Réveillé aux aurores par les miaulements du chat de ses voisins -qui accessoirement était à présent plus le sien qu'autre chose en vérité-, Arthemus s'étira de tout son long, cherchant à tâtons dans la pénombre sa montre pour regarder l'heure. Cinq heures quarante. Il poussa un léger soupir mais il savait d'ores et déjà qu'il ne se rendormirait plus alors autant se lever et aller mettre un peu de nourriture dans la gamelle du chat avant d'aller doucement se faire un bon café, histoire de commencer la journée en douceur. Le chat consentit donc à quitter son oreiller et à le suivre jusqu'à la cuisine, lui collant aux pattes tout en ronronnant ostensiblement et en lâchant un petit miaulement de contentement quand les croquettes tintèrent contre la paroi de sa gamelle. La belle vie que celle d'un chat pensa-t-il un instant. Ils dormaient presque toute la journée, se faisaient câliner, mangeaient de temps à autres pour à nouveau dormir ensuite, bref une vie de pacha -sans mauvais jeu de mots-. Une fois que le félin ne lui accorda plus la moindre attention, trop occupé à se remplir la panse, Arthemus sourit faiblement et alla se préparer son café. La nuit n'avait pas été longue, à croire que les insomnies de son compagnon avait finie peu à peu à déteindre sur lui. C'était peut-être le cas après tout, il savait Josué obnubilé par quelque chose dont il refusait de lui parler, pas étonnant alors quand on connaissait le faussaire de le voir donc lui aussi avoir un sommeil quelque peu dérangé en sachant que l'homme qu'il aimait allait mal. Mais il ne voulait pas parler de tout ça et Arthy savait bien que de forcer des aveux de sa part ne serait pas une bonne idée alors il laissait couler. Pour le moment en tout cas, car il finirait bien par l'avoir à l'usure. Enfin, il espérait en tout cas qu'il ne lui cachait rien de trop grave, du genre maladie grave ou quelque chose du même genre. Il n'osait même pas imaginer le pire à vrai dire même si ça restait une possibilité. Pas qu'il aime spécialement être pessimiste mais ainsi, il ne tomberait pas complétement des nues si jamais c'était le cas.

Une fois un petit déjeuner assez frugal d'avaler, il passa rapidement sous la douche avant d'aller se changer dans sa chambre, suivit à nouveau par le chat des voisins, qui miaulait à présent pour réclamer des câlins. Il lui grattouilla la tête quelques secondes avant de l'abandonner pour se vêtir, ce qui sembla vexer l'animal qui repartit comme il était venu, ce qui le fit sourire. Ce chat avait un comportement parfois tellement humain qu'il se demandait vraiment si un jour il ne finirait pas non plus par lui parler. Une fois qu'il en eut fini de divaguer de la sorte, il secoua la tête et attrapa ses vêtements pour les déposer sur son lit, commençant à s'habiller ayant encore largement le temps de prendre son temps, vu l'heure qu'il était encore. Il avait donc assez rapidement opté pour aller faire un tour dans Hyde Park avant de se rendre au boulot ce matin, savourant un bon thé et un scone sur le chemin, voilà pourquoi il n'avait pas mangé grand chose auparavant. Oui, notre jeune faussaire était un petit gourmand dans le fond mais que voulez-vous, son métabolisme était ainsi fait que même s'il se goinfrait de tous les trucs les plus gras et caloriques qui soient pendant une semaine, il ne prendrait pas plus que quelques centaines de grammes. C'était injuste mais de toute manière, il savait être gourmand à petite dose, ce genre de fringale ne lui venant pour ainsi dire jamais -sauf lorsqu'il oubliait de déjeuner et de diner sur quelques jours, quand le boulot l'exigeait par exemple-. Le temps passa donc relativement doucement ce matin mais il n'allait pas s'en plaindre, il profitait du calme de cette matinée où la moitié de Londres devait encore dormir avant de se rendre dans son bureau et d'entamer une nouvelle journée de boulot. Oh, ne vous y méprenez pas, Arthemus adorait son boulot, il avait à sa disposition ici tout ce dont il pouvait rêver en tant que faussaire. Des documents originaux qu'il pouvait consulter si besoin, du matériel de qualité supérieure et des ressources pour ainsi dire illimitées, mais parfois, il lui arrivait de s'ennuyer un peu quand il n'y avait pas vraiment de quoi bosser des heures durant sans s'arrêter. Mais en arrivant à son bureau aujourd'hui, il trouvait un mail qui acheva de lui rendre un peu plus d'entrain. On lui demandait de produire un certificat d'authenticité pour une séries de peintures censées avoir été volées il y a de ça deux décennies, jamais officiellement retrouvées mais qui serviraient d’appât pour un trafic d'objets d’œuvres d'art. Pile son rayon. La journée ne commencerait donc pas si mal que ça au final.

