Comment je m’appelle ? Où je suis ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Il est quelle heure ? On est quel jour, mois, année ? Dylan ouvrit les yeux et battit des cils, ayant, comme à chaque réveil, complètement perdu le sens de la réalité. Plus ça revenait, plus sa situation et son identité était claire et plus elle avait envie de revenir en arrière quand elle se posait la question. Le réveil était toujours difficile, parce que ça voulait dire vivre une journée de plus, et la brune était fatiguée de sa vie. En tournant dans son grand lit, Stoker tendit le bras pour attraper celui du garçon à côté d’elle. En laissant tomber son bras, elle réalisa qu’il n’y avait personne. Elle grogna et attrapa la couette pour s’enrouler dedans. Anderson était déjà sorti du lit, il était peut-être même déjà parti à tous les coups. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, considérant le fait qu’elle n’était pas du genre à l’inviter à rester, même si elle en avait envie. Non, c’était plus l’inverse. S’il restait, tant mieux, et sinon, elle le virait comme si de rien n’était, retrouvant son lit tout froid peu après. Incapable la plupart du temps de lui dire qu’il pouvait rester une soirée de plus. Quoiqu’il en soit, Dylan était encore toute seule dans son lit. Elle soupira, s’accordant quelques secondes de répit avant de sortir définitivement de son lit et arrêter de faire la larve plus longtemps. Elle ferma les yeux, espérant ne pas se rendormir. Il y avait du bruit à côté d’elle. Malgré elle, elle sourit. Si Anderson était resté et se baladait simplement dans la maison, elle serait contente. Elle avait envie d’un câlin, d’une clope et d’un coca. Anderson lui donnait la possibilité d’avoir un câlin, elle avait le reste toute seule comme une grande. Mais son coca serait meilleur si elle le buvait dans les bras du garçon. L’agent était un des êtres humains préférés de Dylan. Avec son père, deux trois amis privilégiés. Être le préféré de la brune n’était pas forcément une bonne chose, mais il fallait le prendre comme un compliment, étant donné qu’elle avait toujours choisi ses préférés très précisément et avec caution.

Comptant jusqu’à cinq, Thelma sortit du lit en lançant la couette. Elle attrapa la chemise d’Anderson qui trainait et l’enfila, appréciant le fait qu’elle tombe jusqu’à ses cuisses. C’était son meilleur pyjama. Et puis ça avait l’odeur du garçon. En croisant son regard dans la glace, Dylan roula des yeux. Elle s’exaspérait elle-même quand elle était comme ça. Tournant la tête vers le salon, elle aperçut son petit ami – ouh, c’était bizarre de dire ça – et s’approcha silencieusement dans le salon. Au moment où Anderson se tournait vers elle, Dylan disparut dans la cuisine. Pas comme si elle allait lui sauter dessus, non plus. Ouvrant le frigo avec un bâillement, elle attrapa la première cannette de coca qui passait, l’ouvrit, se reçut du coca en pleine face parce que la bouteille avait été secoué. Du coca dans l’œil, Dylan insulta la race et la mère de la bouteille en hurlant. Traversant le salon dans l’autre sens sans accorder un regard au garçon qui était toujours à la fenêtre, un air interloqué sur le visage, elle rentra dans la salle de bain, s’essuya une partie du visage et envoya valser la serviette dans la baignoire. La journée commençait bien. Buvant une gorgée de coca, elle s’approcha finalement de la fenêtre. Voyant que son paquet n’y était pas, elle tourna le dos au garçon. Elle essayait de l’ignorer le plus longtemps possible, c’était un petit jeu qu’elle trouvait très amusant. Elle regarda autour d’elle et repéra son paquet de clope un peu plus loin sur un meuble à côté de son ordinateur. En regardant encore plus, elle se rendit compte que le paquet de son copain était introuvable. Elle fit la moue, mais tira une cigarette de son propre paquet. Si elle piquait toujours des cigarettes au garçon, jamais elle n’en passait à personne. Ce n’était absolument pas juste, mais elle s’en fichait un peu. Beaucoup. Retrouvant son briquet sur une table, elle alluma sa clope et s’étira.

Anderson la fixait toujours. Dylan lui sourit et s’approcha, le regardant droit dans les yeux. Cette fois, elle n’allait pas l’ignorer. Parce qu’elle voulait vraiment un câlin. Elle déposa un baiser sur sa joue et s’assit sur le rebord en face de la fenêtre. « T’es encore là toi. Mais trouve-toi une maison au lieu de stagner à ma fenêtre. Je peux te prêter une tente si tu veux. » Bonjour selon Dylan. La brune eut un petit soupir et se passa la main dans les cheveux. Elle jeta un coup d’œil en contrebas, dans la rue, et en voyant un couple passer, elle se décida. Thelma déposa sa cigarette sur le bord de la fenêtre et tendit les bras vers Andersen. Elle fit un petit pas en avant et se laissa tomber contre le torse du garçon. Elle sentit les bras de celui-ci l’entourer et fit un petit sourire. Il ne pouvait pas le voir, alors elle pouvait faire la niaise. Au bout de quelques secondes, elle releva la tête et déposa ses lèvres sur les siennes, puis se libéra de l’emprise de l’agent. « Je t’aime bien, mais j’aime encore plus ma clope et je peux pas la laisser se consumer toute seule. » Sur ces mots, elle l’attrapa et tira une longue latte. Dylan balança ses pieds dans le vide, et se posa tout au bord de la fenêtre. C’était son petit rituel. C’était plus ou moins dangereux de revenir dans le salon après, surtout qu’elle manquait de glisser à chaque fois parce qu’elle n’était pas particulièrement sportive. Mais le danger, c’est bien. Fronçant les sourcils, la brune se tourna vers son amoureux. « J’ai à manger dans le placard ? Ou je vais devoir descendre pour acheter le premier truc qui passe ? » La triste réalité de la vie de Dylan. Beaucoup plus de gens savaient si elle avait à manger ou ce qu’il y avait dans ses placards qu’elle, tellement elle y faisait peu attention. Son appartement était un bordel sans nom. C’était propre, mais catastrophique au niveau de l’organisation. On trouvait de tout partout. Et elle ne faisait les courses que quand c’était désespéré et qu’elle n’avait plus rien à grignoter ou que le coca ne suffisait plus à assouvir sa faim. La question était donc légitime, puisqu’Andersen mangeait plus qu’elle et n’hésitait que rarement à se servir.