie des gens, sans rien faire pour. C'est peut-être parce que je suis quelqu'un de simple, je suppose qu'ils aiment mon côté authentique.
+ ET QUELS SONT TES POINTS FAIBLES ? Je crois que je suis trop naïf, j'ai tendance à penser que tous les gens ont un bon fond et ils s'en servent parfois pour me manipuler. Peut-être que certains définiraient ça comme un manque de caractère, je ne sais pas. Je peux être assez émotif, aussi. Je suppose qu'en fait, je manque de ce qui fait qu'un homme est viril aux yeux des gens. L'assurance, le caractère, le fait d'être plus dans la raison que dans l'émotion. Cela dit, ça ne me travaille pas vraiment.
+ PLUTÔT OPTIMISTE OU PESSIMISTE ? Je suis assez optimiste, je vois du bon dans toute situation.
+ TON OBJET FÉTICHE ? Mon rouleau à pâtisserie ? J'ai rien d'autre qui me vient à l'esprit là, désolé.
+ PARLE MOI DE TES PENCHANTS AMOUREUX ET DE TA SITUATION ACTUELLE ? Ah, hum. C'est un peu délicat comme question, non ? Je dirais que quand j'aime, j'aime, peu importe le sexe, l'âge ou la couleur de peau, mais là, j'en dis peut-être trop. J'ai connu une amourette à l'université, je ne vois pas comment appeler ça autrement. Ce n'est pas allé très loin, j'étais fou d'elle mais elle était assez insouciante, et je crois qu'elle ne m'a jamais vraiment pris au sérieux. Depuis... plus rien. Enfin, il y a bien eu cette femme trompée désespérée qui a pensé noyer son chagrin dans mes bras, mais j'ai tout de même assez de fierté pour refuser d'être un lot de consolation. Donc, plus rien. Oui je sais, ne m'obligez pas à révéler mon âge. Mais je n'aime pas forcer les choses. Je suis peut-être un peu de la vieille école, mais à force de me mêler à toutes ces histoires d'adultère, je prends tout ça très au sérieux, les aventures d'une nuit ne me font pas rêver. Comme je l'ai dit, rien ne presse.
+ ET TON PLUS GRAND RÊVE ? Je ne sais pas, je ne suis pas quelqu'un de très ambitieux. J'ai un métier, un appartement sympathique, un superbe labrador et une santé de fer, je peux difficilement me plaindre, je pense. Cela dit, j'espère faire un jour le tour du monde en caravane. Et puis probable que lorsque je me ferais plus vieux, j'irais vivre tranquillement dans une ferme, quelque part loin de la capitale. Mais je n'en suis pas encore là.
+ ES-TU UN BON CITOYEN DE LONDRES ? Cela dépend de ce que vous appelez bon... mais je suppose que oui. J'ai sorti le drapeau lors du Jubilee de la reine, je vote chaque fois qu'il le faut, je paie mes impôts, je renouvelle mon Oyster Card chaque mois, je n'ai jamais quitté le pays, et je voue un culte à Shakespeare, je pense que c'est un bon départ. En revanche, ne dites à personne que je préfère le café au thé.
+ QUEL A ÉTÉ TON CHOIX DE VIE LE PLUS RÉUSSI ? Etre parti à Londres, avoir ouvert mon propre cabinet. D'accord, ce ne sont peut-être pas des grandes réussites, mais je vous l'ai dit, je ne suis pas quelqu'un de très ambitieux, et ma vie me convient telle qu'elle est.
+ ET TA PLUS GROSSE DÉFAITE ? La séparation de mes parents. J'ai toujours un peu l'impression que tout cela est de ma faute et qu'ils seraient encore ensemble s'il n'y avait pas eu ce malheureux incident, malgré ce que ma mère en pense. Mais je suppose que cela ne sert à rien de remuer le passé.
+ TA PIRE ADDICTION ? Le café. Je ne suis pas un homme de dépendances, qu'il s'agisse de tabac, d'alcool, d'adrénaline ou de sexe. Mais rien ne remplacera jamais l'odeur d'un bon café.

PRÉNOM/PSEUDO Serleena. ÂGE 24 ans. PRÉSENCE 7/7j. IL EST COMMENT NOTRE FORUM ? Seksy. (Y'a pleins de références partout que j'aime, et pas qu'aux James Bond, mais OMG les citations de V for Vendetta, Lord of the Rings, Fight Club, etc. ) MOT DE LA FIN Toute ressemblance et tout rapprochement avec un certain "piemaker" est complètement fortui... oh, wait.