Ainsi, pour ne commettre aucune erreur en produisant le document demandé, il devait faire quelques petites recherches auparavant et devait donc se rendre au centre des documents du bâtiment, une véritable mine d'or si on savait quoi chercher et où le trouver car oui, avouons-le, les documentalistes ne faisaient pas toujours preuve d'une maniaquerie niveau classement et rangement mais il était rompu à faire des recherches là en bas et pouvait sans doute même à force y circuler les yeux fermés. Il avait fait tout d'abord un léger détour par le département Q où son meilleur ami travaillait mais ce dernier n'étant pas encore arrivé, il se rendit directement à sa destination, ne croisant pas grand monde sur son chemin, il faut dire qu'en général, la quasi majorité des employés de l'agence évitaient d'avoir à s'y rendre, précisément pour les raisons invoquées plus haut. Une fois sur place, il s'installa donc à une table, déposant son bloc note sur la table et commença alors à chercher ce qui l'intéressait. Après quelques petites minutes, il mit la main sur les documents dont il avait besoin et retourna s'installer à table pour travailler. Quelques instants par après, perdu dans sa lecture, il releva la tête un peu surpris quand une voix familière l'interpella. « Oh bonjour Elliot. Les dossiers du mois dernier ... Je dois avoir ça par ici, sauf peut-être les tous derniers qui doivent encore être sur mon bureau. » répondit le jeune homme à l'ex-agent double zéro. Les deux hommes se connaissaient en effet depuis déjà un moment. Elliot ayant été le premier contact physique qu'il eut avec le MI6, ce dernier ayant arrêté son père il y a de ça près de dix ans maintenant. Arthemus avait vu en son aîné son sauveur, celui qui mettait enfin un terme concret à son calvaire et depuis ils avaient établis une amitié forte et sincère, le faussaire ayant toujours eut le plus grand respect pour son aîné et voyant un peu sans doute en lui le père qu'il aurait espérer avoir. « Longue nuit ? » demanda alors Arthy à Elliot qui semblait avoir eut une nuit assez rude à en juger par les traits de son visage encore un peu tiré.

Arthemus n'était pas vraiment quelqu'un qui pouvait se définir selon ce proverbe. Non, pas du tout à vrai dire puisqu'il lui arrivait d'être bavard surtout si le sujet de conversation incluait les arts, sa passion pour les vieux films -et le cinéma en général-, la musique ou encore tout ce qu'il affectionnait. Il pouvait alors se transformer en un véritable moulin à parole mais restait actif et productif en même temps. C'était une chose qu'il savait faire, deux choses en même temps. Alors oui, il ne cadrait pas avec cette maxime même si bien sûr il était en général assez silencieux et du genre bosseur. Comme quoi oui, il était bien une exception à cet autre principe qui voulait qu'en théorie c'était ceux qui en parlaient le plus qui en faisaient le moins, car dans un cadre privé, il avait tendance à prendre ce dicton à contrepied. Mais bon, sa vie privée n'était pas le sujet du jour et il se doutait que comme bien des autres, Elliot se fichait bien de ce qui pouvait se passer dans sa vie amoureuse. Il aurait cependant était amusant de voir quelle aurait été sa réaction s'il avait appris pour les messages un peu spéciaux que s'envoyait sa moitié et l'ex-agent... Ce dernier l'avait sortir de sa réflexion quand il l'avait salué, lui demandant s'il pouvait lui fournir les documents qu'ils avaient pu fabriquer au cours du dernier mois, pour en faire l'inventaire, comme chaque mois à vrai dire. Le seul soucis, c'est que l'intégralité de ces derniers n'étaient pas encore ici, certains documents se trouvant encore dans son bureau. Mais avant d'ajouter quoi que ce soit, le jeune faussaire s'enquit de demander à son aîné s'il allait bien, de façon détournée certes en lui demandant si sa nuit avait été longue -ou courte-. Ça n'était pas pour être indiscret qu'il le lui demandait mais parce qu'il se souciait de lui, Elliot ayant été fut une période de sa vie ce qui c'était rapproché le plus de l'image d'un père pour lui après l'arrestation du sien.

Arthy ne fit aucun commentaire quant à la demande de l'ex-agent de lui trouver lesdits documents car lui était rompu à l'exercice, à force de venir ici assez souvent pour ses recherches. On aurait pu penser qu'une agence gouvernementale comme le MI-6 devait avoir un système de classement super évolué et des archives nettes et bien entretenues, mais la paperasse allant bien plus vite que les personnes en charge de les ranger, la pagaille régnait donc en maître par ici et il fallait souvent s'armer de patience pour trouver son bonheur. Un jour sûrement, il finirait par essayer de mettre de l'ordre ici, mais puisque ça n'était pas son attribution -il ne savait même pas s'il avait le droit de s'autoriser une telle initiative-, il se contentait de faire avec, voilà tout. « Je vais te trouver ça, si ça peut juste attendre encore deux petites minutes que je finisses ça. » répondit-il à Elliot, notant une référence sur le bord de son bloc, histoire de ne pas perdre sa page en cas où. Méthodique notre petit faussaire, pour ne pas dire maniaque de ce côté là... La réponse qu'apporta finalement l'ex-agent à sa question le fit grimacé de compassion. Lui aussi avait déjà eut le droit à ce genre d'appel par le passé. Besoin d'un nouveau passeport en urgence pour un agent qu'on ne pouvait pas extraire mais qu'il fallait aider malgré tout. Heureusement pour lui, peu d'heures de sommeil lui étaient nécessaires pour recharger les batteries, sans doute l'habitude des nuits blanches à répétition à la fac, allez savoir... « Vraiment désolé pour toi dans ce cas. » et on devinait aisément à son air et à sa voix qu'il l'était pour lui. Arthemus sympathisait toujours avec la peine de ses proches. Un défaut comme une qualité, tout dépendait de la personne et de quoi il était question bien sûr. Et du problème rencontré par cette dernière.

Il s'apprêtait à aller chercher les documents demandés par Elliot dans les méandres des archives quand ce dernier sembla alors s'intéresser à son nouveau projet. Arthemus sourit doucement presque aussitôt. Enfin quelqu'un -outre Percy et encore- qui montrait un peu d'intérêt pour son travail. « Oh c'est une recherche que je fais en vue d'établir un faux certificat d'authenticité pour une série de tableaux censés avoir disparus et qui vont servir d'appât pour un trafic d’œuvres d'arts. J'étudie les tableaux en question et tout ce qui a pu être dit de l'affaire afin d'être sûr de ne rien laisser au hasard avant de faire le certificat. C'est un peu long comme processus parce qu'il faut être sûr que les tableaux seront reproduits comme il faut et tout ça mais bon, j'aime le travail bien fait. » Oh ça oui, il mettait en effet toujours un point d'honneur à ce que les pièces qu'il réalisait soient aussi réussies que les vraies. Il faut dire qu'il avait tout le matériel nécessaire à sa disposition pour le faire et si par hasard quelque chose lui faisait défaut, une petite requête bien placée et hop, il obtenait ce qui lui manquait. Son apparente intelligence ne lui venait que du fait d'être totalement passionné par ce qu'il faisait. Modeste notre petit faussaire de génie, car il est vrai qu'il aurait pu faire de grande choses s'il l'avait voulu mais sa place au sein du MI-6 le comblait et puis partir maintenant que Josué était lui aussi rattaché à l'agence, ça serait un peu bête. « Mais ça ne doit sûrement pas être passionnant pour toi, non ? Bien trop pointu et dénué d'intérêt. » Son aîné admirait son érudition, bien, lui en revanche admirait la vie qu'il avait du menée quand il était encore agent. Chacun donc enviait l'autre en un sens, pour des raisons différentes certes mais il semblait que l'être humain avait ce trait de caractère là en lui, celui de ne jamais parvenir à se satisfaire totalement de sa vie telle qu'elle était. L'herbe est toujours bien plus verte ailleurs ne dit-on pas...

Noyer son mal être dans l'alcool. Une chose presque commune de nos jours, habitude typiquement humaine depuis déjà bien des décennies pour ne pas dire des siècles. Comme pour beaucoup de choses, l'homme semblait avoir cette capacité de se détruire tout seul parfois avec ses propres inventions afin de lutter contre ses propres démons. Alcool ou drogues en tous genres bien sûr. Ou comme le disait si bien de Musset, peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Fut un temps dans sa vie, Arthemus aurait pu sombrer lui aussi car après tout, nous avons tous en nous cette part d'ombre, l'être humain était ainsi fait. Mais il ne tenait son salut qu'à une seule chose à vrai dire. Ou plutôt à une seule personne. Sa soeur. Sans elle, il aurait pu céder au chant de cette sirène là, de se contenter de cette état de semi-conscience procuré par les vapeurs de l'alcool ou d'une autre substance aux mêmes effets. Mais il fallait qu'il tienne pour elle. Qu'il la protège et il ne pouvait le faire en cet état. Mais il ne jugeait personne pour autant. Loin de là puisqu'on pouvait aussi aisément l'attaquer sur son addiction à la nicotine à ce point là. Qui à la longue pouvait tout aussi potentiellement l'envoyer six pieds sous terre que s'il buvait quelques verres de trop par jour. Juger sans savoir. Une chose qu'il abhorrait parce que lui-même en était la première victime, dès que quelqu'un apprenait comment il était entré au MI-6. Criminel un jour, criminel toujours ? Certes, personnes ne changeaient jamais, même lorsqu'on leur offrait une chance de prendre pour une fois la "bonne" décision mais notre faussaire ne faisait assurément pas partie de ces personnes là. Certes parfois il regrettait peut-être -et j'insiste sur le peut-être- que sa seconde chance se soit fait au détriment de son père mais il savait au fond que la décision qu'il avait alors prise était la bonne. Ce n'était définitivement pas à lui de payer pour les erreurs de son paternel. Et il n'était pas le seul à l'avoir pensé puisqu'on lui avait fait suffisamment confiance pour lui offrir un poste comme le sien par la suite malgré ce qui avait pu se passé. Alors oui, Arthemus ne jugerait personne sans savoir, ça serait de la mauvaise foi pure et dure dans le cas contraire, s'il attendait à ce qu'on fasse preuve de clémence envers lui alors qu'il se permettait de se porter juge et jury de l'autre part. Même s'il restait perfectible, comme n'importe qui et que parfois tout de même, les apparences n'étaient pas si trompeuses que ça chez certaines personnes. M'enfin...

Arthemus se doutait donc que l'ancien agent de terrain n'était pas au top de sa forme présentement mais ce n'était pas tant le fait de savoir pourquoi qui l'intéressait mais plutôt le fait qu'il se souciait de sa santé. Comprenez bien qu'il avait toujours eut tendance à s'en faire bien plus pour les autres -et surtout ses proches- que pour lui-même. Ce qui ne changerait sans doute jamais et cela se vérifiait aisément avec Elliot mais surtout avec son compagnon qui en ce moment n'était pas bien et il se désespérait de ne rien pouvoir faire pour l'aider. Mais bon, de ça, il ne pouvait hélas pas en parler avec celui qu'il considérait peut-être un peu comme un père de substitution depuis le temps. Peut-être était-ce là aussi la raison pour laquelle le faussaire n'aimait guère voir Elliot dans un tel état. Mais passons. Il était bien assez grand pour s'occuper de lui et s'il avait besoin d'aide, Arthy espérait simplement que son ami n'hésiterait pas à venir le voir si jamais c'était le cas. Mais là encore, bien souvent, c'était humain d'avoir trop de fierté pour venir demander un coup de main, plus encore lorsqu'on a eut une vie comme celle de l'ex-agent où bien souvent sa survie ne dépendait que de sa propre personne. Le jeune Eckhart fut agréablement surpris de voir une petite lueur d'intérêt poindre de la part de son ami concernant son travail. Ce n'était certes et de loin pas la chose la plus passionnante qui soit au sein du MI-6 en comparaison bien entendu avec toutes les prouesses technologiques du département Q de l'agence mais bon, il s'était fait à cette idée bien vite. Lui trainait le plus souvent le nez dans des bouquins ou coller à son écran pour trouver ce qu'il lui fallait mais son travail restait néanmoins tout aussi nécessaire que tous les gadgets qu'on donnait aux agents. Car il y avait une raison à sa présence ici, il était doué pour ce qu'il faisait -pour ne pas dire l'un des meilleurs, modestie mise à part- et son travail certes ne sauvait peut-être pas des vies comme un gilet par balles dernier cri mais il comptait, car sans lui parfois, certaines couvertures se seraient révélées vaines et démasquées bien trop vite. Mais là encore, le plaisir qu'il prenait ne résidait pas dans la gloire du succès mais dans le fait d'être payé pour faire ce qu'il savait faire de mieux. « Non, je ne voulais pas dire que je te pensais simplement intéresser par ces choses là mais l'Histoire de l'Art a bien plus souvent le don d'ennuyer les gens que de les intéresser, voilà tout. » argua alors le jeune homme. Et il le pensait. Voilà aussi pourquoi il était le plus souvent dans un calme quasi total dans son bureau. Les gens avaient plus tendance à vouloir aller jeter un oeil du côté de la branche Q que chez lui, surtout que la plupart du temps, son antre comme il le disait, ressemblait plus à un champ de bataille avec toutes ces photos et autres livres qu'il avait besoin pour travailler qu'autre chose. Mais il travaillait bien ainsi, il pouvait mettre de la musique s'il le voulait, s'octroyer une pause sans avoir à répondre à quelqu'un. Bref, comme il le disait toujours, il n'échangerait sa place contre rien au monde. Même s'il comprenait que d'autres trouvent du coup sa vie insipide et préfère s'offrir une vie plus agité sur le terrain. Il fallait bien de tout pour faire un monde, pas vrai ?

« C'est gentil à toi de vouloir m'aider mais ne te force pas, tu as déjà de quoi faire avec cet inventaire de toute manière. » Voilà un sujet plus léger mais tout aussi intéressant. La littérature était son autre grand dada. Il pouvait dévorer des pavés énormes en quelques jours seulement parfois. Un échappatoire acquis durant son enfance, son imagination ayant toujours été plus développée que la moyenne même à un jeune âge. « Je crois donc que de nous deux, tu es le plus à plaindre. » Personne n'aimait les inventaires, si ce n'est peut-être les bibliothécaires et encore, il émettait une certaine réserve là-dessus. « Je vais chercher les documents tout de suite et je t'apporterais les autres avant le déjeuner. » dit-il alors déposant son crayon sur son bloc-notes et se dirigeant vers l'endroit où il trouverait les documents demandés par Elliot. Un véritable dédales d'étagères et de rayonnages, on pourrait aisément s'y perdre pensa-t-il mais peut-être dans le fond était-ce fait exprès, histoire de rendre la tâche difficile à quiconque d'extérieur de mettre la main sur certains documents avec trop de facilité. Ou tout simplement et plus vraisemblablement, le classement n'était clairement pas une priorité pour l'agence. Il attrapa le classeur qui l'intéressait, assez épais et le rapporta à la table où l'attendait l'ex-agent, le déposant à ses côtés. « Et voilà pour toi. Il est épais mais il n'y a pas grand chose dedans, tu devrais vite en faire le tour. » En comparaison à certains autres mois, oui, le classeur était cette fois-ci relativement peu fournis, une chance. Mais ne se préoccupant déjà plus de ça, Arthemus vint s'asseoir aux côtés d'Elliot, jouant machinalement avec le crayon entre ses doigts, le dévisageant de biais. « Tu veux en parler ? » Le fort d'Arthemus, selon son compagnon, c'était de savoir écouter les autres. Il ne forçait en aucun cas Elliot à parler, mais parfois ces quelques mots pouvaient suffire à servir inciter à déballer ce qu'on avait sur le cœur. Et il devenait évident que quelque chose pesait sur les épaules de l'homme se tenant sur la chaise à côté de la sienne.